Armement.
Le Sarmat, nouvel ICBM russe
Jean-Paul Baquiast 08/05/2017
Nous
avons plusieurs fois rappelé que la meilleure façon
pour une puissance nucléaire d'éviter une
première frappe elle-même nucléaire
est de disposer d'une capacité de répartie
en seconde frappe (retaliatory strike ) capable de répondre
en toutes circonstances à l'agression initiale.
Pour cela, il faut que cette capacité
puisse ne pas être détruite par la première
frappe de l'attaquant. La solution généralement
pratiquée, notamment par la France, consiste à
embarquer les missiles en charge de cette répartie
sur des sous-marins difficilement détectables.
Encore faut-que ces missiles de seconde
frappe aient des performances suffisantes pour traverser
les barrières anti-missiles déployées
par l'attaquant. La Russie vient de présenter un
nouveau modèle de missile intercontinental (ICBM)
disposant de qualités supérieures à
celles de tous ses concurrents. Evidemment un tel missile
peut également procéder à de premières
frappes, mais il est hautement improbable que Vladimir Poutine
se livre un jour à cet exercice contre les Etats-Unis.
Il s'agit du Sarmat RS-28 dit aussi Satan
2 destiné à entrer en service en 2018. Les
performances annoncées le montrent supérieur
à tous ses concurrents, notamment américains.
Avec ce nouvel ICBM, la Russie devrait disposer de 10 à
15 années d'avance sur les Etats-Unis, avance non
rattrapable par ces derniers compte tenu du fait que la
Russie poursuivra dans les années à venir
le perfectionnement de ces engins et de l'électronique
associée.
Ce missile thermonucléaire est propulsé
par un moteur-fusée à ergols liquides Il a
été développé par le Bureau
d'étude Makeïev1 à partir de 2009 pour
remplacer l'actuel RS-20V Voyevoda Satan en sercice depuis
25 ans et dont les performances ont déjà beaucoup
inquiété le Pentagone. Sa grande capacité
de charge lui permet d'emporter jusqu'à dix têtes
de forte puissance ou quinze têtes de puissance moindre,
ou une combinaison de têtes nucléaires et de
contremesures conçues pour tromper les défenses
antimissiles. Sa portée sera d'environ 18.000 km.
C'est une réponse de l'armée russe au programme
Prompt Global Strike américain.
Une version sur rails sera également
proposée.
Le Sarmat disposera d'une version hypersonique
utilisable dans les conflits non nucléaires. Sur
ce dernier point, les Américains auraient également
beaucoup de retard.
Nous n'avons pas de données suffisantes
permettant de le comparer au missile français M 51