La remédiation
cognive par le piano: entretien avec Sylvie Stéphanidès
Propos recueillis par Christophe
Jacquemin 25/05/2017

Sylvie
Stéphanidès
Titulaire du C.A. (Certificat dAptitude
à lenseignement du piano), diplôme le
plus élevé pour enseigner dans les conservatoires,
Sylvie Stéphanidès est passionnée par
la pédagogie différenciée.
Après avoir enseigné le piano pendant près
de vingt-cinq ans au Conservatoire de Saint Nazaire, puis
à celui de la Roche-Sur-Yon et enfin au Conservatoire
national de région dAngers, elle a choisi depuis
quelques années de consacrer son enseignement aux
enfants précoces et aux enfants Dys.
Elle enseigne en parallèle le piano
à lUniversité permanente de Nantes et
y notamment lancé un cours original de Concert-Analyse.
"Le propos de ces séances et de présenter
deux visions complémentaires opposées dune
même uvre : celle dune musicologue (Danielle
Taitz) et celle de la pianiste-interprète."
Simultanément à sa carrière
denseignante, Sylvie Stéphanidès, concertiste,
se produit régulièrement.
En savoir plus :
http://www.sylviestephanides.com
http://www.pianoprecoce.com
Automates Intelligents (A.I) : Bonjour Sylvie Stéphanidès.
Tout dabord merci davoir bien voulu nous accorder
cet entretien malgré votre emploi du temps que je
sais chargé, la préparation de vos concerts.
Votre démarche la remédiation cognitive
par le piano auprès des enfants Dys - nous a paru
des plus intéressante pour nos lecteurs.
Vous avez abandonné les cours au Conservatoire pour
mieux dispenser votre art à certains enfants précoces
et surdoués qui présentent souvent des troubles
Dys.
Tout dabord, quappelle-t-on les troubles Dys
?
Sylvie Stéphanidès : Il
sagit de troubles du langage et de lapprentissage
(quon appelle aussi troubles Dys) : dyslexie, dyspraxie,
ainsi que certaines manifestations induites de ces troubles
comme la dyscalculie, la dysgraphie, la dysorthographie.
Les troubles de lattention, lhyperactivité
font aussi partie de cet ensemble. Ces troubles sont durables
et constituent une déficience, en particulier chez
lenfant pour ses accès à léducation.
Pour certains adultes, des troubles persistants constituent
un désavantage et nécessitent une prise en
charge adaptée.
A.I : Mais quel est le rapport entre
enfant précoce ou surdoué et troubles Dys?
Sylvie Stéphanidès :
le surdon, la précocité est un mode de fonctionnement
particulier qui, pour certains enfants, est un atout au
départ et pour dautres peut entraîner
certaines difficultés.
Jai pu men rendre compte lors de mes années
denseignement au Conservatoire. Jy ai croisé
énormément denfants précoces,
denfants surdoués. Pour certains, tout se passait
au mieux, mais pour dautres, étant donné
leur fonctionnement très particulier, je me suis
rendue compte que la structure « Conservatoire »
ne leur correspondait pas. Les enfants Dys ne vont pas pouvoir
rentrer dans le cadre et lenseignement proposé
parce que ces troubles les empêchent davancer,
alors quen parallèle, ils ont de grandes capacités.
Et ces enfants sont souvent mis alors à lécart.
Dans ma classe, javais énormément de
précoces «harmonieux» : tout allait très
bien pour eux, ils travaillaient beaucoup, progressaient
très vite dans la structure. Mais jai aussi
très rapidement pris conscience que certains enfants
étaient laissés de côté du fait
de leurs difficultés dapprentissage, qui obligent
à une pédagogie vraiment particulière.
A.I : Oui, doù le titre
de notre entretien «la remédiation cognitive
par le piano». Pouvez-vous nous expliquer ?
Sylvie Stéphanidès
: Au contact d'enfants Dys, j'ai très vite eu l'intuition
qu'il fallait trouver pour eux de nouvelles méthodes
pédagogiques. Certains troubles de l'apprentissage
révèlent des troubles de connexion cérébrale.
Au sein du cerveau, bien sûr toutes les zones sont
là, mais les connexions entre elles se font mal.
Ceci a d'ailleurs été prouvé aujourd'hui
par l'imagerie médicale - et de nombreuses recherches
sont faites actuellement en ce sens, notamment à
Marseille avec les gens avec lesquels j'ai de nombreux contacts,
qui montrent que l'apprentissage de la musique, et notamment
du piano, utilisent les connexions déficientes chez
les enfants qui ont des troubles de l'apprentissage et leur
fait ainsi faire des progrès dans tous les domaines
A.I : En parlait-on déjà
à lépoque ?
Sylvie Stéphanidès
: Non, enfin pas à ma connaissance. Je me sentais
vraiment seule en cette matière. Jai construit
et adapté ma pédagogie petit à petit,
en fonction de ce que je sentais, pressentais. Une pédagogie
quil fallait inventer, une pédagogie qui sadapte
vraiment à chaque enfant. Cela devrait être
dailleurs à mon sens, la pédagogie en
général : soccuper de cet enfant-là,
avec toutes ses spécificités, cet enfant qui
vient comme il est LUI. Utiliser ce que je remarque
chez LUI comme point fort (parce quils ont tous des
points très forts) et solliciter ce point fort avant
de commencer à vouloir lui inculquer ce qui pourrait
être une base normale dapprentissage dans une
pédagogie simple, logique, avec des enfants quon
pourrait qualifier de «standard». Et à
partir de ce moment-là, avec cette pédagogie,
le piano ne devient plus un but mais un outil.
CJ : Cette pédagogie sest
donc construite au cours des années ?
Sylvie Stéphanidès
: Oui, et j'ai pu prendre alors conscience que finalement,
je ne devais pas rester au Conservatoire car ici l'objectif
est très différent. Le Conservatoire n'est
pas la structure qu'il faut pour ces enfants "hors
norme". L'objectif au conservatoire, c'est d'accéder
aux plus hauts niveaux en musique, en s'appuyant sur une
certaine méthode. Et comme je vous l'ai expliqué,
elle ne correspond pas à ce type d'enfants. Enfants
desquels je me sentais proche, les comprenant, comprenant
aussi leur souffrance. J'ai d'ailleurs pu me rendre compte
que c'était mon hypersensibilité et mon intuition
musicale qui m'avaient fait choisir, tout au long de ma
carrière, ces enfants différents dans ma classe,
rien qu'en les entendant au piano lors des concours d'entrée
au Conservatoire par exemple. J'ai toujours été
immédiatement émue par leur sensibilité
souvent cachée derrière une fausse image d'assurance,
d'indifférence voire de rejet face à l'adulte.
En général, au Conservatoire,
les professeurs ne sont pas sur ce registre-là..
Les enfants "à problème" seront
mis de côté. Ils n'auront alors aucune chance
de pouvoir rejoindre les plus hauts niveaux, s'ils sont
passionnés par le piano.
CJ : Cest alors que vous avez
quitté le Conservatoire ?
Sylvie Stéphanidès :
Oui. Comme jobtenais de très bons résultats
avec ma propre méthode et depuis longtemps, jai
décidé de quitter le conservatoire pour devenir
enseignante "privée" afin de mettre absolument
ma compétence toute particulière au service
des enfants précoces, consciente du peu de réponses
apportées aux parents de ces enfants. Les aider à
grandir en musique avec leur piano, mais en préservant
cette singularité qui fait de chacun deux un
être tout à fait exceptionnel.
Donner aussi des bases qui, pour certains, pourraient aussi
leur permettre de réintégrer un peu plus tard
le conservatoire, dans un cursus.
Mon idée, cétait aussi
quils puissent commencer lapprentissage de la
musique plus tôt. Parce quau Conservatoire -
qui est un lieu magnifique, que je ne remets absolument
pas en question - on est confronté à des limites
: limites dâge, concours d'entrée, objectif
professionnels. Or certains enfants peuvent commencer le
piano à 5 ans, voire même 4 ans. Ces enfants,
qui sont curieux (cest notamment lune de leurs
spécificités) ont besoin de satisfaire plus
que la moyenne leur envie dapprendre en permanence.
Si on leur propose un apprentissage qui leur correspond,
avec leur spécificité - qui en général
est avant tout une hypersensibilité, un manque de
confiance en soi -, eh bien ils vont reprendre confiance
en eux et bien mieux avancer dans lapprentissage dun
mode dexpression quils garderont toute leur
vie.
Les enfants précoces dont je moccupe
nont pas tous des troubles de lapprentissage,
mais les élève Dys (précoces ou non)
qui utilisent ma méthode adaptée montrent
des progrès évidents dans tous les domaines
(scolaires, quotidien, confiance en soi, imagination, persévérance,
intégration sociale, motivations, gestion de son
temps, de lorganisation, concentration, esprit critique
).
A.I : Revenons à cette méthode.
Avez-vous pu créer des réseaux autour de ces
questions ?
Sylvie Stéphanidès :
Mon intuition a toujours été que lapprentissage
de la musique et du piano aide considérablement les
enfants dyslexiques. Un beau jour, fianelemnt il ny
a pas si longtemps, un peu plus de deux ans, jai interrogé
Google : «musique, piano, dyslexie». Et jai
été très étonnée dobtenir
le résultat «MéloDys, la musique à
laide des troubles des apprentissages»
Ainsi, tout ce que je ressentais et pressentais
dans mon enseignement depuis des années trouvait
sa justification scientifique. Il existait donc bien des
recherches sérieuses à ce sujet, par exemple
celles du neurologue Michel Habib, qui a investi ce domaine
avec sa pugnacité, son perfectionnisme et sa créativité.
Nul autour de moi dans les Conservatoires où jai
enseigné, dans les écoles où mes propres
enfants sont passés (ma fille a présenté
des troubles Dys) navait évoqué cette
piste. Je me suis sentie enfin moins seule.
Jai donc pris contact avec cette association
et jai constaté quelle proposait une
méthode (la méthode Mélodys® imaginée
par la pianiste pédagogue Alice Dormoy (Nice), en
étroite collaboration avec le Professeur Michel Habib
(Marseille) et lorthophoniste Céline Commeiras
(Aix en Provence).
Lassociation proposait une formation
: jy ai entraîné avec moi une collègue
et quelle ne fut pas ma surprise de découvrir que
nous nétions que trois professeurs de piano
sur la vingtaine de personnes inscrites, pour la plupart
des orthophonistes. Cette formation initiale proposait les
trois volets principaux des actions de cette association
: médical, orthophonique et musical, ce qui ma
convaincue de suivre ensuite la Formation Certifiante dirigée
par Alice Dormoy
A.I : Avez-vous découvert
avec cette formation des aspects que vous ne connaissiez
pas ?
Sylvie Stéphanidès :
Finalement, jai été confortée
dans mes intuitions, et dans le fait que javais su
adapter ma pédagogie dans le bon sens, que finalement
nous avions découvert un peu les mêmes choses.
Cette méthode ma apporté certains éléments,
mon problème étant alors de les intégrer
dans le cadre de purs cours de piano, avec toujours en point
de mire la remédiation cognitive des troubles dapprentissage.
Au-delà de la méthode proposée par
cette association, ma pédagogie sest affirmée
davantage dans sa rigueur et dans lapprofondissement
de mes propres concepts.
Et surtout, jai pu constater quil existait des
gens formidables qui poursuivaient les mêmes objectifs
que les miens. Grâce au professeur Habib et ses travaux,
jai pu avoir la confirmation de ce que javais
toujours senti et pressenti, à savoir la puissance
de lapprentissage du piano, de la musique, dans cette
remédiation cognitive des troubles dapprentissage
- aujourdhui objectivée scientifiquement.
A.I : A quels travaux pensez-vous par exemple
?
Sylvie Stéphanidès : Michel
Habib, qui exerce au CHU de Marseille(1) et avait déjà
posé des hypothèses dès les années
2000, a montré que lapprentissage de la musique
est capable de modifier profondément le fonctionnement
de zones particulières de la surface de notre cerveau
et la structure même des faisceaux de matière
blanche qui unissent entre elles ces différentes
zones. Or ces modifications savèrent, de façon
beaucoup plus prononcée quon ne le croyait,
bénéfiques pour le développement dautres
fonctions cérébrales telles que le langage,
la mémoire, lattention, et la structuration
spatiale et temporelle. Ces nouvelles données montrent
tout le champ dapplications pédagogiques, de
rééducation, en particulier pour les enfants
et adolescents qui souffrent de difficultés dapprentissage.
Lapprentissage du piano convoque la
remédiation cognitive : comme je vous lai déjà
expliqué, javais senti cela depuis déjà
bien des années, puisque je voyais dénormes
progrès auprès des enfants Dys que je suivais.
Maintenant, je sais que tout cela repose sur des bases scientifiques.
A.I : Pouvez-vous nous donner des
exemples de la manière dont vous adaptez votre pédagogie
en fonction de lenfant à qui vous enseignez
le piano ?
Sylvie Stéphanidès :
Ce serait un peu long à expliquer (il faudrait ici
des pages et des pages), mais disons que lapprentissage
va utiliser différentes techniques. Je nenseigne
pas de la même façon si je suis en face dun
enfant dysphasique (troubles du langage) avec troubles de
mémoire, dun enfant dysphasique et dyslexique
ou dun enfant présentant certains troubles
moteurs. Je ne peux demander la même chose à
chacun d'eux, consciente de leurs difficultés respectives,
je me dois de leur offrir des chemins différents
pour atteindre un même objectif.
Disons, pour faire court, que lenseignement
que je propose permet de prendre ce temps essentiel de comprendre
par exemple la lecture du texte et la perception rigoureuse
du rythme. Avec lutilisation des concepts et des outils
dont jai pu bénéficier pendant ma formation
certifiante "Melodys", qui mont permis daffiner
lanalyse de mes propres outils pédagogiques
au piano, il est possible de décomposer les séquences
et privilégier tour à tour lauditif,
le visuel, le moteur, le verbal, lexpression, et ainsi
les associer ensuite par deux, trois, jusquau jeu
final.
Au fur et à mesure de lavancement
de lapprentissage, de nouvelles séquences sajoutent
: dialogue avec deuxième piano par exemple (lenfant
est à un piano, moi à un autre), jeu sur le
tempo que lenfant donne, ou que je donne, de même
pour les nuances, association tempo/nuances, modification
de lémotion choisie
Avec les deux pianos,
un jeu de plus sinstalle. Et à partir du texte
maintenant bien dominé on peut de nouveau décomposer
aisément : verbal, auditif, visuel, kinesthésique
puis réassocier les éléments comme
un puzzle.
Cest un moment très important
pour lenfant car il est alors en situation de réussite
et de consolidation. La remédiation fonctionne.
A.I : Si je comprends bien, la méthode
permet de décomposer les éléments cognitifs
dapprentissage. Il "suffit" ensuite dorganiser
un assemblage progressif qui corresponde exactement à
lenfant que vous avez en face de vous, avec ses spécificités,
qui soutiendra la remédiation attendue ?
Sylvie Stéphanidès: Oui,
cest exactement cela. Et lapprentissage du piano
permet à lenfant de sapproprier un mode
dexpression et de réussir concrètement
une chose nouvelle qui lui appartient, une chose que dautres
enfants (non Dys) ne font pas. Car lenfant nest
pas comparé aux autres à la différence
du lieu scolaire.
A.I : Vous ne vous occupez que de
jeunes enfants ?
Sylvie Stéphanidès :Le
plus souvent, mais pas forcément. Je moccupe
par exemple d'une jeune autiste de 19 ans
et ici déployant
à chaque cours des stratégies toujours dans
linstant.
Jai aussi des élèves
dâge avancé pour certains (80 ans !)
et je constate que la musique permet de soutenir leurs capacités
cognitives.
Vous savez, cette pédagogie ne sapplique
pas quaux enfants Dys, et peut sappliquer à
tous. Dans mes cours, jai en permanence en arrière-plan
de la progression que jadopte, la décomposition
Auditif/Visuel/Moteur/Verbal. Je peux souvent mesurer, chez
un élève non Dys, la sur-efficience dans lun
ou lautre domaine et alors mon enseignement peut sorienter
avec plus de finesse. Et les progrès sont ainsi bien
plus rapides.
A.I : Une fois la remédiation
ayant porté ses fruits, que deviennent vos élèves?
Continuez-vous avec eux lapprentissage du piano pour
aller au plus haut niveau ?
Sylvie Stéphanidès : La remédiation
nest malheureusement jamais terminée
La réussite au piano leur redonne une confiance en
eux et dans leur capacité dapprendre, de mener
des projets jusquau bout, de réussir des études
et une vie professionnelle malgré les difficultés
dues au trouble Dys avec lequel ils vont devoir vivre en
sen accommodant plus ou moins en fonction de la sévérité
de ce trouble.
A.I : Vous avez aussi dautres
activités
Sylvie Stéphanidès :
Oui, jenseigne également à des adultes
à luniversité permanente de Nantes.
Jy ai aussi lancé, avec une collègue,
un cours original de Concert-Analyse. Le propos est ici
de présenter deux visions complémentaires
opposées dune même uvre : celle
dune musicologue (Danielle Taitz) et celle de la pianiste-interprète.
A.I : Vous donnez aussi des concerts
Sylvie Stéphanidès
: Lorsque je travaillais au conservatoire, jai très
souvent joué en musique de chambre. Et vous savez,
entre tous les cours au conservatoire, ma vie professionnelle
et ma vie familiale, le temps et l'énergie nécessaires
à la préparation de récitals m'ont
manqués. Depuis plus de deux ans, jai repris
les concerts, et cette fois en soliste. Je joue par exemple
très souvent en Vendée, où jai
des attaches. Des concerts quelquefois privés, souvent
publics
Jen profite dailleurs pour vous
signaler cette très belle journée piano, dont
on peut dire que je suis un peu à lorigine,
qui se tiendra le 16 juillet prochain dans un endroit merveilleux
quest le Logis de Chaligny. Huits concerts à
11h, 14h, 16h et 18h permettant, outre de mécouter
(je jouerai Debussy, Fauré, Mozart, Bach Franck,
Granados, Chopin), dentendre aussi trois autres pianistes
de renom : Laurent Martin, Irakly Avaliani et Olivier Korber.
Et à lheure du repas, les auditeurs pourront
pique-niquer aussi dans les magnifiques jardins !!!
Vous trouverez tous les renseignements sur
le site du festival: http://www.lespianosdelete.fr
A.I : Dautres projets en vue
?
Syvlie Stéphanidès :
Oui, mais je les garde un peu secrets pour linstant..
En tous cas, ils ont un fort rapport avec la pédagogie
et le piano
A.I : Et vous Sylvie, quelle enfant
étiez-vous ? A quel âge avez-vous commencé
le piano ?
Sylvie Stéphanidès :
Enfant, javais besoin de bien plus que ce que japprenais
à lécole
Sauf que finalement,
je nai pas commencé le piano si tôt que
cela. Jai débuté autour de huit ans
avec la chance de rencontrer un professeur qui a cru en
moi et, je pense, a tout de suite compris quil fallait
me donner beaucoup, que cétait dans le fait
davoir beaucoup à faire que jallais avancer.
Le piano a été une évidence pour moi,
les musiciens, le conservatoire ont tout de suite été
mon monde, le monde où jétais bien et
a sous-tendu toute la personne que je suis devenue. La musique
est quelque chose pour moi dessentiel et de vital.
A.I : Je vous remercie
Note :
(1) Michel Habib enseigne aussi la neuropsychologie dans
plusieurs universités en France et outre-atlantique.
Il a notamment fondé la revue "Neuropsychologie".
Il serait fastidieux de signaler toutes
ses publications ici.
Voici lune des dernières (janvier 2016) : "Music
and Dyslexia: A New Musical Training Method to Improve Reading
and Related Disorders, Front Psychol. 2016 Jan 22;7:26.,
par M.Habib, C. Lardy, T Desiles, C. Commairas, J. Chobert,
M.Besson.
Létude teste ici l'efficacité
d'une méthode de formation cognitive-musicale spécialement
conçue (quils ont appelée CMT) et basée
sur les trois principes suivant:
- analogies du langage et de la musique : entraîner
les dyslexiques avec de la musique contribue à améliorer
les circuits cérébraux (processus communs
circuits cérébraux musique et processus linguistiques);
- les traits temporels et rythmés de la musique peuvent
exercer un effet positif sur les multiples dimensions du
«déficit temporel» caractéristique
de certains types de dyslexie;
- l'intégration intermodale, basée sur des
données convergentes sur une connectivité
dégradée entre certaines régions du
cerveau (entraînant la dyslexie et les troubles).
En fonction de ces principes, les chercheurs
ont développé une série dexercices
musicaux permettant de manier conjointement et simultanément
des systèmes sensoriels (visuels, auditifs, somatosensoriels)
et moteurs, avec un accent particulier mis sur la perception
rythmique en addition à un entraînement intensif
à la perception de différents signaux auditifs.
Deux études distinctes ont été réalisées
: l'une dans laquelle les enfants dyslexiques ont reçu
des exercices musicaux intensifs concentrés sur 18
h pendant 3 jours consécutifs, et l'autre dans lequel
les 18 h de formation musicale ont été répartis
sur 6 semaines. Les deux études ont montré
des améliorations significatives dans certaines variables,
linguistiques et non linguistiques.
La première a entraîné une amélioration
significative de la perception catégorielle et de
la perception auditive des composantes temporelles de la
parole. La deuxième étude a révélé
des améliorations supplémentaires dans l'attention
auditive, la conscience phonologique (fusion de syllabes),
les capacités de lecture et la répétition
de pseudo-mots. Fait important, la plupart des améliorations
ont persisté après une période de 6
semaines, sans aucun entraînement.
Ces résultats fournissent de nouveaux
arguments supplémentaires pour l'utilisation de la
musique dans le cadre d'une pratique systématique
thérapeutique et pédagogique pour les enfants
Voir abstract de l'article : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/26834689

Une des illustrations tirée
de larticle
Exercice sur la durée
syllabique : avant CMT, les personnes dyslexiques (en orange)
ont des réponses moins bonnes que les personnes témoins
(en bleu) pour les mots de formes standards, ou les mots
avec un allongement de lavant-dernière syllabe.
Après entraînement par notre méthode,
le niveau de performance des personnes dyslexiques était
plus élevé pour les deux types de mots avec
des améliorations plus fortes pour les mots allongés.
On pourra également lire cet ouvrage
: La constellation des Dys Bases neurologiques de
lapprentissage et de ses troubles, Michel Habib, Editions
de boeck Solal (2014), qui livre un panorama complet
et explicatif de l'ensemble des troubles Dys, ainsi que
des pistes thérapeutiques adaptées.