Sciences
politiques. La Finance n'est pas l'ennemie de Trump
.Jean-Paul Baquiast 05/02/2017
Donald Trump a signé le 3 février deux décrets
(executive directives) abolissant la plupart des réglementations
mises en place aux Etats-Unis visant à contrôler
les activités des banques et des courtiers après
la crise de 2008. Il s'en est pris particulièrement
au Dodd-Franck Act de 2010 (Dodd-Frank Wall Street Reform
and Consumer Protection Act) visant à protéger
les marchés et les consommateurs des spéculations
dangereuses des entreprises financières 1)
Il a par ailleurs déclaré vouloir annuler
une réglementation du Labor Department devant prendre
effet en avril et demandant aux banquiers et à leurs
conseillers de faire passer les intérêts des
clients avant les leurs. Il ne fallait pas trop attendre
de toutes ces bonnes intentions, mais avec Trump elles disparaissent
totalement du paysage réglementaire.
C'est sur le conseil d'un groupe
de travail présidé par le multimilliardaire
Stephen Schwarzman que ces décisions ont été
prises. Celui-ci est président du géant de
la finance Blackstone Group. Dans ce groupe de travail,
désormais promu en conseiller officiel de Trump,
l'on trouve Jamie Dimon, président de la JPMorgan
Chase, et Laurence Fink, chef de la firme d'investissement
BlackRock, tous deux également multimilliardaires.
Il faut rappeler que Dimon s'était vu imposer des
milliards de dollars d'amende à la suite des multiples
violations de la réglementation concernant les banques
dont s'était rendue coupable la Morgan Chase, considérée
comme principale responsable de la crise dite des subprimes
(mortgages). Cette crise avait ruiné des millions
d'américains travailleurs et épargnants des
classes moyennes, au vote desquels cependant Donald Trump
avait bruyamment fait appel.
Le jour suivant les décisions
concernant le Dodd-Franck Act, Wall Street a enregistré
une hausse de 186 point de l'indice Dow Jones, comblant
largement les baisses précédentes.
Parallèlement à
ses concessions à la finance, Trump avait les jours
précédents annulé les règlements
opposés à la construction du pipeline dit
Keystone and Dakota Access oil pipelines. Il a également
nommé à la tête de l'Environmental Protection
Agency des « amis » à lui opposés
aux réglementations visant à protéger
la santé et limiter les pollutions destructrices
du milieu naturel.
Rappelons que parmi les ministres
et conseillers de Trump se trouvent d'autres multimilliardaires
et multimillionnaires, notamment Wilbur Ross, Betsy DeVos,
Carl Icahn, Stephen Mnuchin, Rex Tillerson, Andrew Puzder,
Elaine Chao et Gary Cohn. Le cadre du présent article
ne permet pas de détailler leurs hauts faits dans
la finance et la spéculation.
En dépit des mesures
mises en place sous Barack Obama dans le cadre du Dodd-Frank
Act, les profits des banques n'ont cessé d'augmenter,
permettant aux 400 américains les plus riches de
voir leur fortune passer de $1.57 trillion à $2.4
trillion. On imagine ce qu'il en sera sous l'égide
de Donald Trump. La concentration des richesses aux mains
des 10% des plus riches et plus précisément
du 1% de ceux-ci, ne cessera d'augmenter. Comme ils ont
les moyens de décider de l'avenir de l'économie
mondiale, ce ne seront pas seulement les électeurs
de Trump qui en souffriront, mais chacun d'entre nous.
On s'étonne dans ces conditions de voir célébrer,
tant aux Etats-Unis qu'en Europe, Donald Trump comme un
héros de l'anti-système. A moins que tout
Wall Street soit devenue un temple de l'anti-système.
2)
Notes
1) https://en.wikipedia.org/wiki/Dodd%E2%80%93Frank_Wall_Street_Reform_and
_Consumer_Protection_Act
2) La France sous François
Hollande, lequel s'était déclaré "ennemi
de la finance", n'a pas été mieux servie.
Dès son élection, à la surprise générale
de ses électeurs , il s'est empressé de nommer
à son cabinet un certain Emmanuel Macron, banquier
d'affaire chez Rothschild § Cie.