Armements.
Le nouveau visage que prendra le combat naval.
Jean-Paul Baquiast
19/01/2017
Pendant plusieurs
années, les stratèges de l'US Navy ont considéré
comme des gadgets les robots autonomes susceptibles d'intervenir
dans la guerre maritime. Ceci qu'ils opèrent seuls
ou en essaim (swarm). Cette position est en train de changer
rapidement, ce qui entrainera vu la suprématie que
conserve l'US Navy sur toutes les marines de guerre.
L' Office of Naval Research (ONR) américain
est désormais convaincu de l 'importance que prendront
les engins de surface non pilotés par des humains,
ceci tant au plan offensif que défensif. Ces embarcations
autonomes sont désormais dites Unmanned Surface
Vehicles (USVs) ou Autonomous Surface Craft (ASCs).
Des démonstrations ont eu lieu récemment dans
l'estuaire de la Chesapeake Elles ont montré que
des robots à coque gonflable rigide, Rigid Hull
Inflatable Boats (RHIBs) se comportent très convenablement
lorsqu'ils agissent seuls, dans le cadre d'un programme
qui leur a été fixé. Mais ils sont
particulièrement efficaces quand ils opèrent
en groupe ou essaim cohérent. Dans ce cas, ils communiquent
entre eux par un réseau complexe d'échange
d'informations.
Ils utilisent pour ce faire un logiciel dit Control Architecture
for Robotic Agent Command and Sensing (CARACaS). Devant
des menaces simulées, ils ont réagi effectivement
de leur propre chef en meute. Ceci a rendu ces robots difficiles
à détruire, vu l'aide qu'ils s'apportent mutuellement.
A ce stade cependant, ils sont restés sous un certain
contrôle des humains, afin que leurs réactions
soient adaptées à la nature de la menace.
Mis il est prévu que ce contrôle s'allégera
progressivement, au fur et à mesure que les essaim
acquiéreront une intelligence collective.
Ceci ne fera pas nécessairement disparaître
l'efficacité des Groupes de porte-avions dont la
marine américaine est particulièrement bien
dotée. Ces porte-avions et leurs escortes disposeront
de nombreux moyens de défense adaptés à
cette nouvelle menace. Par ailleurs, des meutes sont difficilement
concevables actuellement dans le domaine de la guerre sous-marine,
compte tenu des difficultés de communication sous
l'eau qui demeurent.
Les performances des Autonomous Surface Craft relanceront
les débats concernant l'utilisation des robots militaires,
drones ou engins terrestres. Ceux-ci étaient jusqu'à
présent censés agir de « façon
éthique », mais leur utilisation par Obama
au Moyen Orient ont montré qu'ils entrainaient de
nombreux morts civiles. Ceci n'a pas peu contribué
au rejet de l'intervention militaire américaine,
tant en Afghanistan qu'en Irak et en Syrie.
L'US Navy n'a manifestement que peu à faire des scrupules
concernant l'usage des Lethal Autonomous Weapons Systems
(LAWS). Elle a déjà annoncé qu'elle
se préparait à les utiliser massivement compte
tenu de son incapacité actuelle à protéger
sans eux les intérêts américains dans
l'immensité des océans.
Les perspectives d'affrontement avec la Chine en mer de
Chine orientale et dans le Pacifique, qui sont de plus en
plus étudiées par Donald Trump, donneront
une particulière actualité à ces considérations.
On imagine que la Chine, déjà très
avancée dans le domaine de l'autonomie des engins,
notamment spatiaux, ne restera pas sans réponse.
Note
* Sur CARACaS, voir
http://www.navaldrones.com/CARACAS.html