Editorial.
Des membres du Parlement européen s'inquiètent
d'une possible agression par des robots
Jean-Paul Baquiast, Christophe Jacquemin 18/01/2017
L'information aurait pu paraître relever
de la plaisanterie. Bien d'autres dangers menacent les Européens.
Cependant elle est exacte. Un groupe de députés
européens, conduits par une certaine Mady Delvaux,
parlementaire socialiste du Luxembourg, vient d'adopter
une résolution demandant à Bruxelles de prévenir
les dérives de la robotisation et de définir
une nouvelle éthique en ce sens.
Le rapport, approuvé par I7 voix contre 2, propose
de garantir un statut légal aux robots, considérés
comme des personnes électroniques. Ceci leur conférera
des droits et obligations. Les robots autonomes les plus
sophistiqués devraient être considérés
comme responsables des dommages qu'ils causeront. Pour bien
faire, ils devraient être dotés d'une commande
de désactivation (kill switch) permettant aux humains
de s'en protéger rapidement en cas d'agressions.
Mady Delvaux d'autre part demande que la Commission européenne
se dote d'une agence spécialisée traitant
de ces questions.
Il faut saluer le sens de l'anticipation des parlementaires
européens. Contrairement à leurs collègues
français qui, on peut le supposer, ignorent tout
des avancées de l'intelligence artificielle, ils
veulent faire entrer dans la loi des précautions
que tous les informaticiens et roboticiens considèrent
désormais comme nécessaires, ceci dans l'immédiat
concernant le statut des « véhicules sans
conducteurs ».
On peut cependant peut-être regretter que les auteurs
de la résolution ne disent pas un mot des systèmes
artificiels souvent qualifiés d'algorithmes intelligents,
qui dans certains cas prennent en quelques fractions de
seconde des décisions très importantes. Ils
sont déjà à l'oeuvre dans certains
systèmes d'armes et envahiront rapidement le monde
numérique dont tous les humains sont désormais
captifs.
Ces robots d'un nouveau genre sont mis au point quotidiennement
par les Grands de l'Internet américains. Faudra-t-il
donc doter d'un « kill switch » Mark
Zuckerberg, patron de Facebook, qui a récemment proposé
d'investir 3 milliards de dollars dans une « initiative
philanthropique » destinée par exemple
à financer des recherches dans le domaine socio-médical.
Les Européens s'en sont réjouis,
espérant bénéficier d'une partie de
ces investissements. Qu'ils se préparent donc à
une recrudescence en ligne des bons conseils de médecins
numériques anonymes au service de la Big Pharma américaine.
Celle-ci par ailleurs finance abondamment les divers Mark
Zuckerberg.
Voir entre autres références
http://money.cnn.com/2017/01/12/technology/robot-law-killer-switch-taxes/
* Sur les robots militaires
autonomes, voir
http://www.spacewar.com/reports/Gangs_of_US_Navy_Killer_Boats_Will_Roam_the_Seas_999.html