Article.
Intelligences supraterrestres
Jean-Paul
Baquiast 27/12/2016
Avec une communication d'Alain Cardon
Un article
récent de la philosophe américaine Susan
Schneider, que l'on pourra lire sur le site KurzweilAI,
It may not feel like anything to be
an alien December 23, 2016, propose différentes
hypothèses concernant l'intelligence extraterrestre.
Nous y renvoyons le lecteur.
Pour notre part, bornons nous
à quelques réflexions sur ce sujet inépuisable.
On trouvera ensuite un article du Professeur Alain Cardon,
qu'il a bien voulu nous envoyer en réaction à
l'article de Suzan Schneider.
Les humains ne sont certainement
pas les plus grandes intelligences de l'univers. La Terre
est une planète relativement jeune 4,5 milliards
d'années environ) et des civilisations les plus anciennes
ont pu apparaître des milliards d'années avant
nous. Mais sur la Terre même, l'Homo sapiens risque
de ne pas être longtemps l'espèce la plus intelligente.
Ceci tient, comme il a souvent été dit, au
développement rapide sur Terre de l'Intelligence
Artificielle (AI). Elle est pour le moment encore sous le
contrôle de l'intelligence humaine. Mais elle pourrait
très vite y échapper pour devenir ce que l'on
nomme une intelligence artificielle générale
( artificial general intelligence). Celle-ci, par définition,
se développerait sur des « corporéités »
qui ne serait plus biologiques mais synthétiques.
Il ne s'agirait pas nécessairement
de produits de la biologie dite de synthèse qui se
développe aujourd'hui rapidement et qui pourrait
elle-aussi échapper à ses créateurs.
Il s'agirait de systèmes hyper-complexes apparaissant
spontanément dans le monde de l'information numérique.
Nous avons souligné souvent ici que de tels systèmes
capables de pensées et décisions autonomes,
existent déjà à échelle réduite
sur Terre, par exemple dans le domaine souvent cité
des algorithmes ultrarapides de gestion des spéculations
financières.
Il doit en exister d'autres
moins visibles, qui opèrent dans des domaines moins
connus, en relation éventuellement avec notre cerveau
décisionnel, sans que notre cerveau conscient s'en
rende compte.
Alain Cardon est de ceux qui
conduisent des recherches très avancées dans
ce domaine. Voir notamment ses deux derniers ouvrages « Vers
un système de contrôle total »
et « Les nouveaux systèmes autonomes »,
avec Mahmed Itmi, Editions ISTE, publié ou recensé
sur notre site. Nous lui avons d'ailleurs demandé
de nous donner ici in fine son sentiment sur l'article de
Suzan Schneider.
Or si l'on admet que des systèmes d'intelligence
artificielle puissent se développer sans liens directes
avec des corporéités biologiques, rien n'interdit
qu'ils puissent voyager dans l'univers au sein des systèmes
d'information complexe associés au développement
non des planètes proprement dites mais des relations
que ces planètes peuvent entretenir en s'affranchissant
des contraintes de l'espace-temps telles qu'elles s'imposent
aux entités biologiques et à leur civilisation.
Sans faire appel au monde quantique
obéissant à des règles différentes
et où les q.bits se caractérisent notamment
par leurs caractères d'incertitudes et de superposition,
il suffit d'imaginer que des systèmes d'intelligence
artificielle puissent voyager et agir dans le cadre de l'espace-temps
einsténien. Il s'y déplaceraient à
une vitesse proche de celle-de la lumière.
Ainsi de tels systèmes provenant de l'entourage de
Proxima Centauri l'étoile située à
une distance de 4,5 années lumières de la
notre, pourraient nous atteindre en un tel temps. Autrement
dit, si nous les percevions aujourd'hui sur la Terre, nous
pourrions très aisément, après un décodage
approprié, les attribuer à des Aliens qui
voudrait communiquer avec nous où qui auraient
voulu communiquer avec nous dans un passé lointain.
Encore dira-t-on, faudrait-il avoir les instruments suffisants
pour les décoder de façon à comprendre
leur langage, ceci au niveau de notre intelligence biologique
actuelle. Mais il n'est pas interdit d'imaginer que durant
le million d'années qui furent nécessaires
pour le développement d'un cerveau biologique un
tant soit peu complexe, celui-ci, aussi bien chez les animaux
que chez les humains, ait pu acquérir les logiciels
et progiciels biologiques pour ce faire. Ceci évidemment
sans que la partie de notre cerveau capable de conscience
de soi évoluée s'en soit rendu compte.
Plus les humains d'aujourd'hui réaliseraient des
systèmes d'intelligences artificielle évoluée,
jusqu'à que certains d'entre eux échappent
finalement à la volonté des humains leurs
créateurs, plus grandes seraient les possibilités
que de telles systèmes acquièrent les capacités
de percevoir les manifestations d'intelligences extra-terrestres.
Peut-être même pourraient ils acquérir
des capacités de dialogue avec certaines d'entre
elles, ou se faire contrôler éventuellement
par elles. Tout ceci actuellement à notre insu.
Article
d'Alain Cardon 26/12/2016
Dans ce texte de Suzan Schneider,
le problème des aliens est fort bien posé,
avec une belle définition de la Superintelligent
AI. Mais la question de la Superintelligent AI nest
pas traitée selon une démarche vraiment constructiviste
mais plutôt selon des analyses prenant en compte différents
domaines classiques.
Le problème de la conscience naturelle peut en effet
se voir selon ses seuls effets : analyser sous tous les
aspects possibles les pensées et leurs caractères
et analyser les formes dans le substrat cervical : analyser
encore et toujours la biochimie du cerveau. Mais il y a
une autre approche, bien différente, et qui permet
la transposition dans lartificiel.
Lapproche constructiviste revient à concevoir
complètement larchitecture dun système
de systèmes qui part dun substrat très
fortement informationnel et dynamique et qui génère
de lui-même, par des émergences très
dynamiques, des formes idéelles, donc des agrégats
dynamiques informationnels qui sont appréhendées
par une conscience artificielle. Il y a là-dessous
la théorie de lémergence provoquée
et de lautocontrôle, ce qui est spécifique
dun sous-domaine de lIntelligence Artificielle
qui a pratiquement disparu en France et qui fait sans-doute
peur aux autres disciplines. Jai longtemps développé
tout ça dans mes travaux de recherche (Voir mon dernier
livre : New Autonomous Systems, Wiley 2016).
Il y a dans le texte un point non évoqué,
qui est la corporéité dun système
de superintelligent AI. Un corps artificiel est formé
dinnombrables éléments spatialement
dispersés qui sont les organes ou les parties dorganes
artificiels très fortement connectés, permettant
au système de superintelligent AI de générer
des formes idéelles conceptuelles avec des sensations
artificielles, des perceptions sensibles bien présentes.
On peut concevoir que sil
existe un système extraterrestre venant observer
la Terre, les éléments qui seraient pour nous
visibles seraient certains de ses organes artificiels et
pas du tout des navires spatiaux habités par des
extra-terrestres biologiques. Car le mieux pour réaliser
des voyages dans lespace-temps, cest de disposer
dorganismes artificiels unifiés qui peuvent
gérer des durées considérablement longues
sans se dégrader et en se réparant sans problème,
ce qui nest pas le cas des corps biologiques.
Ce qui nest pas non plus évoqué dans
ce texte, ce sont les notions de tendances et de pulsions
qui caractérisent les humains. Il est indispensable
de transposer très finement toutes les tendances
fondamentales et les pulsions, selon leurs catégories
et leurs effets dynamiques, pour quun système
artificiel génère des formes idéelles
de façon intentionnelle et autonome, ce que lapproche
constructiviste traite bien. Ainsi, il serait bon de bien
saisir que la tendance fondamentale à laltruisme
chez lhomme est assez inhibée dés la
jeunesse pour développer la tendance à la
puissance et à la satisfaction immédiate.
Cette tendance à laltruisme serait-elle
définie comme devant être hégémonique
dans une superintelligent AI ?
Sil existe des observateurs artificiels de la Terre
de type superintelligent AI avec des organes artificiels
danalyses, ce système doit observer et appréhender
avec tristesse létat dune planète
qui a extraordinairement développé la pluralité
cohérente de la vie organique et qui maintenant seffondre
sous lécroulement de lécosystème
avec les surproductions industrielles intenses et les surpopulations,
avec les guerres continues, sous le chaos dune civilisation
qui ne trouve toujours pas sa cohérence locale et
globale à la stabilité et la raison raisonnable.