Article.
Mind wandering
Jean-Paul Baquiast 13/11/2016
Le concept de « mind wandering »
peut être traduit en français par celui d' « état
mental dans lequel l'esprit passe spontanément d'une
pensée à une autre ». On peut aussi
parler de processus spontané de pensée . Lorsque
l'on insiste sur le rôle de l'attention pour focaliser
la pensée sur un sujet donné, afin de permettre
par exemple la résolution d'un problème, ce
processus est considéré comme un handicap
à réprimer. Ainsi un éducateur dit-il
à un enfant confronté à un problème:
« ne rêve pas, concentre toi ».
Mais dans une approche plus positive, on
peut faire de cet état mental une des sources de
la pensée créative. Dans celle-ci, particulièrement
recherchée par les scientifiques, l'idée neuve
ne peut pas provenir de la contemplation de faits ou pensées
déjà connus. Les innovateurs cherchent au
contraire à laisser leur esprit errer autour de la
question, en espérant qu'une solution originale s'impose
spontanément. Certains disent même que ceci
se produit pendant leur sommeil, et qu'ils se réveillent
avec la solution en tête, sans comprendre exactement
comment elle leur est apparue.
Les rêves se produisant chez chacun
pendant le sommeil, y compris chez les animaux, découlent
d'un processus analogue. Le rêveur n'y contrôle
pas sa pensée. Dans la mesure où il se souvient
de ses rêves, il constate que ceux-ci ont consisté
en une suite d'images ou idées se succédant
à de brefs intervalles, et sans liens logiques nécessaires.
Pour les psychanalystes, le lien entre ces états
tient au fait qu'ils répondent à une pulsion
profonde inconsciente et durable. Mais ceci n'explique pas
la diversité des images ou pensées se succédant
rapidement dans l'esprit du rêveur.
Pour Kalina Christoff, Ph.D. professeure
de psychologie à l'université de Colombie
britannique, Canada, l'esprit (ou si l'on préfère
le cerveau) fonctionne habituellement sur un mode dit spontané.
On peut aussi dire qu'alors il opère « par
défaut ». Il y échappe aussi bien
aux contraintes automatiques réflexes qu'à
celles de la recherche délibérée d'un
certain objectif. Ce mode spontané est indispensable
non seulement au rêve, mais à la pensée
créatrice. Il intéresse de larges aires cérébrales,
mises en évidence par l'étude.
Les chercheurs ont montré que certains
troubles mentaux, notamment l'anxiété et la
dépression, résultent du fait que ceux-ci
empêchent le fonctionnement du cerveau sur le mode
spontané. Ce sont des contraintes, aussi bien inconscientes
que délibérées, qui obligent l'esprit
à se focaliser sur ce que l'on appelait jadis des
idées fixes. Pour essayer de porter remède
à ces troubles, il est important de comprendre de
quelle façon les cerveaux des patients peuvent dans
certains cas refuser le mode créatif et se laisser
dominer par le mode contraint. Pour cela, les chercheurs
ont procédé à des analyses par REM
(rayonnement électro-magnétiques) de cerveaux
de sujets en état soit de sommeil profond (dit aussi
REM, rapid eyes mouvements) ou de rêverie, soit de
pensée créative. Ils les ont comparé
aux zones correspondantes du cerveau de patients anxieux
ou déprimés (voir image)
Ces analyses n'ont pas dans l'immédiat
de conséquences en matière de thérapie
mentale. Cependant elles ouvrent une voie, notamment aux
psychologues, permettant de mieux comprendre les états
présentant un caractère pathologique , en
les rapprochant d'états normaux du cerveau.
En tous cas, les esprits rêveurs devraient
être encouragés par cette étude. Encore
faudrait-il qu'ils produisent quelque chose de consistant
de temps à autre.
Ajoutons pour notre part que les animaux,
tels le chat, sont, en rêve comme éveillés,
principalement soumis au mode de fonctionnement spontané
du cerveau. Ils n'arrivent pas à en tirer des idées
fixes à partir desquelles, par exemple, se construirait
un langage analogue au nôtre.
.
(Top) Brain regions
more active during REM sleep vs. during waking rest. (Bottom)
Brain regions more active during creative-idea generation
vs. during creative-idea valuation (credit: Kalina Christoff
et al./Nature Reviews Neuroscience)
Abstract
Most research on mind-wandering has characterized it as
a mental state with contents that are task unrelated or
stimulus independent. However, the dynamics of mind-wandering
how mental states change over time have remained
largely neglected. Here, we introduce a dynamic framework
for understanding mind-wandering and its relationship to
the recruitment of large-scale brain networks. We propose
that mind-wandering is best understood as a member of a
family of spontaneous-thought phenomena that also includes
creative thought and dreaming. This dynamic framework can
shed new light on mental disorders that are marked by alterations
in spontaneous thought, including depression, anxiety and
attention deficit hyperactivity disorder.
Référence
* Mind-wandering as spontaneous thought: a dynamic framework.
Nature Reviews Neuroscience, 2016; 17 (11): 718 DOI: 10.1038/nrn.2016.113
http://www.nature.com/nrn/journal/v17/n11/full/nrn.2016.113.html
* Sur le sommeil des chats
http://wamiz.com/chats/conseil/5-choses-a-savoir-sur-le-sommeil-des-chats-3059.html