Editorial.
Les civilisations sont-elles suicidaires ?
Mis à jour au 14/10. Comment les généraux
américains préparent leur guerre
Jean-Paul Baquiast , Christophe
Jacquemin,14/10/2016

Beaucoup d'observateurs s'inquiètent, y compris dans
la presse américaine non-alignée, des menaces
de plus en plus directes contre la Russie résultant
des nombreuses décisions américaines visant
à renforcer les dispositifs militaires encerclant
ce pays. Aujourd'hui, dans le cas du conflit autour d'Alep
en Syrie, la pression américaine s'est renforcée,
les Etats-Unis ayant refusé d'appliquer le précédent
accord sur le cessez le feu négocié avec la
Russie. La Russie de son côté s'est opposée
au Conseil de Sécurité le 08/10, à
une version présentée par le ministre français
des Affaires Etrangères, selon des modalités
illustrant la dépendance française à
l'égard de Washington.
Nous avons montré, dans
un article précédent publié ailleurs
1) ) que l'application de ce cessez le feu, tel qu'initialement
conçu par les Occidentaux, aurait abouti au renversement
de Bashar al Assad et à l'éviction de la Russie
de ses bases en Syrie. Depuis, Moscou a proposé une
solution bien plus prudente visant à permettre pendant
quelques jours aux groupes de « terroristes syriens
modérés » soutenus par d'évacuer
la zone. Mais Washington a rejeté cette perspective.
En conséquence de ces blocages, Vladimir
Poutine a décrété que la Russie suspendait
l'application de l'accord précédent négocié
avec les Etats-Unis et visant à limiter l'implémentation
des armes nucléaires utilisant le plutonium, ceci
parce que selon la partie russe, les Américains ne
s'acquittaient pas de leurs obligations en ce domaine. En
ce qui concerne de futurs conflits nucléaires, cette
suspension n'aura pratiquement pas de conséquences,
vu le nombre de têtes nucléaires dont disposent
déjà les deux pays, bien suffisant pour provoquer
la destruction de la civilisation mondiale.
Mais au delà de ce geste que l'on
peut considérer comme symbolique (sauf aux yeux des
industries du nucléaire qui en profiteront). Vladimir
Poutine a annoncé qu'en attendant une hypothétique
reprise des négociations concernant la Syrie, il
confirmait un certain nombre de mesures que l'on peut considérer
comme un ultimatum à l'égard de l'Amérique,
si celle-ci continue à ne pas reconnaitre le concept
de monde multipolaire et ne pas renoncer à son ambition
visant à rester l'hyper-puissance dominant un monde
monopolaire.
Ces mesures, que nous ne détaillerons
pas ici, visent à renforcer, tant en Russie que chez
ses alliés, les systèmes de défense
très sophistiqués, notamment anti-missiles,
dont la Russie s'est dotée. Ces systèmes sont,
comme nul n'en ignore, et de la même façon
que le sont leurs homologues américains, capables
de se transformer en armes offensives.
L'on s'est réjoui en Russie de cet
« ultimatum » de Poutine, montrant que celui-ci
sort enfin de sa prudence à l'égard de Washington,
s'étant jusqu'ici traduite par une grande timidité
diplomatique. Mais l'on peut avancer que les faucons de
guerre américains s'en sont réjouis également.
De nombreux groupes de pression, tant militaires que civils,
très influents sur le Congrès, expliquent
depuis quelques jours qu'une guerre nucléaire préventive
s'imposait désormais. Certains voudraient la voir
déclarer immédiatement, sans attendre les
élections présidentielles de novembre aux
issues incertaines.
Guerre nucléaire
mondiale
Les plus influents de ces groupes de pression
militaristes ne semblent pas s'inquiéter du fait,
indiscutable, que cette guerre préventive sera inévitablement
suivie d'une riposte nucléaire en seconde frappe
provenant des vecteurs, notamment sous-marins, dont dispose
la Russie pour intervenir, en cas d'atomisation de la mère-patrie.
On objectera que la guerre entre USA et
Russie pourrait se limiter aux moyens dits conventionnels.
Mais, comme nous l'avons précédemment montré,
les Américains ne s'engageront pas dans de tels affrontements
limités. Compte tenu des nouveaux armements russes,
ils feraient seulement jeu égal avec ces derniers
sur terre et dans les airs. De plus, ils sont trop éloignés
géographiquement du territoire russe, malgré
leurs multiples bases supposés encercler la Russie.
Ils devraient déployer des moyens terrestres importants
qu'ils n'ont pas sur place. Il n'y a que dans le domaine
maritime de surface où ils disposent d'une supériorité
incontestable. Mais les Russes et mêmes les Chinois
n'auraient pas besoin de les affronter sur ces théâtres.
La guerre deviendrait donc immédiatement
nucléaire, et pas seulement dans le domaine tactique.
Elle serait immédiatement intercontinentale, mettant
en jeu un grand nombre de missiles à tète
nucléaire. Même si les Américains, comme
ils le font entendre actuellement, procédaient d'emblée
à une première frappe, celle-ci ne pourrait
détruire les moyens aériens et surtout sous-marins
dont disposent les Russes pour lancer une frappe en retour.
Celle-ci serait dévastatrice pour l'Amérique,
sans compter évidement le reste du monde. L'hiver
nucléaire s'en suivrait immédiatement.
Ceci conduit à se demander, y compris
au niveau des sciences anthropologiques, si les humains
ne sont pas finalement poussés à s'auto-suicider
collectivement par des déterminismes impossibles
à contrôler. Certains de ces déterminismes
seraient d'ailleurs encore inconnus. Ainsi pourrait disparaitre
toutes les civilisations avancées apparues sur d'autres
planètes.
Le bon sens s'insurgera. Comment un suicide
collectif faisant des milliards de victimes pourrait-il
être accepté par des sociétés
comprenant un grand nombre d'éléments sensés,
capables de se projeter dans l'avenir et d'agir en conséquence.
Les combattants-suicide individuels, dont le nombre s'accroit
sans cesse aujourd'hui sous l'influence d'un islam de combat,
ne sont dira-t-on que des cas individuels.
Cependant, comment s'assurer que les motivations
profondes qui conduisent ces combattants-suicides, motivations
en partie d'ailleurs non explicitées, ne pourraient
pas se retrouver au niveau de sociétés humaines
comportant des millions de décideurs se disant responsables.
Ce ne seraient d'ailleurs pas les populations qui seraient
responsables, mais les chefs qu'elles se sont donnés,
et qui deviendraient incontrolables par la raison.L'avenir
le dira, si l'on peut dire, puisqu'il n'y aura pas d'avenir
dans le cas d'un suicide collectif d'une certaine ampleur..
1) Voir http://www.europesolidaire.eu/article.php?article_id=2316&r_id=&t=Jean-Marc%20Ayrault%20%E0%20Moscou%20et%20Washington.
Mise
à jour au 14/10
Dans le suite de cet éditorial,
nous présentons pour illustrer l'hypothèse
d'une marche au suicide civilationelle ce Commentaire d'une
Intervention du général américain Milley
(image ci-dessous)

Comment les généraux
américains préparent leur guerre
Dans cet éditorial "Les
civilisations sont-elles suicidaires?", nous nous demandions
si les humains ne sont pas finalement poussés à
se suicider collectivement par des déterminismes
impossibles à contrôler. Mais nous nuancions
tout de suite en ajoutant "Ce ne seraient d'ailleurs
pas les populations qui seraient responsables, mais les
chefs qu'elles se sont données, et qui deviendraient
incontrôlables par la raison".
Aujourd'hui les plus redoutables de ces
chefs sont les généraux américains.
Totalement incontrôlés, ni par Obama, ni par
le Congrès, ni par l'opinion, ils en arrivent à
lancer des menaces qui signifieraient la destruction des
trois quart du monde, dont l'Europe, s'ils décidaient
de les mettre à exécution. Dans ce cas d'ailleurs,
ce serait l'Amérique en retour qui serait détruite.
Ils sont suffisamment avertis pour le savoir, mais ils font
comme s'il n'en était rien. Un psychiatre avec quelques
années de pratique ne manquerait pas de les qualifier
de personnalités suicidaires, mortelles pour eux
comme pour les autres.
Un récent spécimen de ces
généraux suicidaires, dont on peut voir le
visage empreint de spiritualité sur une
vidéo diffusée par Infowars est le Chef
d'Etat-Major de l'Armée américaine, le général
Mark Milley. Il ne s'agit donc pas d'un discoureur de caserne,
mais du représentant le plus éminent des forces
armées américaines. L'imposante brochette
de décorations qu'il exhibe peut d'ailleurs en témoigner.
Or qu'affirme-t-il, avec la connivence absolue
de l'auditoire? Nous résumons: « Je veux
être clair à l'égard de ceux qui nous
veulent du mal. L'armée américaine, malgré
toutes les difficultés matérielles qu'elle
rencontre quotidiennement, vous battra bien plus que vous
ne l'avez jamais été ».
Il désigne l'adversaire à
détruire « La Russie, l'Iran, la Chine,
la Corée du Nord. Elles ont étudié
nos tactiques, nos armements...et renforcent en conséquence
leurs propres moyens militaires, dans l'espoir de nous détruire
dans un proche futur.
Mais je veux les prévenir: le
prochain conflit sera hautement meurtrier, bien plus que
ceux connus par notre armée depuis la seconde guerre
mondiale. Il signifiera combattre dans des zones aux peuplement
très denses... ».
Il a ainsi fait comprendre que ce serait d'abord en Europe
que ces combats se dérouleraient.
Pour le moment, si les Russes ont effectivement
modernisé certains de leurs armements, ils ont surtout
organisé au niveau national de vastes exercices de
défense civile. Ils renforcent également leurs
abris anti-nucléaire afin de répondre à
la survenue de situation d'urgence à grande échelle.
On ne les voit nulle part se préparer à des
offensives conventionnelles d'une quelconque ampleur. Il
en est de même de la Chine.
Si le général Milley voulait
effectivement démontrer la supériorité
de l'Armée américaine dont il se vante, il
faudrait que cette dernière attaque en premier les
territoires russes et chinois. C'est sans doute ce que beaucoup
de généraux ont déjà préparé
depuis longtemps. C'est ce à quoi ils préparent
l'opinion américaine par des discours incendiaires.
C'est sans doute aussi ce que décidera Hillary Clinton,
si elle est élue.
Ajoutons que, dans notreéditorial,
nous évoquons le fait qu'une guerre conventionnelle
de quelque ampleur dégénérerait inévitablement
en affrontements nucléaires. Ceci, le général
Milley ne peut pas l'ignorer. Mais curieusement, il n'en
a pas parlé. Pourquoi?
Et pourquoi l'Europe ne réagit-elle
pas?