Politique
industrielle.
Propositions de Jeremy Corbin pour une révolution
industrielle « verte »
Jean-Paul Baquiast 14/09/2016
Le
leader actuel du Parti travailliste, bien que vivement attaqué
sur se droite par les « blairistes », ou soutiens
de Tony Blair, n'a pas renoncé à transformer
en profondeur le parti.
Dans l'article mentionné ci-dessous,
il présente un programme complet visant à
faire du Royaume Uni une référence mondiale
pour ce qu'il nomme une nouvelle révolution industrielle
verte. Pour lui, la Grande Bretagne dispose d'assez d'énergies
naturelles, vent, soleil courants marins pour couvrir 100%
de ses besoins d'énergie électrique. Les défenseurs
du lobby du carbone contesteront ce chiffre, mais il s'appuie
sur des études sérieuses en ce sens.
Constatons avec regret qu'en France, rien
de semblable n'est envisagé, ni par le parti socialiste,
ni par les autres mouvements de gauche, dont celui d'Arnaud
Montebourg - sans mentionner les écologistes. On
objectera que la France, disposant d'un parc de centrales
nucléaires couvrant une bonne moitié de sa
consommation, n'a pas besoin d'une telle révolution.
Ce sera évidemment faux. D'une part, l'énergie
nucléaire peut être soumise à des accidents
inattendus, obligeant à fermer les réacteurs,
comme ce fut le cas au Japon à Fukushima. D'autre
part et surtout, le besoin de sources d'énergies
vertes ou renouvelables est mondial.
La France, comme d'ailleurs la Grande Bretagne,
dispose d'atouts certains en ce domaine. Il est déplorable
qu'elle ne cherche pas à les valoriser mieux. Ceci
en visant non seulement le marché intérieur,
mais l'exportation et plus largement la coopération
stratégique avec tous les grands pays se donnant
de tels objectifs, notamment la Russie.
Le programme
Le programme de Jeremy Corbin repose sur
la constatation, faite par tous les scientifiques après
la COP21, que le changement climatique représente
dorénavant une menace mondiale de grande ampleur
et que la poursuite de la consommation d'énergies
à base de carbone contribue à accélérer
dangereusement le réchauffement.
Il propose que le Royaume Uni, sous la conduite
du Labour, se donne plusieurs objectifs pour prendre la
tête de la révolution industrielle verte qui
s'impose; .
- Donner aux collectivités et communautés
locales le droit juridique d'échapper aux oligopoles
d'achat imposés par les grands de l'énergie.
- Utiliser les £250 milliards de la
Banque National d'Investissement pour diminuer de coût
du capital nécessaire à des projets d'énergie
renouvelables.
- Engager une politique industrielle concertée
visant à créer le million d'emplois nécessaires
à la mise en place des économies d'énergie
et des technologies vertes.
- Soutenir le développement de technologies
off-shore, en s'appuyant sur les atouts côtiers permis
par la configuration géographique du pays.
- Privilégier les investissements
stratégiques créateurs d'emplois dans toutes
les régions qui souffriront de l'abandon des exploitations
dans le charbon et le pétrole.
- Travailler en liaison étroite avec
les organisations de travailleurs et les collectivités
engagées concrètement dans le passage à
une industrie verte.
- Afin de prendre le relais des industries
très concentrées et monopolistiques assurant
aujourd'hui la production et la distribution des énergies
classiques, créer 200 entreprises ou coopératives
énergétiques locales en charge des investissements
et de la distribution nécessaires aux nouvelles industries,
ainsi que de banques régionales.
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Jeremy Corbin, dans son article, donne de
nombreuses précisions relatives au programme que
le Labour devrait se donner en faveur de cette nouvelle
politique industrielle verte. Nous n'en discuterons pas
ici. Tout au plus pouvons nous estimer que l'ensemble est
parfaitement cohérent. Il lui suffirait d'entrainer
la conviction d'une majorité du corps électoral
pour devenir une réalité.
Mais la difficulté est là.
Ce ne sont pas les thèses rationnelles qui impressionnent
l'opinion publique, Ce sont les campagnes et publicités
permanentes diffusées à grand coût,
notamment dans les médias, pour que rien ne change.
Référence
Jeremy Corbin http://www.counterpunch.org/2016/09/13/toward-a-green-industrial-revolution/