Actualités
septembre 2016
La
vallée des illusions
Jean-Paul Baquiast 29/09/2016
L'article de Wikipedia référencé ci-dessous
et signalé par François Vadrot,« Uncanny
valley », fait référence aux
désormais nombreuses observations montrant comment
les humains réagissent quand ils sont en relation
avec des robots dits autonomes, capables eux-mêmes
de s'adapter et de réagir au voisinage des humains.
Rappelons ici que ces phénomènes d'interaction
quasi-langagière, aussi spectaculaires soient-ils,
ne sont pas nouveaux. Ils se produisent en permanence dans
l'espèce humaine comme dans la plupart des espèces
dites supérieures, quand celles ci sont confrontées
à des animaux ou processus non vivants pouvant être
interprétés comme des interlocuteurs.
Nous pouvons constater nous-mêmes, en ce qui nous
concerne directement, comment nous entretenons de quasi
dialogues avec des images fixes ou animées, des textes
ou des symboles paraissant émettre des messages interprétables
par nous. Ceci soit que ces images varient, soit que, quand
il s'agit d'images fixes, ce soit l'humeur avec laquelle
nous les regardons qui varie.
Concernant les robots, nous y faisons référence
depuis longtemps, comme le montre cet
article de Christophe Jacquemin daté d'aout 2005
(plus de dix ans déjà)
intitulé "Repliee", ou l'inexorable marche
vers le robot androïde ? Dans l'article de Jean-Paul
Baquiast datant de 2008, La
révolution du technoscène, présentant
un dialogue avec Pascal Jouxtel, le « père »
de la mémétique, nous évoquions les
deux ouvrages l'un de Gregory Bedford et Elizabeth Malartre.
"Beyond Human, Living with Robots and Cyborgs",
Tom Doherty Associates, 2007, l'autre de David Levy, "Love
+ Sex with Robots", Harper Collins, 2007.
Nous avons par ailleurs souvent relaté les différentes
hypothèses, dont certains ont été contestées
mais d'autres paraissent très crédibles, évoquant
le rôle des « neurones miroirs »
présents chez le singe, mais aussi chez l'homme et
sans doute aussi dans le cerveau de nombreux autres animaux.
Ceux-ci réagissent de façon indépendante
de la volonté en commandant chez le sujet des comportements
aussi proches que possible de ceux des entités observées,
qu'il s'agisse d'autres êtres vivants ou de robots
animés.
Plus récemment, sous le titre
Uncanny valley, Wikipedia étudie le fait que
des répliques humaines paraissant presque semblables
à l'homme mais cependant légèrement
différentes provoquent des sentiments d'attirance
ou de révulsion analogues à celles qui seraient
ressenties en présence d'un humain véritable.
La généralisation des robots « intelligents »,
comme celle des images animées commandées
par ordinateurs, fera de la chose un véritable phénomène
de société. Nous invitons les lecteurs à
s'y reporter. L'article est très riche. Il mérite
une étude attentive.
https://en.m.wikipedia.org/wiki/Uncanny_valley
La
fusion froide est-elle véritablement de retour?
Jean-Paul Baquiast 28/09/2O16
C'est qu'affirme avec il est vrai beaucoup de bémols,
le Newscientist dans un article du 14/09/2016 intitulé
« Cold
fusion: Science's most controversial technology is back »
Rappelons qu'au sens strict,
on entend par fusion froide une opération provoquant
un dégagement inexpliqué de chaleur, qui serait
provoqué par une réaction nucléaire
encore inconnue, à température et pression
ambiante. Elle implique généralement le deutérium,
(symbole 2H ou D) qui est un isotope naturel de l'hydrogène.
Son noyau atomique, appelé deuton ou deutéron,
possède un proton et un neutron, d'où un nombre
de masse égal à 2. La fusion se ferait à
température ambiante et sans produire de radiations
ionisantes extrêmement dangereuse.
Il s'agirait donc d'une source
d'énergie facile, peu couteuse et pouvant potentiellement
répondre à tous les besoins d'énergie
recherchés dans les actuels réacteurs à
fission et espérés dans les futures réacteurs
à fusion chaude, dont Iter constituera le prototype
quand il sera opérationnel dans quelques décennies.
Malheureusement, comme le rappelle
le Newscientist et comme le précise l'article
de wikipedia consacré à la fusion froide,
si de nombreuses tentatives ont eu lieu, aucune n'a encore
abouti. De plus, aucune n'a permis d'élaborer une
théorie scientifique crédible indispensable
à la généralisation du phénomène.
Aussi bien, les expériences actuelles paraissent
avoir abandonné le concept de fusion froide au sens
strict. Elles visent une production d'énergie obtenue
par différentes méthodes proches permettant
une production d'énergie froide en quantité
suffisante pour être utilisable industriellement.
Mais là encore, les résultats se font attendre.
Ceci n'empêche pas un certain nombre
de laboratoires et de start(s) up de poursuivre des recherches.
Elles sont handicapées par le manque des financements
durables qui seraient nécessaires. L'article énumère
les principales de celles-ci. . Certes, le ministère
de la défense américain fournit quelques ressources,
mais en très petites quantités. Il en serait
de même en Russie, en Chine et en Inde.
Pour le moment, en France, compte tenu de
l'expérience mondialement reconnue du pays en fission
et en fusion (dans le cadre d'Iter), il ne paraît
pas utile de consacrer de budgets à la recherche
en matière de fusion froide. Il convient cependant
de se tenir informé, au cas où une découverte
importante se produirait.
Acanthostega
Jean-Paul Baquiast 21/09/2016

On retiendra avec intérêt
le rôle de la tomographie par rayonnement synchrotron
pour l'identification de restes fossiles d'un tétrapode
(doté de 4 membres) dit Acanthostega datant
du dévonien et considéré comme la seule
transition bien étudiée à ce jour entre
les animaux marins et les animaux terrestres.
Les restes ont été découverts à
Stensiö Bjerg, Est Groeland, par une équipe
scandinave et identifiés grâce au synchrotron
français de Grenoble, dit European Synchrotron Radiation
Facility, 71 Avenue des Martyrs, à Grenoble. France
* On lira sur ce sujet l'article
de Nature http://www.nature.com/nature/journal/vaop/ncurrent/full/nature19354.html
*Sur Acanthostega, voir Wikipedia https://fr.wikipedia.org/wiki/Acanthostega
* Le Dévonien est un système géologique
sétendant de 420 à - 370 millions
d'années
La
transition énergétique et le nucléaire
français
Jean-Paul Baquiast 27/09/2016
Nous lisons sur le site Contrepoints
cet article qui est un plaidoyer pour l'énergie nucléaire,
où la France a réussi en 40 ans à se
donner une position sans égale dans le monde. Il
montre que, sans le nucléaire, nul pays ne pourra
échapper à la tyrannie du charbon et du pétrole.
Certes, les énergies alternatives ne sont pas à
abandonner pour autant, mais à échéance
prévisible, elles ne pourront à elles seules
assurer la transition énergétique.
On reprochera à l'article
de ne pas mentionner les risques inhérents au nucléaire.
Or l'accident de Fukushima et ses morts, selon l'auteur,
ne peuvent être imputés au nucléaire
proprement dit. On ne retiendra pas non plus les accidents
de Tchernobyl et de Three Miles Island dus à l'incompétence
flagrante des industriels de cette époque. Quant
aux risques éventuels, indiscutables, ils ne sont
en rien comparables à ceux, réels et non théoriques,
découlant de toutes les autres technologies.Or ceux-ci
sont partout acceptés. Excluons là encore
le maintien en service d'anciens réacteurs de l'époque
soviétique, que les gouvernements concernés
se refusent à démanteler.
La conclusion, que l'auteur de cette brève partage
sans réserves, est que la France ne devrait pas abandonner
mais au contraire développer son industrie et ses
recherches nucléaires. Sans mentionner le fait que
celles-ci conduisent indirectement à réaliser
la solution d'avenir qu'est la réaction de fusion.
La France peut se féliciter d'héberger à
cet égard le site Iter, ce qui lui donnera des atouts
incomparables pour l'avenir
* http://www.contrepoints.org/2016/09/21/266469-mensonge-planetaire-de-transition-energetique
Séminaire
franco-russe
Jacques Sapir 11/09/2016
Nous recevons de Jacques Sapir l'information
suivante, que nous vous retransmettons avec empressement
. Automates Intelligents
Le séminaire Franco-Russe va tenir sa 51ème
session les 14-16 septembre à Paris, dans les locaux
de l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences de l'Homme, au
105 Bd Raspail.
Ce séminaire, issu d'une initiative que nous avions
prise avec Anton Brender, alors directeur du CEPII, et Victor
Vanter, alors vice-directeur de l'Institut de Prévision
de l'Economie Nationale (IPEN-ASR), a permis aux scientifiques
russes et français de dialoguer et de se connaître
durant toute la période de la Transition mais aussi
celle de la reconstruction et de la réaffirmation
de la présence de la Russie sur la scène internationale.
L'importance de cette institution scientifique n'échappe
à personne.
Nous avons été soutenus indéfectiblement
par la Fondation Maison des Sciences de l'Homme, et par
l'EHESS, ainsi que par diverses institutions publiques et
privées.
Aujourd'hui, alors que la puissance publique se désengage
de plus en plus de ce type d'opérations, l'importance
de ce séminaire reste toute aussi grande, si nous
voulons en France comprendre les transformations économiques
de la Russie, l'impact de son basculement vers l'Asie, mais
aussi faire connaître à la communauté
scientifique russe les problèmes de l'intégration
régionale, problèmes que nous avons appris
à connaître - parfois à nos dépens
- depuis la fin des années 1990.
Pour en savoir plus
Sur les séminaires franco-russes http://russeurope.hypotheses.org/seminaires-franco-russes
Explosion
du satellite israélien Amos 6
Jean-Paul Baquiast 05/09/2016
Le
satellite israélien détruit jeudi lors de
lexplosion sur le pas de tir de la roquette de SpaceX
était la plus ambitieuse plate-forme spatiale du
pays à ce jour et devait donner un accès Internet
à de vastes zones de lAfrique rurale.
Il devait s'intégrer à une chaine de satellites
analogues, mais aujourd'hui considérés comme
vieillis. C'et un revers pour Facebook, qui est à
l'origine de ce projet. C'est aussi un revers pour sa filiale,
la société SpaceX qui produit des lanceurs
analogues. Mais les deux s'en remettront.
Par contre l'industrie satellitaire israélienne,
qui avait conçu et produit ce satellite Amos6, est
très inquiète. L'explosion ne semble pas due
au satellite, mais au lanceur. Cependant la destruction
du satellite, qui devait être un emblème pour
la présence d'Israël dans l'espace, inquiète
considérablement le pays tout entier.
Arianespace, sans se réjouir ouvertement, fait discrétement
remarquer que depuis des années ses diverses gammes
de lanceurs n'ont jamais subi un tel accident. On peut se
demander pour quelles mauvaises raisons géopolitiques
les Israéliens n'ont pas fait appel à ses
services.
http://fr.timesofisrael.com/interrogations-apres-lexplosion-du-satellite-israelien-destine-a-fournir-internet-en-afrique/
Les
Shadow Brokers
Jean-Paul Baquiast 03/09/2016
Il est intéressant de constater que des organisations
aussi bien armées techniquement et humainement pour
espionner le monde entier, telle la National Security Agency
américaine, n'échappent pas à l'espionnage
interne. L'exemple d'Edward Snowden restera longtemps dans
les mémoires, car il a véritablement modifié,
fut-ce faiblement, l'équilibre entre l'Empire américain
et ses adversaires. Mais il a sans doute fait des émules,
au sein même de la NSA.
Ce serait aujourd'hui le cas des Shadow Brokers. Il s'agit
d'un groupe de pirates inconnu, qui a mis en ligne le 13 août
une série doutils et de programmes despionnage
informatique quil prétend avoir dérobé
à la NSA.
Initialement, ce fut la Russie qui a été suspectée.
Mais certaines spécificités intéressant
les fichiers concernés ne semblent accessibles qu'à
un ordinateur isolé et protégé au sein
des locaux de la NSA. Par ailleurs, l'hypothèse d'une
fuite accidentelle, toujours susceptible de survenir, n'a
pas été finalement retenue, compte tenu du
nombre et de la diversité des informations livrées.
Une expertise linguistique récente par faite par
l'Illinois Institute of Technology et portant sur le mauvais
anglais utilisé par les Shadow Brokers suggère
que celui-ci émane d'un véritable anglophone
visant à apparaitre comme possédant mal l'anglais.
Vraisemblablement le ou les hackers voulaient échapper
au sort d'Edward Snowden, reclus désormais en Russie.
L'hypothèse selon laquelle la fuite proviendrait
d'un ou plusieurs agents de la NSA bien informés
est donc désormais retenue. Elle peut ouvrir quelques
perspectives intéressantes. Notamment à ceux
qui militent en faveur d'une plus grande démocratie
au sein de la société de l'information. Quels
sont les motifs ayant poussé des « insiders »,
c'est-à-dire des personnes internes à la NSA,
à révéler certaines de ses armes, et
à courir ce faisant des risques personnels indéniables?
Volonté de se venger de ce qu'ils estimeraient des
traitements injustes subis par eux au sein de l'organisme?
Appât du gain, dans la mesure où ces fuites
auraient pu être rémunérées par
tous ceux, aux Etats-Unis et à l'extérieur,
qui souhaitent mieux se défendre contre les intrusions
de la NSA? Idéalisme démocratique, comme ce
fut indiscutablement le cas avec Snowden? Ou tout simplement
esprit de jeu ou volonté de puissance, visant à
mettre en oeuvre ou illustrer leurs capacités personnelles
dans un domaine où fort peu d'individus peuvent se
prétendre compétents?
L'espionnage, depuis qu'il existe, c'est-à-dire depuis
fort longtemps, a toujours monté que l'activité
d'espions suscitaient inévitablement des contre-espions
au sein même de ces derniers. Dans les débats
actuels concernant la cryptologie et ses limites, le cas
des Shadow Brokers sera certainement évoqué.
La cryptologie quantique permettra-t-elle d'échapper
à ce risque? On ne voit pas comment si les pirates
proviennent des équipes mêmes développant
ces techniques complexes.