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Technologies et société.
La NSA « hackée » ?
Jean-Paul Baquiast Christophe Jacquemin 20/08/2016
Dans le monde de l'espionnage, il est bien connu qu'il est
difficile de savoir qui espionne qui. En fait, tout le monde
espionne tout le monde, soit à des fins politiques,
soit pour obtenir des secrets professionnels, soit pour la
beauté du geste et la satisfaction qu'éprouvent
certains individus à entrer dans des secrets que l'on
croyait bien gardés.
Avec la généralisation de la communication par
Internet, l'espionnage a évidemment trouvé des
terrains illimités pour s'exercer. Il s'agit d'abord
d'un espionnage officiel dans le cas d'agences gouvernementales
comme la National Security Agency américaine dont nous
avons depuis longtemps exposé les moyens absolument
considérables qui lui sont alloués, comme les
logiciels multiples que ses agents utilisent pour s'introduire
dans tout ce qui est numérisé, que ce soit non
crypté ou crypté. Russie et Chine, bien évidemment,
ne sont pas en reste, mais il s'agit, autant que l'on puisse
savoir, de pygmées au regard d'un géant.
Mais il s'agit aussi d'un véritable
sport dans lequel se spécialisent de très bons
informaticiens agissant pour leur propre compte. On les désigne
désormais du nom de hackers. Ceux-ci travaillent pour
de multiples motifs, qui sont rarement explicités.
On considère généralement que beaucoup
d'entre eux s'adonnent au hacking par simple recherche de
la performance technologique, sans tirer profit de leurs piratages.
D'autres le font clandestinement, en se regroupant dans des
organismes tels que les Anonymous qui ne révèlent
généralement ni leurs buts précis ni
les moyens humains dont ils disposent. Ils disent parfois
se mettre au service de la démocratie pour faire connaître
les secrets d'Etat ou d'entreprise considérés
par eux comme portant atteinte aux principes de cette même
démocratie. Mais leurs motifs et les informations qu'ils
diffusent sont rarement vérifiables par le grand public.
Des révélations diffusées
par d'Edward Snowden concernant la NSA ont montré que
ces agences ont formé ou recruté des équipes
chargées de réaliser, sur le modèle des
hackers, des logiciels d'espionnage bien plus performants
que ceux mis au point par leurs propres services. Elles s'en
servent pour infecter pratiquement tous les systèmes
informatiques de par le monde, considérés comme
des menaces pour les intérêts américains
que ces agences protègent.
Mais à leur tour, les équipes
de hackers « officiels » peuvent être infectées
par des hackers non officiels. Un certain nombre d'entre eux,
agissant pour leur propre compte ou pour le compte d'autres
agences d'espionnage, ont entrepris d'entrer clandestinement
dans les fichiers, fussent-ils bien cryptés, accumulés
par les principales agences. L'article de l'Intercept référencé
ci-dessous mentionne un groupe dit des ShadowBrokers
qui a mis au jour et sommairement décrit les multiples
logiciels de hacking mis au point et abondamment utilisés
par la NSA. Ceux-ci, semble-t-il, pourront être réutilisés
par des hackers privés au service d'autres intérêts
que ceux de la NSA, y compris au service d'organismes visés
par la NSA elle-même.
Il faut également se persuader qu'au
sein d'une structure d'espionnage aussi complexe que la NSA,
des individus peuvent décider de révéler
certains secrets de la structure. Ils le font pour des raisons
éthiques ou politiques, parce que celle-ci leur paraît
empiéter sur ce qu'ils considèrent comme les
libertés publiques. On parle de plus en plus en ce
cas de « lanceurs d'alerte » dont Edward
Snowden, lui même ancien membre de la NSA, est devenu
l'emblème. Ils peuvent aussi le faire parce qu'ils
sont des membres dormants recrutés par une puissance
étrangère.
Selon certaines hypothèses encore difficiles à
vérifier, les logiciels eux-mêmes, dès
qu'ils ont atteint un certain niveau de complexité,
peuvent devenir autonomes et prendre des initiatives que nul
humain ne peut contrôler a priori. C'est ce qui a été
suggéré a propos des algorithmes à haute
fréquence développés dans la spéculation
financière en ligne. Mais en ce qui concerne la NSA,
il faudrait envisager des algorithmes bien plus puissants
et autonomes que ceux-ci.
Quoiqu'il en soit, la première conclusion
que l'on peut tirer de ces « révélations
» est que, comme dans le domaine de l'espionnage, tout
le monde hacke désormais tout le monde, pour des motifs
que n'apparaissent généralement pas, soit politiques,
soit économiques, soit pour le sport. La cryptologie,
qu'elle soit ou non autorisée ou pratiquée par
les Etats, se caractérise comme tous les systèmes
d'armes, par une course permanente entre la défense
et l'attaque. Donc elle ne peut jamais prétendre protéger
en profondeur
Le quantique
La meilleure façon de se protéger,
semble-t-il à ce jour, serait de faire appel à
des applications quantiques. D'où l'intêrét
qu'apporte les grands Etats, ou des organismes tels que Google
ou IBM prétendant se comporter en Etats supranationaux,
au développement d''ordinateurs quantiques efficaces.
La Chine n'a pas l'intention de laisser aux Etats-Unis le
monopole de ces technologies. Un article bien documenté
de l'Usine Numérique nous apprend que la Chine vient
de lancer un satellite de communication qui va tenter de transmettre
des clés de chiffrement quantiques et donc inviolables
de Pékin jusqu'à Vienne.1)
Le quantique n'a pas encore atteint le stade
opérationnel. Mais on peut pronostiquer que la chose
deviendra une réalité prochainement. Alors malheur
à tous ceux qui en seront restés aux applications
traditionnelles, hackables ou non hacquables.
Références
https://theintercept.com/2016/08/19/the-nsa-was-hacked-snowden-documents-confirm/
http://www.usine-digitale.fr/article/des-hackers-ont-pirate-la-nsa-et-publie-ses-outils-d-espionnage-contre-cisco-et-fortinet.N426897
http://www.usine-digitale.fr/article/pourquoi-le-satellite-de-communication-quantique-que-la-chine-s-apprete-a-tester-est-si-strategique.N422937
1) Sur le satellite chinois, voyez un article
plus récent et plus documenté de notre ami Thierry
Berthier
http://echoradar.eu/2016/08/23/la-chine-pionniere-en-communication-quantique-satellitaire-2/