Economie
politique
The Greens (les Verts), dorénavant l'avenir de l'Amérique?
Jean-Paul
Baquiast 04/08/2016
L'approche des élections fédérales
aux Etats-Unis offre au parti écologiste américain,
les Greens, une opportunité exceptionnelle pour sortir
du relatif anonymat dans lesquels ils s'étaient enfermés
depuis le retrait du célébrissime Ralph Nader.
En effet,
aujourd'hui, aux Etats-Unis, des réformes radicales
du système économique s'imposent pour permettre
aux objectifs de protection de l'environnement de se faire
entendre face à l'omniprésence du capitalisme
néo-libéral. A la suite notamment de l'écho
donné à la conférence mondiale COP21,
de plus en plus d'électeurs constatent que si rien
n'est fait, les Etats-Unis resteront ce qu'ils sont, les
champions mondiaux de la pollution et de la destruction
de la nature. Ils finiront par en être les premières
victimes.
Ces
électeurs, qu'ils se rattachent à l'un ou
l'autre des deux grands partis, les Républicains
et les Démocrates, constatent aussi que le mode de
désignation des Représentants et du Président
lui-même, totalement dans la main des grands intérêts
corporatifs, ne permettra jamais aux citoyens et mouvements
intéressés par une politique écologiste
de se faire entendre.
Récemment,
la trahison de Bernie Sanders, qui avait bénéficié
en partie des voix écologistes, et qui s'est rallié
finalement à « Hillary Clinton- la Guerre »
leur a ôté tout espoir d'être entendus
au sein du parti Démocrate. Quant au candidat républicain,
Donald Trump, s'il affiche des objectifs de type écologique
tout à fait intéressants, il ne sera sans
doute pas en mesure de les faire appliquer s'il est élu,
face au refus du parti Républicain dans ses profondeurs.
Un troisième
parti, The Greens, les Verts, jusqu'ici très bas
dans les sondages, semble pouvoir bénéficier
d'un créneau d'opportunité. Non seulement
à cause de son programme, très proche de celui
des autres partis Verts dans le monde, mais grâce
à la personnalité de sa présidente
Jill Stein qui réussit grâce à son dynamisme
à rendre plus populaires qu'ils ne le sont encore
des éléments du programme Vert jusqu'ici mal
compris par les électeurs.
Le
programme des Greens
Jill
Stein a proposé un Plan dit Power to the People
Plan qui garantirait des droits économiques
et sociaux à tous les citoyens, y compris les plus
pauvres, notamment l'accès à la nourriture,
à l'eau , au logement et aux services publics. Des
emplois seraient offerts à un niveau de salaire raisonnable
à tous les chômeurs et personnes rejetés
par le système capitaliste. Par ailleurs le Programme
comporterait un système de soin public dit Medicare
for All plus ambitieux que celui abandonné
récemment par Obama, un système d'assurance-santé
public et l'accès gratuit aux Universités,
avec l'abolition des dettes actuellement contractées
par les étudiants.
Le programme
comporterait également la définition d'un
salaire minimum garanti, la remise en vigueur du Glass-Steagall
Act imposant notamment la séparation entre banques
d'affaires et banques de dépôt, le découpage
des méga-banques en banques plus petites, un service
de banque postale quasiment gratuit pour les bas revenus,
et finalement la création de banques publics au niveau
local.
Tout
ceci semble très proche des programmes européens
dits d'Etat-Providence, progressivement abandonnés
par les gouvernements sous la pression des intérêts
financiers internationaux, dont Wall Street et la City de
Londres sont les représentants. Nécessairement,
les citoyens américains tentés par le Plan
Power to the People se poseront la même question que
leurs homologues dans les partis verts et dans les oppositions
de gauche dans les pays européens: « Comment
financer tout cela ? »
Les
Greens apportent une réponse qui devrait paraître
évidente eux électeurs: « de la même
façon qu'ont été financés les
centaines de milliards de dollars consacrés aux diverses
guerres américaines, comme à la spéculation
financière notamment basée dans les paradis
fiscaux » . Il faudra qu'un pouvoir fédéral
conquis par les Greens impose à la Federal Reserve
Bank la création de monnaie nécessaire aux
investissements initiaux, sous la forme de « quantitative
easing » ou autrement. Les dollars ainsi crées
ne seraient évidemment pas versés aux banques
qui en profiteraient pour spéculer encore davantage,
mais à des agences publiques, existantes ou à
créer, au niveau fédéral ou local,
en charge des grands programmes économiques et sociaux.
Grâce aux retours sur investissement, les avances
de la FED correspondant au programme des Greens pourraient
être remboursées progressivement, si l'on voulait
éviter une relance (d'ailleurs fort improbable) de
l'inflation.
Les
Européens resteront-ils hors course?
Rappelons
que dans le cadre de l'Union européenne et de la
Banque centrale européenne, des gouvernements nationaux
qui voudraient entreprendre des programmes publics d'investissements
sociaux sans mentionner des programmes de recherche
scientifique tout aussi nécessaires, n'obtiendraient
jamais des institutions européennes et de la BCE
les avances de crédit indispensables. Ceci au prétexte
de ne pas augmenter les dett
Ceux
qui comme nous ici défendent dorénavant la
sortie de l'Union européenne et de la monnaie unique
suivront évidemment avec le plus grand intérêt
ce qu'il adviendra des propositions des Greens américains.
Même si elles ne sont pas finalement retenues par
les pouvoirs fédéraux et locaux, le bruit
qui devrait être fait autour d'elles devrait inciter
certains gouvernements européens, comme le préconise
Jacques Sapir, à proposer à leur tour, sur
le modèle du Brexit, une sortie de l'UE et un retour
à des banques et monnaies nationales. Celles-ci pourraient
également proposer des Obligations
à Durée Indéterminée, recommandées
par Joseph Leddet.
Références
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jill_Stein
http://www.jill2016.com/
http://www.jill2016.com/keeptherevolutiongoing
Voir
aussi de Ellen Brown, déjà citée ici
par nous
http://www.jill2016.com/sanders_endorsement_clintonCan
Jill Carry Bernie's Baton? A Look at the Green Candidate's
Radical Funding Solution
Sur
le Green Party of the United States, voir Wikipédia
https://en.wikipedia.org/wiki/Green_Party_of_the_United_States