Actualités
août 2016
Planètes
hébergeant éventuellement de la vie?
Jean-Paul Baquiast 30/08/2016

L'observatoire européen austral (ESO) a détecté
indirectement une planète de masse proche de celle
de la Terre autour de l'étoile la plus proche de
nous, Proxima du Centaure. Elle a été baptisée
Proxima b . Elle aurait une masse d'environ 1,3 fois celle
de la Terre. Elle tourne très près de son
soleil, Proxima Centauri, une naine rouge à peine
une fois et demi plus grosse que Jupiter, situé dans
la constellation du Centaure (visible dans le ciel austral).
Proxima b a une orbite très proche de son étoile,
seulement 7 millions de kilomètres, soit 5% de la
distance Terre-Soleil... et même sept fois plus près
que Mercure ne l'est du Soleil. Pourtant, du fait de la
faible luminosité de Proxima Centauri, la planète
recevrait un rayonnement solaire pouvant potentiellement
être favorable à la vie. Sur Proxima b, l'année
serait très courte : seulement 11 jours. (image Proxima
b. Vue d'artiste).
Dans le même temps le SETI, Search for Extraterrestrial
Intelligence, annonce étudier de mystérieux
signaux émis depuiq une étoile âgée
de 6,3 milliards d'années lumières dans la
constellation Hercule située à 95 années
lumière. Selon l'annonce: « The implications
are extraordinary and point to the possibility of a civilization
far more advanced than our own » .
On ne peut qu'accueillir ces annonces
relatives à la possible présence de vie avec
un grand intérêt, mais non dénué
de scepticisme. Comment les vérifier ?
Références
* Sur Proxima b, voir
http://www.eso.org/public/france/news/eso1629/
* Sur l'annonce du SETI, voir https://techcrunch.com/2016/08/29/et-is-that-you-astronomers-detect-intriguing-signal-95-light-years-away/
Fuites
à la DCNS concernant le sous marin Scorpène
Jean Paul Baquiast 24/08/2016
Le 24 août, le journal The Australian a fait état
de la fuite de 22 400 pages de documents confidentiels appartenant
au constructeur naval français DCNS, qui décrivent
les compétences de combat de six sous-marins de classe
Scorpène achetés par la marine indienne en
2005.
Selon le quotidien australien, les données en question
concernent plus précisément les capacités
de furtivité de ces six engins, le volume sonore
qu'ils génèrent à différents
niveaux de vitesse, la profondeur à laquelle ils
peuvent plonger, leur endurance ou encore leur système
de lancement de torpilles 500 pages étant
exclusivement consacrées à ce dernier point.
Autant de renseignements capables, donc, de compromettre
l'efficacité de la marine indienne ayant acquis des
sous-marins de ce type.
La divulgation de ces informations est également
en mesure d'inquiéter la Malaisie, le Chili et le
Brésil, les deux premiers ayant acquis des submersibles
du même type, et le troisième devant en inclure
un dans sa marine d'ici 2018.
L'Australie, quant à elle, a signé
un contrat de 50 milliards de dollars australiens (soit
un peu plus de 33 milliards d'euros) avec le constructeur
français afin que celui-ci conçoive et lui
fournisse 12 sous-marins de nouvelle génération
des «Shortfin Barracudas», différents
donc des Scorpènes concernés par la fuite
de données. De plus, le système de combat
de ces appareils doit être fourni à la marine
australienne par les Etats-Unis, et non par le groupe DCNS.
A lire The Australian la fuite a eu lieu
en France en 2011.
Pour la DCNS, détenu à 62%
par l'Etat français, il ne faut pas exclure la possibilité
que cette fuite fasse partie d'une «guerre économique»
menée par des pays rivalisant avec l'Inde, au sujet
de l'achat de sous-marins militaires. «La concurrence
pour l'acquisition de ces engins est de plus en plus féroce
et dans ce contexte, tous les moyens peuvent être
utilisés», a noté le porte-parole de
DCNS. Il a par ailleurs indiqué que «les autorités
nationales de sécurité» françaises
«enquêtaient» sur cet incident, sans fournir
plus de précisions.
Remarquons pour notre part que, quels que
soient les organismes à la source de cette fuite,
et leurs objectifs, il est très surprenant que des
informations dites aussi sensibles ne soient pas mieux protégées.
Il paraît difficile de qualifier ceci seulement d'incident.
Ceci dit, si la NSA américaine est capable de lire
toutes les informations jugées utiles à l'Amérique,
pourquoi n'aurait-elle pas prêté la main à
la fuite. On sait qu'en ce qui concerne le contrat des «Shortfin
Barracudas», le concurrent japonais soutenu étroitement
par les Américains n'avait pas été
retenu par l'Australie, au grand dépit du gouvernement
américain. La vengeance est un plat qui se mange
froid.
Références
* The Australian Sub builder in leak scandal
The French company that is to design Australia's new $50bn
submarine fleet has suffered a massive leak of secret documents.
(accessible sur souscription)
*Sur le contrat DCNS Australie, voir notre
article
http://www.europesolidaire.eu/article.php?article_id=2133
* Sur la DCNS, voir
http://fr.dcnsgroup.co
A
propos d'Euclid
Jean-Paul Baquiast 22/08/2016
Ce
satellite de l'Esa devrait être lancé vers
2020. Il est présenté comme devant « percer
les mystères de l'énergie sombre ».
Les pages citées ci dessous en référence
décrivent suffisamment la mission pour que nous ayons
besoin d'y ajouter un commentaire.
Par contre, il nous apparu intéressant d'obtenir
un commentaire de Thomas Buchert, membre du consortium Euclid,
dont nous avons présenté récemment
les thèses quelque peu révolutionnaires concernant
notamment les concepts d'énergie sombre et de matière
noire. Voir
« Entretien avec Thomas Buchert ».
Voir aussi « L'effet
des inhomogénéités sur l'univers global »
où le concept de backréaction est abordé
Nous lui avons demandé ce que seront pour sa part
les rapports possibles des résultats attendus de
cette mission avec ses hypothèses. Il nous a indiqué
ce qui suit:
Euclid va permettre
de mesurer indirectement l'évolution de la courbure
et ainsi de distinguer, de manière significative,
le modèle standard et les prévisions du modèle
de "backreaction".
Ces prévisions sont basées sur une métrique
qui est compatible avec les propriétés intégrales
des équations générale d'Einstein comme
avec les données observationnelles ne comportant
pas une composante "énergie noire".
L'émergence de l'énergie noire dans le modèle
standard est remplacée dans ces modèles par
l'émergence d'une courbure négative en moyenne
apparue dans l'Univers tardif en raison du fait que l'Univers
devient dominé par des vides (qui ont une courbure
négative selon la relativité générale,
négligée dans le modèle standard).
* Pour en savoir plus,
le lecteur se référera à un article
dans lequel Thomas Buchert et ses collègues "backréactionnistes"
précisent ce qu'ils attendent de la mission
http://cdsads.u-strasbg.fr/abs/2009PhRvD..79h3011L
* Sur Euclid, voir
https://euclid.cnes.fr/
http://www.euclid-ec.org/
Poutine
et Erdogan. Convergence mais sans précipitation
Jean-Paul Baquiast 11/08/2016
La rencontre Poutine Erdogan le 09/08 à St Saint-Pétersbourg
a marqué, comme attendu, le rapprochement entre les
deux pays, quelques semaines après l'attaque turque
contre le bombardier russe qui avait failli provoquer la
guerre. Il s'agit donc d'un événement considérable
dont les conséquences apparaitront de plus en plus
importantes.
Néanmoins, au soir de cette rencontre, alors que
nous écrivons ceci, les déclarations des deux
dirigeants n'ont pas annoncé le bouleversement des
relations entre l'Est et l'Ouest que beaucoup attendaient
du fait du rapprochement Ankara-Moscou..Vladimir Poutine
a surtout mis l'accent sur les nombreux et intéressants
projets de coopération économique qui se préciseront
dorénavant. Mais celles-ci étaient connues
depuis quelques jours.
Poutine et Erdogan ont par ailleurs affirmé
leur volonté commune de lutter contre le terrorisme
islamique. L'enjeu est surtout important pour la Russie,
dont les frontières méridionales étaient
jusqu'ici traversées par des centaines de djihadistes
venus de Turquie et visant à soulever les importantes
communautés musulmanes vivant en Russie. Il l'est
aussi compte tenu des attaques djihadistes incessantes dont
font encore l'objet les implantations miliaires russes dans
la région de Lataquié.
Il est trop tôt encore pour savoir
de quoi ont discuté et sans doute convenu les ministres
et collaborateurs de Poutine et Erdogan présents
à Saint Pétersbourg. On peut penser que du
côté russe, il a été promis de
ne pas trop encourager le séparatisme kurde, élément
essentiel pour Ankara. Du coté turc, il a vraisemblablement
été convenu de cesser de faire pression pour
le départ de Bashar al Assad, que Poutine n'abandonnera
jamais.
Rien cependant n'a été dit
du futur statut de la Turquie au sein de l'Otan, non plus
que d'une future intégration de ce pays dans la coalition
informelle soutenue par l'aviation et les forces spéciales
russes et qui compte, outre le régime de Damas, l'Iran
dont la Turquie continue à se méfier.
Les observateurs ont par ailleurs remarqué
la grande prudence de Vladimir Poutine à l'égard
de Washington. Il n'a fait aucune remarque sur la politique
américaine dans la région, sinon concernant
la nécessité de poursuivre un processus de
paix associant toutes les parties en présence. Ceci
dit, comme a l'habitude, Poutine joue aux échecs...
et aux échecs, on ne dévoile pas immédiatement
tout son jeu. Au contraire.
Post scriptum au 11/08
Pour le moment, ni l'Otan ni Erdogan ne
considèrent qu'un rapprochement de la Turquie avec
la Russie remette en question le rôle de la Turquie
dans l'Otan. Ce consensus touchant durera-t-il si les Etats-Unis,
à travers l'Otan, exigent de la Turquie des engagements
précis et nouveaux en leur faveur?
Voir http://www.spacewar.com/reports/NATO_says_Turkey_membership_not_in_question_after_coup_999.html
ainsi que http://www.spacewar.com/reports/Turkey_says_Russia_relations_no_alternative_to_NATO_999.html
La
guerre des satellites d'observation militaire
Jean-Paul Baquiast 02/03/2016

Razdan (Vue d'artiste)
Les Etats-Unis, qui dominent largement la Russie (pour ne
pas parler de la Chine, encore dans l'enfance en ce domaine)
ont chargé l' US Air Force de mettre en place à
partir de 2021 une nouvelle génération de
satellites spatiaux de surveillance (Space-Based Space Surveillance
system ou SBSS). Ceux-ci seront placés en orbite
géostationnaire à 36.000 km au dessus de l'équateur.
Cette position permet d'observer des points précis
de la Terre, pouvant représenter un intérêt
militaire ou géostratégique. Le commandement
américain craint que la Russie et la Chine ne renforcent
leurs moyens satellitaires dans cette zone, et veut y conserver
son avance, acquise dès la fin de la guerre froide.
Nous verrons ci-dessous ce
qu'il en est des moyens actuels et prévus dont dispose
la Russie. Indiquons simplement que pour le moment l'Air
Force Spatial Command en charge du potentiel américain
jouit d'une très grande supériorité.
Inutile de mentionner les satellites français qui
ne représentent qu'une force, certes utile mais en
comparaison négligeable.
Le premier satellite américain
de ce type, le Bloc 10 Pathfinder, fut lancé en 2010.
Il sera opérationnel jusqu'en 2020. Mais d'ici là
une constellation de 3 satellites de nouvelle génération
sera mise en place. Le financement de ces nouveaux investissements
sera assuré sans problèmes.
Ces satellites n'auront évidemment
pas que des objectifs militaires à surveiller. Ils
pourront détecter et analyser tous les satellites
commerciaux eux-mêmes placés en orbite géostationnaire.
Les
nouveaux satellites russes
Ceux-ci seront sous la responsabilité
du Ministère de la Défense et affectés
aux Forces de défense aérospatiale. Peu de
choses sont encore connues à leur sujet. Disons seulement
qu'un système constitués d'une nouvelle génération
de 3 satellites de classe Razdan sera mis en orbite entre
2019 et 2024 à partir du Cosmodrome de Plesetks.
Ils compléteront ou éventuellement remplaceront
les satellites opto-électronique de la Classe Persona
actuellement en service. Les Persona sont considérés,
y compris par les Américains, comme techniquement
dépassés.
Les Razdan comprendront un
nouveau canal radio sécurisé de grande vitesse.
Ils seront également dotés d'une optique dotée
d'objectifs de 2 m de diamètre. Les Persona actuellement
en service sont considérés par les militaires
comme donnant des moyens d'information irremplaçables
par d'autres techniques de renseignement. Ils seraient actuellement
très utilisés en Syrie dans les opérations
anti-terroristes.
Un certain Gal Viktor Murakhovsky,
membre de la Commission russe militaro-industrielle, a reconnu
que le renforcement du potentiel spatial militaire était
devenu indispensable, vu le retard pris par la Russie dans
le domaine de la surveillance satellitaire opto-électronique.
Ainsi, selon lui, les satellites militaires américains
sont en charge de la National Intelligence Agency (NIA)
qui à elle seule dispose d'un budget équivalent
au tiers de l'actuel budget militaire russe, toutes armes
comprises.
Il est de fait que les Etats-Unis
ont pris une avance considérable non seulement quant
au nombre de satellites qu'en ce qui concerne leurs possibilités.
Ceux-ci disposent d'une imagerie multispectre à haute
résolution (20-30 cm par pixel, en termes techniques)
qui leur permet d'observer à travers les nuages et
brouillards, ou sous les arbres et certains abris de camouflage.
Ils peuvent identifier des véhicules mais aussi un
individu isolé.
Mais les experts militaires
russes se disent confiants dans le fait que, grâce
aux nouveaux satellites, l'armée pourra disposer
de moyens suffisants. Ceci compte tenu du fait que les ambitions
russes sont bien moins grandes que celles del'US Spatial
Command. Celui vise à surveiller (espionner) quasiment
l'ensemble de la planète, océans compris.
Voir
http://sputniknews.com/military/20160729/1043764817/russian-satellites-potential-capabilities-analysis.html
Un
futur destroyer nucléaire russe
Jean-Paul Baquiast 01/08/2016
La
Russie ne cesse de développer ses moyens navals,
en riposte il est vrai à l'accroissement du nombre
des porte-avions nucléaires américains. C'est
ainsi que le Bureau d'études Severnoye (Severnoye
Design Bureau) vient d'annoncer la mise au point d'un navire
de surface multi-rôles, le Project 23560 Leader-class.
Il sera doté d'armes anti-aériennes, anti-missiles,
anti-navires de surface et anti-sous marins. Il est destiné
à remplacer les actuels destroyers de la classe Sovremennyy
.Doté vraisemblablement d'un moteur nucléaire,
il pourra passer 90 jours en mer sans escales. Il sera initialement
équipé de missiles de croisière Kalibr-NK
et de S-500, qui ont déjà fait montre de leur
efficacité. Il aura 200 m de long et pourra atteindre
la vitesse maximum de 32 nds.
La
construction commencera début 2018. Une série
de 8 est pour le moment envisagée.
On
peut s'interroger sur l'efficacité de tels navires
face à des porte-avions et leurs groupes de combat
sophistiqués. Néanmoins l'efficacité
de ces derniers repose finalement sur la capacité
de leurs armement divers à franchir les barrières
de refus d'accès en place chez l'adversaire. Or les
Russes se sont montrés très efficaces en ce
domaine.
Wikipedia
Project
23560 Leader-class