Economie
politique. Barroso, un scandale révélateur
par Jacques Sapir 11/07/2016
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Automates Intelligents, 13/07/2016

Monsieur Barroso sest fait embaucher
par Goldman-Sachs, et cela a fait scandale[1]. Certains
ont trouvé étonnant que lancien responsable
de la Commission européenne aille se vendre à
une banque daffaires américaine[2]. Ce qui
peut susciter létonnement est plutôt
leur étonnement. Car, les relations incestueuses
des grands responsables européens avec les grandes
banques daffaires ne datent pas de hier, ni davant-hier.
De fait, quil sagisse de Mario Monti, ancien
responsable de la Commission et ancien Premier-ministre
italien, de Mario Draghi, ci-devant Président de
la Banque Centrale Européenne, de Lucas Papademos,
nombreux sont les dirigeants qui ont été élevés
dans lécurie Goldman Sachs ou qui retournent
dans le giron de cette banque. Plutôt que de se scandaliser,
avec retard et sans grands effets, il eut mieux fallu empêcher
cela, et considérer que si lUnion européenne
doit être indépendante de la finance américaine
un mur dairain devait être dressé
entre ces mondes. Mais peut-être, en vérité,
ne la-t-on pas voulu. Peut-être bien que lUnion
européenne est simplement un instrument de la «
haute finance » américaine. Dailleurs,
nest-ce pas cette même Goldman Sachs qui avait
aidé le gouvernement grec à maquiller ses
comptes en 2001, et ce au su et au vu de Bruxelles ? Si
telle est la vérité, alors il ny a pas
de quoi se scandaliser de lattitude dun Barroso
aujourdhui et dun autre, pourquoi pas Moscovici,
demain. Lindignation de certains, comme léditorialiste
du journal Le Monde[3], est donc mal placée. Il faudrait
réfléchir à ce qua été
depuis 15 ans lUE pour les peuples européens.
Mais que voulez-vous, et pour plagier feu le regretté
Jacques Brel, « chez ces gens là, Monsieur,
on ne pense pas, on compte.. »[4].
Il est cependant intéressant de lire
ce que dit, et ce que pense, Juan-Manuel Barroso. Le discours
quil prononça au début du printemps
2014 en Californie, à luniversité de
Stanford[5] est, à cet égard, parfaitement
exemplaire de limaginaire du personnage, et avec ce
dernier de nombreux parmi les dirigeants européens.
On a eu tendance à railler son manque (évident)
de charisme. Cest oublier que le charisme nest
une qualité indispensable que dans un univers où
les décisions sont prises par des dirigeants identifiables
et (si possible
) élus. Mais, quand la décision
est prise par une bureaucratie anonyme, cette qualité
savère en réalité un défaut.
Barroso est donc très représentatif et en
un sens exemplaire de lidéologie de lUnion
européenne. Au-delà, dans ce discours sont
exprimées une série de notion dune importance
toute particulière.
Limaginaire dun rentier.
La première idée importante,
et qui est exprimée sous laspect anodin dune
simple constatation, dune « évidence
», est celle dun monde complètement dominé
par les différents marchés. Cette métaphore
nest pas sans intérêt. Cest celle
dun monde sans aspérité, une «
terre plate »[6]. On est donc dans un monde uni-dimensionnel
qui ne connaît pas de géographie, comme il
ne connaît pas dhistoire. Cest en fait
limage même qui est utilisée dans les
versions les plus caricaturales de la théorie néoclassique
en économie.
La Théorie de léquilibre
général a été constituée
par un coup de force théorique de la part de Léon
Walras, qui postula que lon pouvait considérer
léconomie comme un ensemble de marchés
interdépendants à lexception de toute
autre situation[7]. Par ailleurs, la base même du
raisonnement néoclassique repose sur la capacité
pour les agents dattribuer des valeurs monétaires
à la totalité de leur environnement. Mais,
dans le même temps, la monnaie est considérée
comme parfaitement neutre dans léconomie néoclassique
et elle est évacuée de la discussion par le
biais de la Loi de Walras[8]. Or, un échange monétaire
nest pas assimilable à du troc pour une raison
essentielle: lexistence dune asymétrie
dinformation entre le producteur-vendeur et lacheteur.
Lévaluation monétaire de la valeur du
bien est réputée limiter le problème
dasymétrie[9]. Dans un travail aujourdhui
relativement ancien, mais qui reste sous certains égards
inégalé, J.M. Grandmont apporte des arguments
qui remettent sérieusement en cause cette perspective[10].
Il montre en particulier que le refus de prendre en compte
la possibilité détats de déséquilibre
stable, refus justifié au nom de leffet de
richesse[11], implique soit une forme directe détat
stationnaire soit un ajustement instantané et entièrement
prévisible. Ceci conduit à exclure toute situation
dincertitude du domaine de léconomie[12].
Même dans une situation de prix parfaitement flexibles,
un équilibre nest pas obtenu. Il faut cependant
ajouter que la position de Grandmont reste fermement situé
au sein dun univers qui serait complètement
probabilisable[13].
La neutralité de la monnaie, hypothèse
centrale de la TEG, est donc loin dêtre cohérente.
Elle est de plus incompatible avec le principe de dichotomie
(soit les prix relatifs se forment dans le secteur réel
et sont insensibles aux variations monétaires) si
lon raisonne avec des effets dencaisses réelles
et sous la Loi de Walras. La neutralité de la monnaie
ne résiste pas à lintroduction dhypothèses
même moyennement réalistes quant au comportement
des agents. Ce qui pourtant convainquit des économistes
à se tourner vers cette approche fut son caractère
totalisant. Pour la première fois on disposait dun
système à la fois global et cohérent
dexplication de léconomie, où
cette dernière navait dautre référence
quelle-même[14]. Tout ce qui constituait des
aspérités du monde réel, lexistence
dorganisations, de Nations, de classes sociales, disparaissait.
Il ne restait plus que léconomie comme ordre
suprême, dans un mécanisme ou elle sauto-définit
elle même. Cest exactement cette vision, il
faut bien dire délirante, que reprend Juan-Manuel
Barroso. Délirante, certes, mais qui permet de justifier
la politique de la BCE et surtout louverture à
la dérégulation financière de lUE.
Tiens donc, comme cest curieux
Car, les apôtres
de cette dérégulation financière furent
sans conteste les économistes de Goldman Sachs.
La rencontre des
contraires
Cette vision, en réalité,
cest la vision du rentier, comme lavait montré,
dès le début du XXème siècle,
Nicolas Boukharine[15]. En ce sens, un certain le marxisme,
même sil se présente comme une critique
de léconomie politique classique, entretient
des liens importants avec la tradition qui émerge
au XVIIIème siècle. Et, dans cette tradition,
la démarche de Walras occupe une place importante
à la fin du XIXe siècle. De fait, un certain
marxisme, qui oublie lhistoire, la géographie,
et tout ce qui fait la complexité des sociétés
humaines, se retrouve de concert avec la pensée de
Léon Walras pour défendre une vision mathématique
et unidimensionnelle des sociétés. Ce marxisme,
aussi réducteur que le sont les pratiques des Jivaros
sur les têtes de leurs ennemis, cest lidéologie
dans laquelle a baigné le jeune Barroso quant il
eut des faiblesses pour un mouvement maoïste portugais,
le MRPP. Il est donc moins étonnant quil pourrait
paraître quil se soit rallié à
cette idéologie, et il faut bien le dire aux gras
émolument quelle peut engendrer quand on a
les bons contacts. Le jeune Barroso défendait la
dictature du prolétariat ; celui qui entre à
Goldman Sachs après avoir sévi en Europe a
abandonné le prolétariat, mais conservé
la dictature.
On peut demander quelles sont donc léconomie
et la société que nous décrivent les
diverses variantes de la Théorie de lÉquilibre
Général de Léon Walras. En effet, le
« réalisme » nest pas, on la
vu, le point fort de cette théorie. Non au sens dun
rapport étroit à la réalité,
que lon na pas à attendre dune
théorie, mais à travers la construction de
concepts et didéaux-types dont il est facile
de montrer quils nentretiennent que des rapports
des plus ténus avec le monde réel. Pourtant,
ce sont les possibilités de généralisation
que cette théorie offre qui ont constitué
ses atouts les plus forts. Ils permettent de comprendre
comment celle-ci a pu se constituer en théorie
standard en économie[16]. En un sens, le succès
de cette théorie est une victoire de la forme sur
le fond. On comprend alors son pouvoir de fascination sur
les économistes, pouvoir qui fut renforcé
par lélaboration dune formulation moderne
de son axiomatique par Arrow et Debreu[17]. Pourtant, à
travers lexploration des différentes dimensions
de cette théorie, le mécanisme de coordination,
le rapport au temps, et les hypothèses sur la nature
des flux et des acteurs, se dévoile son incapacité
à penser réellement la décentralisation,
cest-à-dire le fait que des actions qui font
sens pour la société sont initiées
de manières séparées et indépendantes.
Il y a ici un paradoxe fondamental de la science économique
contemporaine, quil est illusoire espérer dépasser
à travers une surenchère dans la formalisation
mathématique[18].
Ceci renvoie aux legs dune tradition
mécaniste qui a lourdement pesé sur les fondateurs,
y compris A. Smith, de léconomie politique
moderne, mais dont les aspects néfastes nont
véritablement éclaté quavec la
constitution de la TEG en théorie standard[19].
La Théorie de lEquilibre Général
émerge comme la position naturelle de la majorité
des économistes. Chalmers Johnson, grand spécialiste
de léconomie japonaise, a ajouté perfidement
que la proportion des économistes américains
couronnés par ce prix était corrélative
au déclin de léconomie américaine[20].
Sous cette pointe polémique se cache un problème
bien réel. La force de la de cette théorie
tient tout autant de sa capacité socialement normative
liée à sa prégnance dans les institutions
académiques quà sa capacité à
répondre ou à intégrer les critiques
qui lui sont faites. Confrontée à de nouveaux
débats, dont par exemple celui sur lorganisation,
la Théorie de lEquilibre Général
perd progressivement sa cohérence[21]. Ce processus
accélère ses tendances latentes à se
transformer en un pur discours normatif, au détriment
de ses fonctions descriptives, prédictives ou interrogatives.
On assiste alors à la constitution de la cette théorie
économique en une orthodoxie au sens religieux du
terme, avec tous les raidissements idéologiques et
politiques que cela implique. Ce glissement du champ de
la spéculation scientifique à celui du contrôle
idéologique, au sens dune tentative de normer
les représentations de la réalité,
est certainement lindice le plus sur que la Théorie
de lEquilibre Général sest transformée
en une simple idéologie et na désormais
plus rien de scientifique. Et cest cela qui intéresse
les banques, et Goldman Sachs au premier lieu. Barroso,
et ses semblables, apparaissent idéalement placés
pour faire entrer de gré ou de force, et plus par
la force que par le bon gré, la réalité
dans le moule qui convient le mieux aux activités
financières.
Une soumission
sans faille à la mondialisation.
La mondialisation est alors présentée
par Barroso dans son discours de Stanford comme un «
contexte » mais non comme un objectif. Mais alors
doù vient ce contexte ? Existerait-il des «
forces » surhumaines qui seraient en mesure de façonner
le monde ne nous laissant plus à nous, pauvres humains,
quune simple tache dadaptation ? Que signifie
donc cette « naturalisation » de lHistoire
?
La mondialisation a été porteuse
de bien des passions, souvent contradictoires. Elle a été
adulée par les uns, tout comme elle fut, et elle
reste, vilipendée par les autres. Elle a eu ses thuriféraires
comme ses opposants acharnés. Le monde a connu bien
des épisodes de flux et de reflux dans les liens
économiques, et financiers. Rien de plus normal que
lon assiste à un certain retour au cadre national.
Il est en effet clair que la mondialisation nest plus
« soutenable ». Elle commence à poser
des problèmes, quils soient sociaux, écologiques
ou mêmes politiques[22], tout à fait dramatiques
dans nombre de régions du globe. La mondialisation
sest avérée incapable daider les
pays en voie de développement[23], en dehors de ceux
qui ont maintenu des politiques nationales très développées[24].
Bien loin davoir promu lintérêt
général ou lintérêt des
plus pauvres[25], elle a été au contraire
un moyen pour « tirer léchelle »
sur laquelle voulait monter les pays en développement[26].
Il nen reste pas moins que la question de la raison
de la mondialisation est posée. Elle a été
une puissante arme dans les mains des dominants pour tenter
de reprendre tout ce quils avaient concédé
des années 1950 aux années 1970. La mondialisation
a conduit à de profondes régressions sociales
dans les pays développés. De ce point de vue,
elle apparaît comme une politique qui « appauvrit
les pauvres des pays riches et enrichit les riches des pays
pauvres »[27].
Pour atteindre ses buts, il fallait cependant
la présenter comme un processus naturel, et il fallait
mettre en scène les différentes figures de
limpuissance de lEtat. Le passage progressif
à la mondialisation a ainsi permis de faire passer,
dans les principaux pays européens, les mesures destinées
à faire baisser, en termes relatifs ou absolus, les
salaires et surtout les salaires douvriers. Ceci a
été présenté comme le produit
dune évidence, dune sorte de «
loi de la nature ». Il ny avait pourtant rien
de « naturel » à cela. Les transformations
du cadre dinsertion international sont bien le produit
de politiques, et ces politiques sont en réalité
menées par les Etats. Mais, par lillusion dune
« contrainte extérieure » sappliquant
hors de toute politique, et cela même alors quelle
en est le produit direct, ce discours a produit un mécanisme
progressif dacceptation des mesures qui étaient
ainsi préconisées. On perçoit mieux
maintenant ce à quoi tend le discours de personnes
comme Barroso. Construisant le mythe dune mondialisation-contexte,
il vise à en faire oublier les objectifs.
Nous sommes aujourdhui confrontés
à un basculement de paradigme dont on ne sait certes
pas encore ni le temps quil prendra, ni les formes
quil adoptera, mais dont chaque jour nous voyons de
nouveaux signes. Cest pourtant le moment que choisit
Barroso pour sen faire le chantre. LUnion européenne
telle quelle existe, a toujours été
le fer de lance de cette mondialisation. Ici encore, il
faut y voir tant le poids dune idéologie que
celui dintérêts économiques bien
structurés au sein dune partie de la classe
dominante.
LUnion européenne sest
ainsi jetée tête baissée dans un processus
douverture au libre-échange généralisé.
On connaît le mot de Jacques Delors : « LEurope
protège mais nimpulse pas. ». Il contient
en réalité un double mensonge. LEurope
na jamais protégé et elle impulse, en
réalité, et souvent dans des conditions dune
totale opacité, ce processus de mondialisation. En
fait, dès le début des années 1990,
lEurope sest progressivement transformée
en « meilleure élève » de louverture
avec des conséquences importantes sur ses salariés.
Loin dêtre ainsi un contexte, il sagit
bien dun objectif pour lUE, et par voie de conséquence
pour monsieur Barroso. On peut le constater avec les négociations
des traités CETA et TAFTA que lUE continue
de mener dans la plus totale obscurité.
La haine de lEtat-Nation
Mais Barroso ne se contente pas, dans son
discours, de faire lapologie du monde « tel
quil est » parce que cest celui dont il
profite. Il profère des menaces, et se risque à
des prophéties apocalyptiques dans le cas où
lon remettrait ce monde en cause. En même temps
quil cherche à effrayer son auditoire, ou son
lecteur, Juan-Manuel Barroso présente une alternative,
et cest là que se dévoile le fond de
sa pensée. LEurope, définie comme lUnion
Européenne, ce qui nest ni sans conséquences
ni sans soulever un certain nombre de questions, est alors
présentée comme étant « ni un
super-Etat, ni une organisation internationale ».
Elle serait, au contraire, un projet « sui-generis
», qui résulterait de la libre volonté
des Etats de mettre en commun leur souveraineté afin
de résoudre des problèmes communs[28]. Barroso
sombre ensuite dans lautosatisfaction, et décerne
à lUE des louanges dont, à regarder
les dernières élections européennes,
on peut penser quelles ne sont pas partagées.
LEurope «
a été un petit
laboratoire de la mondialisation, un incubateur de la coopération
internationale et dune gouvernance à plusieurs
niveaux pour plusieurs décennies. Et je suis heureux
de dire quelle a été une expérimentation
très réussie »[29]. Entre un avenir
qui se présente comme radieux, et des alternatives
lourdes de menaces ; comment ne pas choisir ? Il est dommage
que Monsieur Barroso nait pas demandé leur
avis aux grecs, aux portugais, aux espagnols et aux italiens.
De fait, ls britanniques ont donné leurs avis sur
cette question, et ce fut très clair ! Il convient
alors de défendre à tout prix le modèle
douverture extrême qui caractérise lUE.
A cet égard, une autre citation du même discours
est très révélatrice : « Mais,
mettre en cause notre modèle de régionalisme
ouvert reviendrait à mettre en cause lexistence
même de lUnion Européenne »[30].
Décryptons le discours. LUnion
européenne nest pas un « super-état
», bien entendu. Ce simple concept doit faire frémir
dhorreur tout Bruxelles, et jeter les habitants du
Berlaymont dans des transes deffroi. En fait, se situant
dans un « entre-deux », Barroso, et avec lui
les différents bureaucrates européens, espèrent
bien être quitte de linterrogation en démocratie,
désormais récurrente à propos de lUnion
européenne. LUE nest pas un « super-état
» ? Fort bien, on na donc pas à faire
la démonstration quil existe un « peuple
européen », ni à mettre ces institutions
sous le contrôle dune souveraineté populaire.
Mais lUE nest pas, non plus une « organisation
internationale ». ce point est important. Si lon
considère que lUE est bien une organisation
internationale, alors le droit de coordination lemporte
sur le droit de subordination. Les décisions ne peuvent
être prises quà lunanimité
des Etats participants, et le contrôle de la souveraineté
populaire se recompose, certes de manière indirecte,
mais tout à fait réelle. En affirmant péremptoirement
que lUE est un projet « sui generis »,
Barroso et ses confrères sexonèrent
de tout contrôle démocratique et enterrent
ainsi le principe de souveraineté nationale, mais
sans le remplacer par un autre principe. Cest le fait
du Prince dans toute sa nudité, certes caché
dans une formule dont Jean de La Fontaine[31] apprécierait
lhommage (involontaire) à sa fable de la Chauve
Souris et des Deux Belettes : « Je suis Oiseau : voyez
mes ailes;?Vive la gent qui fend les airs !
. Je suis
Souris : vivent les Rats;?Jupiter confonde les Chats ».
De fait, javoue que je naime pas la version
politique de ces petits animaux[32].
Cette volonté farouche de faire disparaître
du champ politique le principe de la souveraineté
ne peut se justifier que par une volonté de faire
disparaître aussi le principe de démocratie.
Voilà donc ce qui se cache derrière
Monsieur Barroso, et quelques autres. Une haine farouche,
hystérique, de la démocratie parce quelle
peut remettre en cause, à tout instant, leurs prébendes
et leurs privilèges. Après tout, que Barroso
et ses amis aillent à Goldman Sachs nest pas
un problème. Ce qui lest, cest ce quils
ont fait quand ils étaient aux commandes de lUnion
européenne. Alors, quils aillent donc à
New York ou au Diable de Vauvert ; et quils y restent
! Car, ce qui les attend en Europe, cest vraisemblablement
une pique et leur tête au bout.
Notes
[1] http://www.lefigaro.fr/vox/monde/2016/07/11/31002-20160711ARTFIG00069-barroso-a-goldman-sachs-l-arrogance-de-l-europe-d-en-haut-envers-l-europe-d-en-bas.php
[2] Voir la réaction dun journal
portugais : « Reações: Barroso acusado
de gangsterismo financeiro », http://expresso.sapo.pt/politica/2016-07-08-Reacoes-Barroso-acusado-de-gangsterismo-financeiro
[3] http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/07/11/jose-manuel-barroso-l-anti-europeen_4967644_3232.html
[4] https://www.youtube.com/watch?v=JxqNP2O4N1w
[5] Barroso J-M., Speech by President Barroso:
« Global Europe, from the Atlantic to the Pacific
», Speech 14/352, discours prononcé à
luniversité de Stanford, 1er mai 2014.
[6] Barroso J-M., op.cit. La citation exacte
est : « Some have even called it a flat world
meaning that fluidity has replaced structure, with no state
able to dominate or dictate »
[7] L. Walras, Éléménts
déconomie politique pure ou théorie
de la richesse sociale, Pichon et Durand-Auzias, Paris,
1900.
[8] Voir Walras L., Théorie Mathématique
de la Richesse sociale, (1863) Otto Zeller, Osnabrück,
1964. Pour une analyse des implications de la Loi de Walras,
J.M. Grandmont, Money and Value , Cambridge University Press
et Éditions de la MSH, Londres-Paris, 1983, pp. 10-13.
[9] A.V. Banerjee et E.S. Maskin, «
A walrasian theory of money and barter », in Quarterly
Journal of Economics , vol. CXI, n°4, 1996, novembre,
pp. 955-1005. Voir aussi A. Alchian, « Why Money?
», in Journal of Money, Credit and Banking, Vol. IX,
n°1, 1977, pp. 133-140.
[10] J.M. Grandmont, Money and Value , Cambridge
University Press et Éditions de la MSH, Londres-Paris,
1983.
[11] Sur ce point larticle fondateur
est A.C. Pigou, The Classical Stationary State
in Economic Journal , vol. 53, 1943, pp. 343-351. Une version
moderne du raisonnement est présentée dans
D. Patinkin, Money, Interests and Prices, Harper & Row,
New York, 1965, 2ème édition.
[12] Le défenseur le plus radical
de cette position est R. Lucas, An Equilibrium Model
of Business cycle, in Journal of Political Economy
, vol. 83, 1975, pp. 1113-1124.
[13] J.M. Grandmont, Temporary General
Equilibrium Theory, in Econometrica, vol. 45, 1977,
pp. 535-572.
[14] A. Insel, Une rigueur pour la
forme: Pourquoi la théorie néoclassique fascine-t-elle
tant les économistes et comment sen déprendre?,
in Revue Semestrielle du MAUSS, n°3, éditions
la Découverte, Paris, 1994, pp. 77-94. voir aussi
G. Berthoud, Léconomie: Un ordre généralisé?,
in Revue Semestrielle du MAUSS, n°3, op.cit., pp. 42-58.
[15] Boukharine N., Léconomie
politique du rentier, édition originale en russe.
Traduction française Léconomie politique
du rentier, critique de léconomie marginaliste,
Paris, Études et documentation internationales, 1967.
[16] Favereau O., Marchés internes,
marchés externes, in Revue Économique,
vol. 40, n°2/1989, mars, pp. 273-328.
[17] La présentation canonique étant
G. Debreu, Theory of Value: an axiomatic analysis of economic
equilibrium, Yale University Press, New Haven, 1959.
[18] Voir M. Morishima, The Good and
Bad Use of Mathematics in P. Viles & G. Routh,
(edits.), Economics in Disarray , Basil Blackwell, Oxford,
1984.
[19] Sur le mécanicisme et le réductionisme
en économie voir: N. Georgescu-Roegen, « Mechanistic
Dogma in Economics », in Brittish Review of Economic
Issues, n°2, 1978, mai, pp.1-10; du même auteur,
Analytical economics, Harvard University Press, Cambridge,
Mass., 1966. G. Seba, « The Development of the Concept
of mechanism and Model in Physical Science and Economic
Thought », in American Economic Review Papers
and Proceedings , vol.43, 1953, n°2, mai, pp.259-268.
G.L.S. Shackle, Epistemics and Economics : a Critique of
Economic Doctrines, Cambridge University Press, Cambridge,
1972.
[20] Johnson C., Japan, Who Governs?, Norton,
New York, 1995.
[21] Favereau O., Marchés internes,
marchés externes.. op. cit..
[22] A. Langer, « Horizontal Inequalities
and Violent Group Mobilization in Côte dIvoire
», Oxford Development Studies, vol. 33, n° 1,
mars 2005, p. 25-44.
[23] C. Oya, « Agricultural Maladjustment
in Africa: What Have We Learned After Two Decades of Liberalisation?
», Journal of Contemporary African Studies, vol. 25,
n° 2, 2007, p. 275-297.
[24] H.-J. Chang, « The Economic Theory
of the Developmental State » in M. Woo-Cumings (dir.),
The Developmental State, Ithaca, Cornell University Press,
1999. D. Rodrik, « What Produces Economic Success?
» in R. Ffrench-Davis (dir.), Economic Growth with
Equity: Challenges for Latin America, Londres, Palgrave
Macmillan, 2007.
[25] T. Mkandawire, « Thinking About
Developmental States in Africa », Cambridge Journal
of Economics, vol. 25, n° 2, 2001, p. 289-313.
[26] H.-J. Chang, Kicking away the Ladder:
Policies and Institutions for Development in Historical
Perspective, Londres, Anthem Press, 2002Londres, Anthem
Press, 2002.
[27] Sapir J., La démondialisation,
Le Seuil, Paris, 2010.
[28] Barroso J-M, « It is neither
a superstate nor an international organisation. It is a
sui generis project composed of sovereign states who willingly
decided to pool their sovereignty in order to address better
their common problems »
[29] Idem, « In fact Europe has been
a small laboratory of globalisation, an incubator of international
cooperation and multi-layered governance for several decades.
And I am glad to say that it has been a very successful
experiment ».
[30] Idem, « But to put in cause our
open regionalism model is to put in cause the very existence
of the European Union ».
[31] Et avant lui Esope, mais ceci est une
autre histoire
.
[32] https://www.youtube.com/watch?v=mMD5CZSE6JA
Voir aussi de Jacques Sapir
L'union européenne agonise 15/07/2016
https://fr.sputniknews.com/points_de_vue/201607151026703186-ue-crise/