Sommet
du G20. Perspectives et résistances.
Jean-Paul Baquiast 17/06/2016

Bleu foncé Pays
membres du G20
Mauve Pays « invités permanents »
Bleu clair Pays participants en tant que membres de l'Union
européenne
Le Groupe des vingt (G20) est
composé de dix-neuf pays et de l'union européenne
dont les ministres, les chefs des banques centrales et les
chefs d'États se réunissent régulièrement.
Il a été créé en 1999 après
la succession de crises financières dans les années
1990. Il vise à favoriser la concertation internationale
en intégrant le principe d'un dialogue élargi
tenant compte du poids économique croissant pris
par un certain nombre de pays, et non représentés
dans les autres Groupes plus anciens (G5, G8, G9). Le G20
représente 85 % du commerce mondial, les deux
tiers de la population mondiale et plus de 90 % du
produit mondial brut.
Son prochain sommet se tiendra à Hangzhou (Chine)
de fin juillet à début août 2016
Projets chinois
Devant l'incapacité des organisations
internationales actuelles, ONU, OMC, FMI à organiser
une coexistence pacifique et à plus forte raison
une collaboration entre les grands blocs politico-économique
dominants, les Chinois tentent de faire du G20 la plate-forme
politique dune gouvernance mondiale encore à
inventer. Ils feront des propositions précises sur
ce thème lors du Sommet de Hangzhou. Comme le G20
n'est pas une structure permanente, il devra se doter dun
secrétariat exécutif chargé de la mise
en uvre de ses décisions. La création
dun tel secrétariat devrait être annoncée
en septembre 2016, à la suite du sommet de Hangzhou.
On aurait pu penser que la Chine, devant
son incapacité et celle des membres du Brics, à
ouvrir les organisations actuelles, notamment OMC, FMI et
Banque mondiale à d'autres influences que celle prépondérante,
économique et politique, des Etats-Unis, se serait
repliée sur des structures internationales propres
au Brics et à l'organisation de coopération
de Shanghai. Mais ce serait renoncer à toute influence
auprès des 2/3 des pays du monde. Ceux-ci sont évidemment
soumis au contrôle américain, mais ils le resteront
indéfiniment si de nouvelles structures internationales
plus ouvertes, notamment aux pays émergents, n'étaient
pas mises en place.
Pour la Chine, il devrait être possible,
à l'occasion du G20, de fonder de nouvelles institutions
où se retrouveraient les anciennes et les nouvelles
puissances. Il ne serait pas nécessaire de beaucoup
inventer pour ce faire. L'OMC pourrait devenir le « Ministère
du Commerce mondial » agissant sous lautorité
du G20, le FMI le « Ministère des Finances
mondial », lONU linstance de décision
législative. Il semble bien que les Chinois proposeront
en ce sens un plan sur 5 ans pour lorganisation dune
gouvernance internationale appuyée sur le G20, organe
politique actuellement le plus légitime et le plus
représentatif au niveau mondial.
Tout esprit clairvoyant perçoit bien
le besoin d'une telle structure, que ce soit au plan de
la protection de l'environnement, de la sauvegarde des ressources
de la planète, de la mise en place d'une société
numérique ouverte, de l'organisation d'une présence
pacifique dans l'espace. Sinon, ce sera un repli national
généralisé. Non seulement les petits
pays en seront les victimes, mais même les pays plus
importants. Les problèmes sont globaux et globalisés,
en théorie leur règlement est globalisable.
Obstacles quasi insurmontables
Ceci admis, les raisons de ne pas fonder
d'espoirs en ce sens, autrement dit de ne rien espérer
de concret du G20, sont nombreuses. Jamais les Etats-Unis,
actuellement dominants dans les 2/3 du monde, et particulièrement
au sein de l'Union européenne, ne se laisseront priver,
ne fut-ce que marginalement, des instruments mondiaux leur
permettant d'assurer leur puissance, ceci au moment notamment
où ils paraissent envisager très sérieusement
une guerre avec la Chine. Comment les démocraties
européennes, si ce terme a encore un sens, recevront-elles
des propositions de gouvernance émanant de la Chine
dont il est difficile d'affirmer que celle-ci procède
à l'européenne dans le cadre de son évolution
interne?
Plus fondamentalement, comment de nouvelles
institutions mondiales pourraient-elles se passer du soutien
des peuples directement concernés, s'exprimant dans
le cadre de procédures démocratiques, élections,
référendums ou médias indépendants
? Si une décision pouvait être prise visant
à transformer le G20 en une instance démocratique
mondiale, ce que l'ONU n'a jamais réussi à
devenir depuis sa création, il est facile d'imaginer
les obstacles ne fut-ce que pratiques à surmonter.
De plus dans ce cas, le G20 devra faire une place à
la centaine de petits pays non encore représentés,
et bien présents - certains disent trop présents
- à l'ONU. La question ne pourra pas être éludée.
Cependant, nous avons ici signalé
les pronostics très pessimistes de certains scientifiques,
annonçant à moins d'un véritable miracle,
la disparition de l'humanité toute entière
d'ici la fin du siècle. Pourrait-on espérer
qu'un G20 profondément transformé puisse contribuer
à ce miracle?
Références
* Le G20
https://fr.wikipedia.org/wiki/Groupe_des_vingt
* Sommet de Hangzou
http://www.g20.org/English/Dynamic/201606/t20160601_2291.html
* Calendrier
http://www.g20.org/English/G20Calendar/201512/t20151231_2098.html
* Sur l'ordre du jour et les enjeux, voir un regard chinois
(traduction française)
Chine-info Le sommet qui changera le G20 11/05/2016
http://www.chine-info.com/french/look/20160511/230176.html