Sciences et politique politiques.
L'investissement dans
les sciences et les technologies, une chance pour Arnaud
Montebourg ?
Jean-Paul Baquiast 17/05/2016

L'on
considère non sans raisons que même dans les
démocraties occidentales, les « sans voix »,
autrement dit le 95% des électeurs que nul n'écoute
jamais dans des systèmes politiques verrouillés
par la coalition des « dominants », ne pourront
jamais se faire entendre. Il semble pourtant que la situation
pourrait évoluer progressivement. Deux exemples récents
le font espérer.
Il s'agit
d'abord de la campagne pour l'élection présidentielle
américaine. Donald Trump y sera vraisemblablement
choisi par le parti républicain pour y porter ses
couleurs. En face de lui, Bernie Sanders, le candidat «
socialiste » , concurrence sérieusement Hillary
Clinton au sein du parti démocrate. L'un et l'autre
s'appuient sur des millions d'électeurs jusqu'ici
maintenus dans l'anonymat par les intérêts
dominants dans chacun de ces partis. Les programmes de Trump
et de Sanders font directement appel au soutien de ces électeurs.
Il est facile de dire qu'il s'agit d'un retour au nationalisme
et à l'isolationnisme. En fait ils font sous des
formes différentes appel, entre autres, à
l'investissement productif financé très largement
par des ressources publiques, et non par d'anonymes actionnaires
délocalisés.
Il en
est de même en Grande Bretagne. Actuellement Jeremy
Corbin semble au sein du Parti travailliste mobiliser de
nombreux électeurs jusqu'ici découragés
par l'omni-présence de Wall Street et de la City
de Londres.
La menace
est prise très au sérieux par l'establishment,
des deux côtés de l'Atlantique. Au Royaume
Uni, l'establishment tente de démobiliser les électeurs
travaillistes en les persuadant que seul l'hyper-libéral
Labour traditionnel, représenté jusqu'à
très récemment par Tony Blair, peut défendre
les intérêts des travailleurs. Aux Etats-Unis,
le même establishment tente d'opposer les travailleurs
afro-américains que prétend représenter
Hillary Clinton, et les blancs pauvres faisant le succès
de Donald Trump. Mais cet effort, visant à ressusciter
un racisme latent aux Etats-Unis, fera sans doute long feu.
Il n'est pas exclu que les travailleurs des deux camps se
retrouvent derère Trump, voire derrière un
troisième candidat qui l'emporterait sur les deux
autres.
En
France
En France,
il n'existe malheureusement pas encore de candidats aux
élections présidentielles de 2017 qui soit
capable sur des bases nouvelles de rassembler les voix populaires
allant faute de mieux au Front National ou qui rejettent
dorénavant le « socialisme » de François
Hollande. Les candidats éventuels de l'extrême
gauche ne font malheureusement pas le poids. Une place serait
donc à prendre entre le FN et le PS. Mais quel homme
et mouvement politique capables de s'imposer en moins de
18 mois, pourrait-il d'ici là surgir du néant.
C'est
là que l'on pourrait considérer avec intérêt
une candidature de Arnaud Montebourg aux présidentielles.
Il n'a pas jusqu'ici beaucoup impressionné par une
volonté de conquérir le pouvoir en faisant
appel à des électeurs nouveaux mobilisés
par un programme profondément original. Il faut se
rappeler pourtant qu'au gouvernement, en tant que ministre
du redressement productif, il avait un temps défendu
le développement des investissements publics ou aidés
par l'Etat dans tous les secteurs innovants. Notamment le
numérique, la robotique, la croissance verte ou les
infrastructures nouvelles. Un ou plusieurs fonds d'investissement
associant le public et le privé avaient été
crées ou envisagés.
Depuis,
faute d'appuis gouvernementaux, et en proie à l'hostilité
marquée de l'Union européenne et de la Banque
centrale européenne, ils ont dépéri.
Montebourg s'est replié à titre personnel
sur un petit fonds au service de la start-up bretonne New
Wind, spécialisée dans un secteur particulièrement
d'avenir, l'éolien. Reste cependant de l'aventure
Montebourg un grand nombre de projets de recherche et de
développement industriel dans les secteurs représentant
l'économie scientifique des prochaines décennies,
qui pourraient redémarrer avec le soutien efficace
d'un nouveau président. Nous faisons souvent ici
même allusion aux plus innovants de ces projets. Beaucoup
associent d'ailleurs des partenaires provenant des autres
pays européens.
L'on
voit facilement compte tenu de ce qui précède
ce que pourrait être l'argument majeur d'un programme
politique proposé par Arnaud Montebourg, programme
qui s'opposerait aux politiques des 5% de dominants reprises
actuellement par le droite et la gauche réunies.
En quelques semaines, s'il le voulait, un tel programme
pourrait être finalisé et présentés
aux 95% d'électeurs à la recherche d'autres
perspectives. Le succès pourrait
être foudroyant, à l'exemple de celui actuel
de Donald Trump. Quant au problème de financement,
il ne se poserait pas. Il suffirait d'augmenter de quelques
% la dette de la France, avec en ce domaine une garantie
assurée de remboursement en quelques années.
Montebourg
se dit socialiste. C'est bien mais il faut proposer le socialisme
de demain, reposant sur l'investissement et la recherche,
un protectionnisme mesuré et un refus permanent des
intrusions américaines à partir de la plate
forme qu'a toujours été pour eux l'Union européenne.
S'il savait défendre et illustrer cette perspective,
en s'appuyant notamment sur les perspectives d'innovation
qui dorment dans les placard, il est certain qu'il gagnerait
d'innombrables voix, non seulement dans la gauche française
mais provenant du Front National. Rappelons que la plupart
des soutiens de ce dernier sont des citoyens déçus
par l'absence, tant au Parti Socialiste que chez Les Républicains,
de toute politique sérieuse d'investissement, seule
soutien crédible à la reprise de l'emploi,
et seul support possible pour un redressement de la France.