Géopolitique. La Belgique:
un exemple à ne pas suivre
Jean-Paul
Baquiast 20/05/2016
Le
plus haut magistrat de Belgique, Premier Président
de la Chambre de Cassation, le chevalier Jean de Codt, a
évoqué le 15 mai, dans une émission
de débat politique, le fait qu'avec une justice paralysée,
l'Etat belge cessait d'être un Etat de droit mais
devenait un Etat voyou. (cf. ref. ci-dessous). Il faisait
allusion aux restrictions budgétaires croissantes
qui de plus en plus paralysent la justice fédérale.
Mais il mentionnait aussi, dans ce sens, le délabrement
des prisons et de la police judiciaire 1).
L'on pourrait assimiler ce jugement sévère
à une revendication corporatiste émanant de
la profession des juges, s'estimant trop peu nombreux et
trop mal rémunérés. Mais pour notre
part, nous ne la lisons pas comme cela.
Elle exprime une désespérance ressentie par
toutes les forces démocratiques belges, face au délabrement
qui atteint désormais l'Etat et tout ce qu'il représente
en termes de protection des citoyens les plus démunis,
de liberté, d'égalité et plus particulièrement
en ce qui concerne la défense des services publics.
Les citoyens belges y sont aussi attachés, non seulement
en Wallonie mais en Flandre, que leurs homologues français.
Ceux-ci pourraient reprendre à leur compte la juste
indignation du haut magistrat.
La pénétration
des institutions belges, au plan national, régional
et municipal, par des mouvements islamistes de combat visant
à y imposer la charia et autres moeurs inacceptables
en Europe, est une conséquence directe de cet affaiblissement
de la justice belge. Le président Jean de Codt, autant
que nous sachions, n'y a pas fait allusion. Mais à
la suite notamment des attentats à Paris et à
Bruxelles, et en prévision d'autres qui se préparent,
il aurait du selon nous le dire explicitement
Pour
notre part, nous voudrions aller plus loin, en proposant
de réfléchir aux causes qui depuis déjà
des années, ont dégradé l'Etat belge
et qui font de la Belgique un exemple à fuir, notamment
en France. Notre analyse est rapide et sans doute partisane.
Mais dans le cadre d'un simple article, il est difficile
de traiter un sujet qui mériterait de faire l'objet
d'une thèse d'agrégation.
Le
poids de l'américanisme
Le premier
des maux qui détruisent la Belgique, depuis déjà
la fin de la guerre et la mise en place sous la pression
américaine de l'Union européenne, dont les
institutions siègent à Bruxelles, est une
soumission passive aux intérêts multiples des
Etats-Unis. Ceux-ci visent par des efforts diplomatiques
persistants, relayés par des dizaines de milliers
de groupes de pression et d'ONG, à imposer à
l'Europe la disparition des Etats nationaux et le gouvernement
des groupes de pression financiers, économiques et
militaires par lesquels l'Empire américain veut mettre
l'Europe au service de ses intérêts. La Belgique,
« occupée » dès la fin de la seconde
guerre mondiale, leur sert depuis de porte d'entrée
permanente au sein de l'Union et des Etats nationaux.
Cette
guerre américaine ne se ralentit pas, au contraire,
compte tenu de l'effort que font les Etats-Unis pour contrer
ce qu'ils ont ressenti comme un retour de l'influence de
Moscou. La Commission européenne, et dans une moindre
mesure le Parlement européen, soumis en permanence
à leurs jeux d'influence, en sont les premiers agents.
Ainsi, un traité comme le TAFTA, piloté en
Europe par la Commission, vise, nous l'avons souvent montré,
à remplacer les Etats européens par des syndicats
d'intérêts transnationaux et, en ce qui concerne
la justice, par des chambres d'arbitrage. Il est bien évident
que si un Etat belge au service de ses intérêts
nationaux et de ses services publics s'opposait à
cette politique, l'exemple serait désastreux pour
les autres Etats-membres de l'Union. Il faut donc détruire
l'Etat belge.
Des
affrontements provincialistes suicidaires
Mais
une seconde raison expliquant le délabrement de l'Etat
belge et notamment celui de la justice, tient à la
faiblesse de l'Etat fédéral face aux efforts
d'autonomie de la Flandre, suivis en réaction par
ceux de la Wallonie. Les Flamands s'imaginent pouvoir mieux
défendre leurs intérêts particuliers
s'ils sortaient de l'Etat fédéral et même
du Royaume. Il s'agit certainement d'une opinion à
courte vue. L'Etat belge pèse déjà
généralement peu au sein des pays européens.
Un Etat flamand, malgré ses atouts certains, souffrirait
du même mal. Le même argument, à plus
forte raison, pourrait être opposé aux wallons
francophones tentés par une autonomie en retour.
En termes
sociologiques, pour ne pas dire anthropologiques, il serait
intérêt d'étudier pourquoi de petites
provinces acceptent de s'opposer les unes aux autres, au
sein de certains Etats, sous prétexte de régionalisme.
Ceci même si rassemblés ils pèseraient
davantage dans le monde. En Belgique, cette opposition est
devenue suicidaire, quoique en pensent les activistes et
autonomistes des deux bords. L'exemple de la Suisse montre
au contraire comment des provinces profondément différentes
acceptent de s'unir au sein d'une structure fédérale
qui, bien que de taille réduite, peut ainsi se faire
mondialement respecter.
En ce
qui concerne la France, pour les deux raisons principales
que nous avons évoquées ci-dessus, l'exemple
de la Belgique serait particulièrement à fuir.
Non seulement en ce qui concerne la disparition des service
publics d'Etat et la soumission à l'américanisme,
mais en ce qui concerne les revendications autonomistes
de certaines provinces. La France depuis 1789 a toujours
été une République Une et Indivisible.
Elle doit le rester.
1) A
lire
http://www.rtbf.be/info/dossier/les-decodeurs/detail_jean-de-codt-aurait-il-du-se-taire?id=9302712