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Editorial
3. L'Europe allemande ?
Jean-Paul Baquiast, Christophe Jacquemin 22/04/2016
Depuis quelques semaines,
nombre de conservateurs allemands reprochent à la politique
de taux bas de la BCE de ruiner les épargnants de Munich
ou de Francfort. Le 10 avril, le ministre des finances
allemand, Wolfgang Schäuble, a quant à lui accusé
Mario Draghi de mettre en danger le système financier.
Mais aussi dêtre responsable de la montée
de lextrême droite dans son pays.
En effet la santé du
conglomérat dit Sparkasse des Bundes consistant en
plus de 430 banques, caisses d'épargne et banques mutualistes
dépend de taux d'intérêts positifs qui
leur permettent de récupérer le coût des
crédits consentis aux entreprises. Il en est de même
des nombreux petits épargnants allemands, qui voient
leurs retours sur épargne réduite à zéro.
Ces taux d'intérêts élevés, en
principe, ne devaient pas contre pas gêner excessivement
l'industrie allemande, suffisamment puissante pour financer
seules ses propres investissements.
La politique de taux bas de la BCE, consistant notamment à
racheter les dettes des Etats en déversant ainsi indirectement
des milliards d'euros dans l'économie (quantitative
easing) fait la suite aux mêmes politiques pratiquées
depuis plusieurs années par la Fed américaine.
Pour celle-ci, il s'agit de lutter contre la baisse persistante
de l'investissement dans l'économie réelle affectant
les Etats-Unis comme le reste du monde. Accessoirement, aux
Etats-Unis, il s'agit de faciliter les emprunts fédéraux
destinés à financer des dépenses militaires
en constante augmentation.
Cependant, alors que l'ensemble des économies mondiales
souffre de décroissance, ces bas taux ne servent pas
à relancer les investissements, ni en Amérique
ni ailleurs. Ils ont seulement pour effet de fournir plus
de facilités aux banques d'affaires mondiales leur
permettant de jouer sur des titres ne représentant
en rien l'économie réelle. Comme nous l'avons
plusieurs fois exposé ici, si l'on voulait en Europe
que la croissance reprenne, il faudrait que les banques nationales
et derrière elles les banques centrales et la BCE fournissent
à l'économie des moyens de répondre à
la demande d'investissement dans l'industrie, les infrastructures
et la recherche restant actuellement sans financement. Ce
qu'elles ne font pas.
La commission européenne avait évalué
le besoin de l'Europe en grands investissements productifs
à plus de 300 milliards d'euro à court terme.
Aucun de ces milliards n'est en vue aujourd'hui, faute de
financements publics, relayés par la BCE, à
travers des outils comme la Banque européenne d'investissement
ou des Fonds d'investissement stratégiques à
mettre en place dans les secteurs demandeurs.
La querelle actuelle entre Schäuble et Draghi montre
seulement des divergences dans l'appréciation des politiques
visant à faire de l'Union européenne une construction
allemande. Malgré ses prétentions à l'indépendance,
la BCE, très fortement soumise à l'influence
de l'Etat allemand, ne milite en rien pour des politiques
de taux d'intérêts, qu'ils soient bas ou élevés,
visant à relancer des investissements productifs dans
l'Union. Or seuls ceux-ci pourraient contribuer à la
baisse du chômage, autrement que par des mesures cosmétiques
telles que celles appliquées en France.
Note.
Notre ami Joseph Leddet écrit:
D'accord avec cet article.
Cela étant, pour la critique des taux bas ou négatifs
qui ruinent les épargnants, je suis d'accord avec M.
Schäuble, et ce d'autant plus que cela ne relance pas
l'économie, ni les investissements collectifs.
PS: il faut un retour de l'Etat, en zone "euro",
pour mobiliser l'épargne et la BCE en faveur de grands
projets collectifs....