Automates
Intelligents s'enrichit du logiciel
Alexandria.
Double-cliquez sur chaque mot de cette page et s'afficheront
alors définitions, synonymes et expressions constituées
de ce mot. Une fenêtre déroulante permet
aussi d'accéder à la définition du
mot dans une autre langue (22 langues sont disponibles,
dont le Japonais). |
Edito3.
Choisir entre LIGO et les bombes.
Jean-Paul
Baquiast, Christophe Jacquemin, 14/02/2016

Source
Physical Review Letters
La détection
des ondes gravitationnelles annoncée par la collaboration
LIGO ne doit pas seulement être considérée
comme un résultat scientifique. Elle montre le succès
de certaines formes de sociétés humaines ayant
permis cet exploit.
Il s'agit de sociétés comportant des humains
acceptant de consacrer à une recherche scientifique
sans applications immédiates, et ne générant
aucun profit capitaliste, des ressources importantes de matière
grise, de temps et aussi de moyens matériels.
Le détecteur LIGO (Laser Interferometer Gravitational-Wave
Observatory) comme son homologue européen Virgo1) constituent
semble-t-il, les instruments les plus précis jamais
construits. Ils peuvent mesurer des ondulations dans l'espace
temps se traduisant par des déplacement d'environ un
atome entre les deux branches du détecteur.
Leur mise au point a résulté de recherches de
plusieurs décennies dans les domaines des lasers, de
la technologie du vide, de la séismologie et bien d'autres.
De nouvelles mathématiques ont du être développées
pour extraire le bruit d'un signal cosmologique noyé
dans les multiples bruits provenant du détecteur et
du milieu environnant. Des milliers de scientifiques et d'ingénieurs
ont résolu tous les défis techniques et progressivement
amélioré la sensibilité des détecteurs.
Ce travail se poursuit aujourd'hui, tant dans les interféromètres
à terre que dans la mise au point des interféromètres
satellitaires du projet eLISA. Tout laisse prévoir
que les défis à résoudre seront encore
plus grands.
De plus, comme ceci a été amplement souligné,
la forme particulière du signal (voir image ci-dessus),
correspond aux prévisions des équations de la
relativité générale imaginée par
Einstein pendant et peu après une première guerre
mondiale, guerre ayant entrainé la mort de millions
d'humains, parmi lesquels d'ailleurs des scientifiques ayant
contribué indirectement aux découvertes d'Einstein.
Ces équations ont permis d'attribuer avec précision
le « bruit » de quelques fractions de
seconde à la fusion finale de deux trous noirs de taille
moyenne, soit une trentaine de masses solaires, formés
par l'effondrement gravitationnel des deux étoiles
ayant gravité en harmonie pendant sans doute plusieurs
milliards d'années.
Comme souligné par les articles scientifiques, l'astronomie
gravitationnelle prendra dans les prochaines années,
sauf de nouvelles guerres destructrices, une importance sans
doute supérieure à celle de l'astronomie optique
et électromagnétique. Les ondes gravitationnelles
primordiales, résultant d'un événement
de bien plus grande ampleur, le Big Bang, pourront être
enfin analysées , donnant de nouvelles lumières
sur la nature de cet événement et son insertion
dans un univers plus pluriel que le nôtre. Il en sera
de même de l'étude de la matière noire,
invisible aujourd'hui mais qui est le principal facteur de
la formation des astres par condensation gravitationnelle
de nuages de poussières galactiques antérieures.
Le matérialisme scientifique
Les formes de sociétés humaines capables de
consacrer du temps et de l'enthousiasme à de telles
recherches sont aussi celles qui refusent les conceptions
religieuses du monde, selon lesquelles tout ce qui existe
résulte de l'intervention d'un Dieu créateur
lequel, par définition, sera à jamais connaissable.
Elles refusent aussi toutes les mythologies et politiques
prospérant dans l'irrationnel, dont les conséquences
meurtrières sont de plus en plus visibles, sous la
forme notamment aujourd'hui des combattants du djihad qui
n'hésiteraient pas, profitant d'un moment d'inattention,
à se faire sauter pour détruire un interféromètre,
produit du diable.
Chacun des 7 milliards d'humains vivant aujourd'hui sur Terre
sera rapidement capable, avec le progrès des communications
et débats sur support numérique, de décider
s'il veut se dégager de constructions mythologiques
millénaires imposant de soumettre les esprits à
la domination de religions, de sectes et d'intérêts
matériels. Le feront-ils? On peut en douter, vu les
disproportions entre le nombre de ceux qui se tournent vers
les sciences pour progresser, et ceux qui préfèrent
s'en remettre à la violence la plus primitive.
Mais la question doit aussi être posée aux humains
qui, au sein des sociétés dites développées
et riches, acceptent de consacrer aux dépenses militaires
et aux guerres l'essentiel des ressources résultant
de l'industrie et de la science. Combien d'interféromètres
ou instruments analogues pourraient être financés
par le budget militaire du Pentagone? Plus immédiatement,
combien de technologies permettant de lutter contra la faim
dans le monde, le réchauffement climatique et la destruction
des espèces vivantes pourraient être financées
par des budgets comparables.
Or dans nos sociétés dites riches si fières
de leurs capacités scientifiques, le citoyen de la
base est-il en présence, lors des élections
notamment, de partis et candidats leur donnant à choisir
réellement entre la science désintéressée
ou le profit et la guerre ? Certainement pas.
De tels
candidats, s'il s'en trouvaient, seraient vite éliminés
par les représentants du 1% d'hyper-riches et d'hyper-puissants
qui mènent le monde. Le citoyen de la base, pour sa
part, renonce à l'idée même de s'opposer
à eux, fasciné qu'il est par le clinquant dont
s'entoure ce 1%. Plutôt que s'identifier aux scientifiques
de LIGO et Virgo, il se croit obligé de s'identifier
aux « personnalités » du monde
médiatique, quand ce n'est pas, plus directement, aux
chefs de guerre, décapiteurs et massacreurs divers.
Sources
1) LIGO voir http://journals.aps.org/prl/abstract/10.1103/PhysRevLett.116.061102#fulltext
2) Virgo. Nommé ainsi par référence à
un amas galactique géant dans la constellation Virgo.
Voir https://en.wikipedia.org/wiki/Virgo_interferometer