Editorial
2. Un robot-tueur ...d'étoiles de mer
Jean-Paul Baquiast et Christophe
Jacquemin - 21/01/2016

Dans
notre article
«L'interdiction des armes létales autonomes»
(28/07/2014), nous avions évoqué notre scepticisme
ddevant les initiatives recommandant l'interdiction au plan
mondial des «armes léthales autonomes».
Deux arguments principaux nous paraissaient justifier ce
scepticisme.:
- d'une part de telles interdictions n'auront guère
d'effet sur un mouvement qui se développera, nécessairement
avec le développement inévitable et d'ailleurs
indispensables des robots autonomes. - d'autre part, elle
ne fera qu'attirer l'attention des criminels et terroristes
de toutes origines sur l'existence et l'intérêt
que pourraient réprésenter pour eux de telles
armes.
Aujourd'hui
cependant, la question est reposée à la suite
de l'apparition de petits robots autonomes nommés
COTSbots (voir
Wikipedia ) dans le but de lutter contre la multiplication
des Crown-Of-Thorns Starfish (COTS), une espèce d'étoile
de mer qui représente aujourd'hui un risque majeur
contre les barrières coralliennes du Pacifique, déjà
très affectées par le réchauffement
climatique.
Le
COTSbot est conçu comme un robot sous-marin autonome
(AUV), destiné à se déplacer seul dans
des environnements coralliens complexes. Il déclenchera
également seul les opérations nécessaires
à la destruction des parasites, soit d'abord les
détecter puis leur injecter un poison mortel.
Il
est doté de capacités robotiques présentées
comme révolutionnaires, en matière d'identification
visuelle et d'algorithmes de commande du comportement susceptibles
d'apprendre de façon autonome pour tenir compte de
l'expérience. Il n'y a rien dans tout cela de bien
dangereux pour l'homme, dira-t-on. Mais il faudrait ne rien
connaître aux transferts de compétences pour
penser que de telles capacités ne puissent pas être
adaptées à des robots tueurs visant des usages
militaires ou criminelles.
Faut-il
pour autant, comme certains défenseurs des droits
de l'homme commencent à le demander, proscrire leur
développement. Notre réponse sera la même
que celle présentée dans notre article précité.
L'interdiction serait sans effets pratiques. Au contraire.
Tout ceci, comme bien d'autres risques, fait désormais
partie de notre monde. Il faut se défendre contre
les dangers potentiels, si la chose est concevable, par
des politiques bien plus générales. Pour notre
part, nous ne voyons d'ailleurs pas véritablement
lesquelles...