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Sciences
politiques
Une condamnation à perpétuité
Jean-Paul Baquiast 09/11/2015
Dans un
long article (trop long s'il veut être percutant)
« Le parti de la liquette » Frédéric
Lordon rappelle que l'hyper-capitalisme est plus que jamais
le maitre du monde. Ceci non seulement aux Etats-Unis mais
en Europe, dont les citoyens pensaient jadis pouvoir échapper
à l'oppression imposée par les 1% qui dominent
l monde, grâce aux protections sociales et aux droits
du travail.
Frédéric Lordon montre que, plus que jamais,
ces dominants réussissent à s'acheter la soumission
de l'écrasante majorité des citoyens par deux
grands moyens: les mirages d'une hyper-consommation prétendue
à la portée de tous, la voix des médias
dédiés à la dépolitisation et
à la fuite dans le rêve.
Tous les
citoyens ne sont pas dupes cependant. Ce sont qui sont dévastés,
pour reprendre les expressions de Lordon, par « l'annonce
du licenciement, les vies en miettes, les familles explosées
par les tensions matérielles, la chute dans la rue
». Mais l'idée de se rebeller ne vient pas à
ces victimes directes, non plus qu'à la grande majorité
des autres condamnés à des vies médiocres.
L'idée ne leur vient pas qu'une meilleure répartition
de l'accès au pouvoir et aux produits de l'économie
pourrait faire disparaître une grande partie de ces
maux.
A juste
titre, Frédéric Lordon pense que les partis
dits de gauche ne feront jamais rien pour changer l'ordre
des pouvoirs, car ils sont eux-mêmes achetés
par les dominants. Il ne voit d'espoir de changement en profondeur
que provenant de l'insurrection des dominés, y compris
violente. Le Système, sans cela, se conservera et se
renforcera toujours. Il est impossible de prévoir ce
qui adviendrait de telles insurrections. L'essentiel cependant
serait qu'elles se produisent.
Nous pensons
pour notre part, quitte à être accusés
de démobiliser ceux qui refusent radicalement le Système,
que de telles insurrections ne se produiront jamais 1). Ou
bien, si elles se produisent ici et là par hasard,
elles n'aboutiront à rien de durable, sauf à
renforcer les pouvoirs dominants. On objectera que dans le
passé certaines révoltes ont été
suivies de la mise en difficulté sinon du renversement
des régimes établis. Mais les historiens savent
bien que ces révoltes, telles l'exemple souvent cité
de la prise de la Bastille en France, traduisaient seulement
l'apparition de nouvelles catégories de dominants,
en l'espèce la classe bourgeoise, remplaçant
celles qui n'avaient pas su se renouveler.
Occupy
Wall Street
Un exemple
récents de telles insurrections populaires plus ou
moins spontanées, fut le mouvement « Occupy Wall
Street » à New York, suivi dans divers pays de
mouvements analogues, ceux des Indignés de toutes nature.
Un
article récent publié par le site alternatif
Counterpunch montre bien les diverses raisons pour lesquelles
ces mouvements ont échoué: notamment l'absence
de cohésion entre les organisateurs, l'incapacité
à proposer des solutions de remplacement qui ne seraient
pas d'une façon ou d'une autre la reconduction de celles
contre lesquelles s'était faite la mobilisation -sans
mentionner la peur du désordre partout répandue,
même chez ceux qui n'ont rien à perdre. Par contre
l'article se borne à évoquer, sans insister,
la raison pour laquelle ces mouvements ne pourraient pas aboutir,
la répression qu'ils provoqueraient.
Or il
s'agit pour nous d'une raison majeure. Les Pouvoirs dominants
possèdent la force policière, juridictionnelle
et militaire. Ils sont seuls à le faire. Ils n'hésitent
pas à s'en servir pour éliminer dans l'oeuf
toute oppositions susceptibles de devenir dangereuses pour
eux. Avec le progrès technique et scientifique, ces
moyens ne cesseront de se perfectionner, pouvant aller jusqu'à
un véritable contrôle des cerveaux, dans un sens
voulu pour le renforcement des inégalités. Les
oppositions, si certaines se font encore jour, seront de plus
en plus verbales, provenant elles-mêmes d'un nombre
de plus en plus réduit de citoyens.
En bonne
logique systémique, on fera valoir qu'il n'existe pas
dans l'univers d'organisations pérennes, quelles qu'elles
soient. Toutes, à un moment ou un autre, finissent
pas disparaître et ce de façon inattendue. Soit.
Disons seulement alors que pour notre part, nous ne voyons
absolument pas comment l'hypercapitalisme et son volet financier
le néolibéralisme pourront un jour disparaître,
en quelque partie du monde que ce soit. Les très probables
évolutions catastrophiques découlant du réchauffement
climatique et de la destruction des écosystèmes
renforceront encore leur emprise. Les 1% de dominants seront
en effet les derniers à en souffrir.
PS. On
doit mentionner cependant le fait que si, par exemple face
aux Russes au Moyen-Orient, les Etats-Unis subissaient une
défaite morale et politique de première grandeur,
l'hyper-capitalisme dont ils sont le coeur subirait une défaite
du même ordre. Alors les peuples pourraient peut être
reprendre la parole.
Note
1) Christophe Jacquemin écrit:
Je ne crois pas à l'insurection, mais j'ai encore l'espoir
de mouvements citoyens.
Viendra certainement un renouveau des "coopératives"
(avec toute la noblesse de ce mot)... Ce sera au départ
marginal, mais s'étendra petit à petit... Enfin
je l'espère