Editorial
1. COP21.
Et après? Réflexions rapides
Jean-Paul Baquiast, Christophe Jacquemin 12/11/2015
Il n'est pas possible d'aborder la COP21 sans études
approfondies concernant les suites susceptibles de survenir
dans l'avenir en fonction des décisions qui seront
prises. Nous ne pouvons pas , même sommairement, nous
y référer dans le cadre de cet article. Bornons-nous
à proposer ci-dessous quelques réflexions
rapides.
1.
Plusieurs cas doivent être évoqués
Hypothèse
1. La Cop21 s'accorde sur la nécessité
d'adopter un ensemble de mesures susceptibles de limiter
l'augmentation des températures globale d'ici 2100
à 2° centigrades.
Dans
ce cas, selon les prévisions communément admises
aujourd'hui par les scientifiques du GIEC et plus généralement
par le quasi communauté des scientifiques compétents
sur ces questions, diverses conséquences dangereuses
ne pourraient pas être évitées, mais
elles seront maitrisables, compte-tenu des moyens permis
par la technologie disponible pendant la période.
Elles seront proches des conséquences de l'hypothèse
2 ci-dessous, mais n'atteindraient pas un niveau de gravité
susceptible d'en faire des catastrophes. Ainsi le niveau
des mers pourrait ne pas dépasser 10 cm. Très
dangereux pour certaines régions côtières,
ce niveau n'aurait pas d'effets catastrophiques comparables
à ceux qui seraient les siens s'il atteignait 1 à
plusieurs mètres.
Hypothèse
2. La Cop21 ne s'accorde pas sur la nécessité
d'adopter un ensemble de mesures susceptibles de limiter
l'augmentation des températures globales d'ici 2100
à 2° centigrades.
Dans
ce cas, selon les prévisions communément admises
aujourd'hui par les scientifiques du GIEC et plus généralement
par le quasi communauté des scientifiques compétents
sur ces questions, une série de conséquences
plus ou moins dangereuses voire catastrophiques se produiront.
Elles sont souvent énumérées. Inutile
de les reprendre dans cette note.
Hypothèse
3. La Cop21 s'accorde sur la nécessité
d'adopter un ensemble de mesures susceptibles de limiter
l'augmentation des températures globale d'ici 2100
à 2° centigrades, mais ces mesures ne seront
pas suffisantes (Cf le point de vue de James Hansen) pour
éviter les conséquences de l'hypothèse
2.
Dans
ce cas, leurs conséquences pourraient être
rapides et plus graves que celles découlant de l'hypothèse
2.
Hypothèse
4. La Cop21 ne s'accorde pas sur la nécessité
d'adopter un ensemble de mesures susceptibles de limiter
l'augmentation des températures globales d'ici 2100
à 2° centigrades. Cependant, d'ici cette date,
contrairement aux prévisions de la grande majorité
des scientifiques, aucun réchauffement ne se produirait.
En bonne logique scientifique, cette hypothèse, bien
que hautement improbable, n'est pas à exclure totalement.
Dans ce cas, il faudra revoir les méthodes de prévision
en matière d'évolution climatique. Différentes
causes susceptibles de mettre en danger les écosystèmes
et les sociétés humaines ne seront pas cependant
à exclure: surpeuplement humain, épuisement
des ressources naturelles, guerres diverses. Inutile ici
de raisonner sur ces perspectives.
2.
Conséquences découlant des hypothèses
1, 2 et 3.
2.1.
Sur la vie en général
Hypothèse
1 : Certaines espèces disparaitraient ou se raréfieraient.
D'autres migreraient. Mais dans l'ensemble les espèces
actuelles ne seraient pas frappées d'extinction.
Les conséquences de ces changements seraient peu
importantes.
Hypothèses
2 et 3. Une nouvelle grande extinction surviendrait,
analogue à celles s'étant produites lors de
précédentes ères zoologiques. Les espèces
les plus adaptatives (bactéries, organismes pluri-cellulaires
simples) ne disparaitraient pas. Disparaitraient par contre
une grande parti des espèces complexes. Cette disparition,
comme lors des précédentes extinctions, ne
serait en principe pas définitive. De nouvelles espèces
complexes, voire plus complexes, pourraient apparaître,
mais il est très difficile de prévoir aujourd'hui
ce qu'elles seraient.
2.2.
Sur les sociétés humaines
Hypothèse
1. La plupart des sociétés actuelles ne
seraient pas profondément touchées, mais elles
devraient faire face à des phénomènes
violents provenant de la minorité des sociétés
en cours de disparition: émigrations massives et
guerres elles-mêmes massives pour le maintien des
situations favorisées.
Hypothèses
2 et 3. Aucune des sociétés actuelles
ne pourrait se maintenir en l'état. Les plus fragiles,
qui seront aussi les plus nombreuses, disparaitraient. Des
milliards d'hommes disparaitraient sur la durée du
siècle. Les sociétés les plus favorisées
ne pourraient survivre qu'en se modifiant très profondément.
Certaines
de ces modifications pourraient éventuellement préfigurer
l'apparition de nouveaux types d'humains, généralement
qualifiés de post-humains. Il ne pourrait s'agir
que d'étroites minorités faites de ceux pouvant
accéder aux solutions scientifiques et technologiques
interdites au reste du monde. Ils auraient réussi
à les développer, soit au cours du siècle,
soit au cours des siècles suivants, compte tenu de
progrès scientifiques et technologiques ayant pu
se poursuivre durant ces périodes malgré les
catastrophes résultant des hypothèses 2 et
3, voire en réaction positive à ces catastrophes.
Dernière
heure au 12/11/2015
Les
Etats-Unis, qui figurent parmi les principaux pays émetteurs
de CO2, ont rappelé que tout accord obtenu ne sera
pas juridiquement contraignant et n'obligera donc pas les
pays à réduire leurs émissions. Le
secrétaire d'Etat américain, John Kerry, a
déclaré, jeudi 12 novembre, au quotidien britannique
Financial Times.: « Ce ne sera certainement pas un
traité. [...] Il n'y aura pas d'objectifs de réduction
juridiquement contraignants, comme cela avait été
le cas à Kyoto. »
François
Hollande vient de réaffirmer le contraire. Nous pouvons
deviner qui l'emportera dans cette confrontation. Ce ne
sera pas nécessairement tous les Américains
qui survivraient, mais la minorité de ceux pouvant
accéder aux solutions scientifiques et technologiques
interdites au reste du monde. Si post-humains il devait
y avoir, selon l'hypothèse évoquée
plus haut, ce serait uniquement parmi cette minorité
qu'ils apparaitraient.
Note
On lit ceci dans l'excellente revue de R. Trégouêt
http://www.rtflash.fr/climat-emissions-co2-vont-continuer-d-augmenter-apres-2030/article
Faut-il
attendre une guerre atomique détruisant les sociétés
actuelles? Une fois les retombées calmées,
les températures pourraient redevenir normales.