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Finance.
Des inégalités potentiellement salvatrices ?
Jean-Paul Baquiast, 15/10/2015
Un récent
rapport de la banque Crédit Suisse 1) a précisé
les chiffres actuellement disponibles concernant la répartition
des inégalités dans le monde. Il confirme le
fait déjà souvent mentionné selon lequel
1% des plus riches possèdent 50% des richesses du monde,
les 99% autres se partageant le reste, d'une façon
d'ailleurs elle-même très inégalitaire.
t 
Le Crédit
Suisse met aussi en évidence que ce sont les Etats-Unis
qui viennent en tête des nations possédant ces
richesses, à 46%, l'Europe venant ensuite. Le terme
de richesses (assets) englobe toutes les formes confondues
de richesses. Il ne mesure pas par contre les inégalités
dans la possession du pouvoir en découlant. Celles-ci
sont plus difficiles à évaluer, mais elles pourraient
être réparties encore plus inégalement.

On pourra
questionner la validité ou l'objectivité de
ces évaluations. On pourra aussi remarquer que différentes
richesses immatérielles ou tenant à l'usage
de biens communs n'ont pas été prises en compte.
Mais il est inutile de le faire ici. Dans l'ensemble, le rapport
de la banque suisse explicite de façon presque indiscutable
ce que nous pourrions qualifier de fait quasiment scientifique,
depuis longtemps reconnu: 1% des humains seuls décident
de l'avenir du monde. De plus, nul n'est aujourd'hui en mesure
de proposer les moyens de changer cet état de chose.
Faut-il
voir là comme le pense le physicien Stephen Hawking,
référencé ci-dessous 2), la pire menace
pesant aujourd'hui sur le monde? La thèse inverse pourrait
être proposée. Compte tenu des façons
archaïques, frisant la démence destructrice, dont
se comportent au moins 50 à 70% de l'humanité,
(pensons aux djihadistes en cours de prolifération)
mieux vaut pour l'avenir de la planète que ceux-ci
aient le moins de pouvoir possible.
Ceci dit,
les 1% dominants seront-ils moins déments et destructeurs?
L'argument fallacieux selon lequel ils le seront moins car
appartenant à la race blanche ou aux sociétés
anglo-saxonnes ne tient évidemment pas. Beaucoup, au
nombre desquels nous nous rangeons, les considèrent
d'ailleurs, globalement comme des canailles dangereuses. Mais
que faire?
Deux
questions se posent plus en profondeur:
Est-il
d'abord possible à une bonne volonté politique
quelconque de bouleverser ces inégalités, afin
d'assurer une meilleure répartition des richesses ?
Les révolutionnaires de bonne volonté pourraient
l'espérer, mais concrètement ils ne pourront
rien faire. Comme l'on sait depuis longtemps, les possesseurs
de richesse disposent aussi d'un pouvoir incomparable de prévention
et de répression à l'égard de ceux s'efforçant
de leur disputer ces divers monopole. Ceci même s'il
s'agit initialement de vastes mouvements de foule Ce pouvoir
prend la forme classique de la détention des forces
militaires et de sécurité, ainsi que de l'appareil
judiciaire. Il s'accompagne aussi aujourd'hui d'un extraordinaire
pouvoir de mise en condition des esprits éventuellement
contestataires par l'utilisation des médias modernes
dont ils financent eux-mêmes le fonctionnement.
Mais,
second question, ceux qui se sont approprié les ressources
du monde utilisent-ils uniquement celles-ci pour servir leurs
propres intérêts égoïstes, affirmation
névrotique de soi et de son propre pouvoir, abus de
la vie de luxe et des consommations somptuaires ruineuses
pour le monde? A cette deuxième question, la réponse
nous semble-t-il devrait être plus nuancée.
Aucun
historien ne conteste le fait que les pyramides égyptiennes,
les châteaux et cathédrales du Moyen-Age, n'aient
été construits à partir de la « sueur »
de populations rurales quasi asservies. Autrement dit, pour
diverses raisons de pouvoir, les dominants de l'époque
n'ont pas entièrement dépensé en consommations
immédiates les épargnes prélevées
sur le peuple. Ils les ont investi en produits d'avenir, ne
fut-ce que pour assurer leur propre avenir, sur la terre ou
dans le ciel.
En prenant
un peu de recul et sans tomber dans un optimisme naïf,
ceux qui étudient l'histoire de la science dans les
derniers siècles doivent admettre qu'un petit pourcentage
de privilégiés ont toujours affecté à
des investissementsproductifs à terme la plus grande
partie des connaissances scientifiques dont ils disposaient
et l'essentiel des moyens d'actions techno-scientifiques en
découlant. Ils n'en ont pas fait toujours bon usage,
s'en servant pour produire des armes potentiellement destructrices.
Mais dans l'ensemble ces moyens permirent au cours des siècles
passés la mise en place des sociétés
modernes et post-modernes auxquelles même les plus défavorisés
d'aujourd'hui ne voudraient pas renoncer.
Lorsque
plus récemment des Etats ont développé
des politiques publiques de recherche, en relais de celles
des entreprises privées, ce n'était pas sous
la pression d'un corps électoral sans pouvoir réel
mais à l'incitation de quelques privilégés
eux-mêmes, utilisant ces Etats pour produire des épargnes
forcées.
Financer
les sciences de demain
Ne pourrait-on
espérer qu'il en serait de même à l'avenir.
Sous la pression de citoyens avertis, l'inégalité
des revenus ne pourrait-elle pas permettre de financer de
nouveaux développements scientifiques et techniques
dans lesquels une petite minorité de la minorité
de dominants trouverait moyen de s'investir. Ceci que ce soit
dans la lutte contre les modifications climatiques, contre
la destruction des écosystèmes ou à terme
pour l'exploitation des possibilités de survie dans
l'espace sans mentionner la perspective de développer
des systèmes artificialo-biologiques définissant
ce que l'on désigne comme une ère post-humaine.
Si une
petite minorité des humains actuels détenait
rapidement les moyens augmentés découlant de
ces ressources techno-scientifique, il ne serait pas impossible
de penser qu'ils s'en serviraient non pas seulement pour augmenter
leurs niveaux de consommation somptuaire, produire des voitures
de plus en plus puissantes, mais pour permettre à la
planète d'échapper aux destructions certaines
découlant des affrontements meurtriers opposant entre
eux les quelques 80% d'autres humains restés enfermés
dans les logiques destructrices héritées des
siècles passés.
Cela ne
veut pas dire qu'ils entreprendraient de détruire systématiquement
ces humains archaïques, ou plus simplement de les laisser
mourir. D'un point de vue optimiste, on pourrait penser qu'ils
leur apporteraient des moyens de récupérer leur
retard. Mais il faudrait que ce soit sans leur demander leur
l'avis, voire malgré eux, et le cas échéant
sans refuser le recours à des guerres défensives.
Nous pensons
pour notre part que cette évolution salvatrice, si
elle se fait, se fera sans que personne n 'en prenne clairement
la décision. Il s'agira d'une transformation de type
systémique affectant les complexes biologiques
nous dirons pour notre part les complexes bio-anthropotechniques
3) en compétition pour la survie, sur Terre d'abord,
mais aussi dans l'espace.
Ainsi
dans un lointain passé, lorsque les organismes multicellulaires
ont, par une logique évolutive implacable, remis à
une juste place les organismes monocellulaires, virus, microbes
et bactéries dominant aux premiers millénaires
et ne permettant pas à la Terre de se complexifier,
ils ne l'ont pas fait en s'inspirant d'une sorte de racisme
cellulaire. Ils étaient seulement les agents d'une
logique évolutive plus générale.
Références
1) Crédit
Suisse. Global wealth Report
http://publications.credit-suisse.com/tasks/render/file/?fileID=F2425415-DCA7-80B8-EAD989AF9341D47E
2) Stephen
Hawking
http://www.huffingtonpost.com/entry/stephen-hawking-capitalism-robots_5616c20ce4b0dbb8000d9f15
Voir aussi
http://theantimedia.org/stephen-hawking-warns-about-the-greatest-threat-to-humanity/
3) Le paradoxe du sapiens. Jean-Paul
Baquiast 2010