Sciences
humaines. L'islam est-il ou non la mort de l'Europe ?
Jean-Paul baquiast 14/09/2015

Les manifestants ont un look un peu néo-nazi.
Mais c'est une mode courante dans les villes polonaises.
A
Varsovie, plusieurs milliers de personnes ont manifesté
le dimanche 14/09 en arborant des banderoles « L'islam,
c'est la mort de l'Europe ». « Nous sommes là
pour que la décision d'accueillir les musulmans soit
abandonnée », a lancé l'un des organisateurs
à la foule, qui a fait une prière à
la Vierge Marie. Varsovie a accepté d'accueillir
2.000 réfugiés mais refuse la logique des
quotas prônée par Bruxelles.
La Pologne reste un pays très catholique et très
militant, au contraire d'autres Etats européens où
l'indifférence à l'égard des religions
avait paru se répandre. Mais en profondeur, ce n'est
pas le cas. Des sociétés qui ont été
durant des siècles imprégnées de religion
chrétienne, catholicisme et ultérieurement
protestantisme, ne peuvent pas s'abstraire complètement
aujourd'hui de ce passé, quelques soient les attraits
de la modernité et pour beaucoup de l'athéisme.
De plus, pendant des siècles, la confrontation belliqueuse
avec ce que l'on nommait les Barbaresques, a nourri les
récits héroïques de même
d'ailleurs que, dans les pays musulmans, la confrontation
avec les « Croisés ».
Ces
vieux souvenirs, enfouis au plus profond des cultures, et
que rappelle en permanence en Europe la profusion des églises
et des chemins de croix, se réveillent nécessairement
lorsque se multiplient aujourd'hui les images de migrations
musulmanes en Europe, où les femmes voilées
sont particulièrement visibles. Tous ces réfugiés
et migrants ne sont pas nécessairement des musulmans
hostiles à la chrétienté, pas d'avantage
que ne le sont les européens de religion musulmane
qui constituent environ 10 à 15% des populations
en Europe.
Mais derrière eux, les Européens voient nécessairement
les intégristes radicaux peuplant les Etats arabes
du Golfe, et pire encore, les violeurs, les assassins et
les décapiteurs de plus en plus nombreux constituant
les djihadistes de Daesh et de Boko Aram. L'assimilation
de tout les musulmans avec ces derniers ne devrait pas avoir
lieu, en bonne logique. Mais elle a lieu.
En
France
Ce
n'est pas seulement en Pologne que cette assimilation se
produit. C'est aussi, notamment, en France, et pas seulement
au Front national. Sur France Inter au 7-9 le 14/09, un
homme aussi généralement modéré
que Bruno Le Maire, candidat aux primaires de son parti,
a pu affirmer que les Européens devaient sans attendre
porter des troupes au sol en Syrie (et sans doute aussi
en Irak et en Libye) pour éliminer l'islam de Daesh.
Vu
l'ampleur de la tâche et les inévitables pertes
humains en découlant, ce serait une véritable
guerre entre les Européens et les Etats arabes qui
s'en suivrait, dont les immigrés musulmans en Europe
seraient les premières victimes. Mais peut-on laisser
sans réagir les islamistes radicaux détruire
les sociétés traditionnelles au Moyen-Orient,
alimentant ainsi sans fin des flots de réfugiés.
Et ne doit-on pas reprocher, même à gauche,
à François Hollande de faire preuve d'une
dangereuse mollesse à cet égard?
Quoiqu'il
en soit, pour en revenir aux réfugiés, il
est extrêmement surprenant de voir la plupart des
chroniqueurs, en France et en Europe, assimiler leurs migrations
actuelles à toutes celles qui ces derniers siècles
ont bouleversé les frontières européennes.
Ni les Italiens et Polonais au 19e et 20e siècles,
ni les exodes de ceux fuyant les pays en guerre durant les
deux guerres mondiales ne se référaient à
l'islam. Ils étaient tous des chrétiens. Il
en est de même aux Etats-Unis où l'émigration
mexicaine, pourtant si combattue, n'est en rien musulmane.
C'est
par peur de voir en Europe les mosquées remplacer
les églises que l'Europe profonde réagira
d'une façon de plus en plus hostile, et ce malgré
les efforts des humanitaires, devant un accroissement des
migrations provenant des sociétés musulmanes,
si du moins cet accroissement dépasse les possibilités
d'une intégration sans heurt.
L'ethnopsychiâtre
Toby Nathan, homme très consciencieux et apprécié,
a rappelé récemment, toujours sur France Inter,
que lorsqu'un Africain quitte l'Afrique, l'Afrique ne le
quitte pas pour autant. A cela la France est depuis longtemps
habituée, comme le montrent les nombreux quartiers
peu différents de ceux d'une ville africaine à
peu près bien tolérés dans les villes
françaises et européennes. Mais il s'agit
d'une Afrique bon enfant, pas de celle qui, y compris en
Afrique du Nord, sème les attentats et la mort au
nom de l'islam.