Automates
Intelligents s'enrichit du logiciel
Alexandria.
Double-cliquez sur chaque mot de cette page et s'afficheront
alors définitions, synonymes et expressions constituées
de ce mot. Une fenêtre déroulante permet
aussi d'accéder à la définition du
mot dans une autre langue (22 langues sont disponibles,
dont le Japonais). |
Géopolitique
La Chine en difficulté. Que peut faire le président
Xi Jinping?
Jean-Paul Baquiast 28/08/2015
Nous
évoquons ici le président Xi Jinping comme pouvant
apporter un remède aux difficultés de la Chine,
au lieu d'évoquer comme on le fait généralement
en ce qui concerne l'Europe le rôle que les gouvernements
et au delà les sociétés politiques peuvent
avoir pour porter remède aux difficultés de
leur pays. Il s'agit certes d'une image, mais Xi Jinping symbolise
aujourd'hui le fait que la Chine n'a guère modifié
depuis Mao Tse Toung les méthodes par lesquelles une
étroite minorité au sein du Parti communiste
chinois s'est appropriée le pouvoir économique
et politique sur plus d'un milliard de citoyens qui n'ont
pratiquement aucun moyen d'être entendu, même
au sein des réseaux sociaux systématiquement
censurés.
Ceci dit,
le fonds de la question est effectivement celle de savoir
ce que peut faire le gouvernement pour répondre à
ce que tous les Chinois ont constaté: une baisse importante
des valeurs en Bourse, pénalisant les épargnes
des nouvelles classes moyennes n'ayant pas d'autres solutions
pour placer leurs économies (en dehors d'acheter des
bons du trésor américains ce qui n'est pas généralement
à la portée des particuliers), la multiplication
des invendus immobiliers révélant que ces nouvelles
classes moyennes n'ont pas encore la possibilité d'absorber
de tels types d'investissement, une concurrence croissante
venant des pays asiatiques voisins où les salaires
sont bien moindres que ceux récemment obtenus par les
nouvelles classes moyennes chinoises.
Pour le
journal China daily http://www.chinadaily.com.cn/
du 28 août, qui n'est pas nécessairement le plus
critique à l'égard du gouvernement, « Market
rises 5% on the back of expected easing measures: Shanghai
Composite Index jumped 4.81 percent to 3,232.85 on Friday
on expectation of further easing measures from government
and regulatory agencies". Par ailleurs un autre article
précise que la baisse n'a rien de dramatique Market
meltdown is not that dramatic . Certes, il ne faut rien
dramatiser. Cependant on peut douter que la politique du « quantitative
easing » ou impression de monnaie au profit des
banques, non plus que des dévaluations timides puissent,
mieux qu'aux Etats-Unis et en Europe, remédier à
ce qui est un manque d'investissements vraiment productifs
(autres que ceux permettant de continuer à faire du
pays « l'usine du monde » ), ainsi dans
un autre domaine qu'un manque d'investissements dans les services
sociaux.
Les remèdes ne viendront pas non plus du possible limogeage
du premier ministre Li Keqiang, présenté dans
l'entourage de Xi Jinping comme responsable de la crise actuelle.
Il l'est sans doute, mais c'est l'ensemble de la direction
du parti communiste chinois (PCC) qui l'est aussi, puisque
c'est à ce niveau que les décisions aujourd'hui
critiquées pour leur insuffisance avaient été
décidées. Il s'agissait notamment d'interdire
les ventes de titres par les investisseurs institutionnels,
administrations d'Etat et administrations régionales,
afin de soutenir les cours. Or la crise semble plus profonde
que ne le reconnaît le China daily. Les statistiques
officielles minimisent la chute de l'activité chinoise.
Sa croissance serait aujourd'hui de 2,2% au lieu des 6 à
8% annoncés. Le fret ferroviaire aurait diminué
de 10%, les échanges internes de 7%, la construction
de 15%. Par ailleurs l'a consommation d'électricité
serait stationnaire.
Par ailleurs
et plus gravement, ni XI Jinping ni son entourage proche ne
critiquent le mouvement entrepris depuis bientôt 30
ans pour s'insérer sans aucune précaution dans
une économie mondiale très largement dominée
par les intérêts financiers américains,
ceux qui font la loi à Wall Street et à la City
de Londres. La Chine a été transformée
en une plate-forme de main d'oeuvre à bas prix, largement
dépendante de ses exportations. Or quand les économies
des pays importateurs, Japon, Etats-Unis, Europe, entrent
en récession, la Chine est la première frappée.
La réciproque est également vraie puisque la
chute de la Bourse en Chine entraine une chute identique des
Bourses des pays importateurs, ce qui réduit d'autant
leurs capacités à acheter des produits chinois.
Prévalence
du modèle occidental
Dans l'immédiat, ni XI Jinping ni son entourage ne
remettent en cause les réactions des gouvernements
occidentaux prises à la suite de la crise mondiale
de 2008, qui ont très vite atteint leurs limites. Ni
la création de dollars par la Fed dans le cadre de
massives mesures de Quantitative Easing, ni les mesures identiques
prises par la Banque Centrale européenne ne se sont
traduites par les investissements d'avenir qui auraient nécessaires.
Elles ont encouragé de la part des banques, principales
bénéficiaires, d'innombrables bulles spéculatives
qui menacent actuellement de s'effondrer.
Par ailleurs, les programmes de privatisation des entreprises
publiques et services sociaux imposées par l'Union
européenne et le FMI aux Etats européens confrontés
à des dettes souveraines excessives, n'auront pas d'autres
résultats qu'affaiblir les capacités d'investissement
de ces Etats. Or il semble bien que le pouvoir chinois actuel,
les yeux rivés sur le modèle occidental, même
si les résultats ne sont pas au rendrez-vous, envisage
de faire de même.
On fera valoir que, loin d'imiter le néocapitalisme
occidental, la Chine, dans le cadre du Brics, a entrepris
d'engager de grands travaux d'infrastructures internationales,
financés par la toute récente Banque asiatique
d'investissement pour les infrastructures AIIB). C'est exact.
Nous en avons souvent parlé ici. Mais il faut être
réaliste. Au regard des centaines de milliards de dollars
que perdent actuellement les investisseurs institutionnels
et les particuliers en Chine, les programmes du Brics arriveront
bien tard. De plus, le capital de l'AIIB apparaît d'une
ridicule insuffisance.
Alors que faire dira-t-on. Les optimistes répondront
: sortir du Système, un Système dont le monde
tout entier est aujourd'hui victime, Chine comprise. Mais
pour quoi faire et comment? Les réponses ne sont pas
évidentes
Note
Nous recevons ce message (28/08):
Pour comprendre léconomie
de la Chine, il convient dobserver sa réalité
politique actuelle. La Chine est dirigée par le PCC
qui décide de toutes les politiques économiques
et sociales. Son objectif principal est de transformer la
Chine en un pays fort et prospère, doté dune
distribution équitable des richesses. Le site officiel
du PCC stipule ainsi que le Parti communiste chinois «
guide son action par le marxisme-léninisme, la pensée
de Mao Zedong, la théorie de Deng Xiaoping et la pensée
importante des Trois représentations ». Il est
important de bien comprendre que le capitalisme de marché
chinois introduit par Deng Xiaoping est uniquement un outil
visant à atteindre les objectifs du PCC. Or, celui-ci
na pas lintention de transformer la Chine en un
État capitaliste « à laméricaine
»...
Soit et tant mieux pour la Chine. Mais au delà des
intentions et des mots, il faut apprécier comment ceux-ci
se traduisent, au moins à l'heure actuelle.