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Géopolitique et technologies.
Ne vous agitez pas bonnes
gens. L'Amérique possède
déjà le monde
Jean-Paul
Baquiast - 20/07/2015

Nous
avions publié il y a quelques
jours, sur
un autre site, un éditorial observant
que la crise Grecque pouvait offrir
aux Français l'occasion unique
de reconsidérer leurs rapports
avec l'Allemagne, l'Union européenne,
l'euro, les Brics et l'Amérique.
Mais pour que cette démarche
aboutisse, il faudrait avions nous indiqué
que la France accepte de s'engager dans
une véritable révolution
intellectuelle, pour valoriser ses atouts
au lieu de les laisser dépérir.
Or cet éditorial a suscité
parmi ses lecteurs un grand nombre de
messages sceptiques, sur le mode de
« Et si ma tante en avait? »
Autrement dit, « Ne vous agitez
pas, bonnes gens. L'Amérique
possède déjà le
monde ».
Comme il faut tenir compte de l'avis
des lecteurs, le texte ci-dessous explicite
la thèse contraire à celle
de notre éditorial précité.
Les lecteurs jugeront de la pertinence
de l'une et de l'autre.
La
remarquable exposition proposée
actuellement par le Musée du
Grand Palais, sous le titre «
l'Inca et le conquistador » illustre
un changement de civilisation bien connu,
certes, mais auquel on ne devrait pas
cesser de réfléchir. Elle
montre comment un continent entier,
qui semblait aux mains de sociétés
et de pouvoirs depuis longtemps établis
et remarquablement organisés,
a pu tomber en très peu de temps
aux mains d'un petit nombre de conquérants
espagnols. La chute s'est faite sans
qu'au début les millions d'Incas
et autres autochtones concernés
ne s'en rendent compte. Quand ils l'ont
fait, il était trop tard. Leur
sort était scellé.
Les
raisons de cette subversion brutale
ont été depuis longtemps
analysées. Aussi peu nombreux
qu'aient pu être les conquistadors,
ils étaient dotés d'un
armement jusque là inconnu dans
les Amériques, au service d'une
inébranlable conscience de leur
supériorité et d'une impitoyable
volonté de conquête. Au
début cependant, les Amérindiens
n'ont pas jugé bon de se défendre,
en faisant appel aux ressources dot
ils disposaient, potentiellement bien
supérieures aux arquebuses, cuirasses
et destriers des conquistadors.
Comparaison
n'est certes pas raison. Il est possible
cependant d'admettre qu'aujourd'hui,
face aux Américains du Nord,
le « reste du monde » dans
son ensemble, Europe, Eurasie, Asie,
n'a pas encore compris l'ampleur et
le caractère irrésistible
de sa mise en tutelle. Les peuples concernés
s'imaginent pouvoir conserver leurs
ressources, leurs formes de sociétés,
leurs valeurs. Ils se trompent. Ils
n'ont ni la conscience de leur supériorité,
ni la volonté de conquête,
ni surtout les technologies militaires
et civiles dont disposent leurs adversaires.
Certains s'agitent en tous sens pour
se défendre? Mais il est déjà
trop tard.
Comment,
dira-t-on, des pays aussi riches que
les Européens, aussi peuplés
que la Chine et l'Inde, aussi avertis
que la Russie, ont-il pu sans s'en rendre
compte, eu quelques décennies,
se laisser déposséder
par quelques dizaines de millions d'Américains
du « droit de propriété
» qu'ils avaient sur leur partie
du monde? Pour les mêmes raisons
que celles ayant permis à Francisco
Pizzaro de conquérir l'Empire
Inca. Les Américains sont servis
par la conscience de leur suprématie
et de leur légitimité,
une volonté forgée au
fil des décennies de dominer
la planète et surtout par des
avances en matière de technologies
civiles et militaires que les autres
peuples, malgré leurs efforts,
ne pourront jamais rattraper.
Un
cerveau global
En
matière d'armements, il ne faut
pas seulement considérer la multiplicité
des moyens militaires dont les Américains
se sont dotés, en sacrifiant
d'autres éléments de confort,
mais la maîtrise quasi absolue
du monde numérique qu'ils se
sont donnée : matériels,
logiciels, réseaux, applications.
Cette maîtrise se confirme tous
les jours grâce à des investissements
de recherche avancée sans égale.
La Russie et la Chine, seules théoriquement
en mesure de leur disputer cette maitrise,
n'y arriveront jamais faute de ressources
et de temps.
La
conquête numérique du monde
par l'Amérique s'accélère
tous les jours, chacun de nous, nous
y participons sans nous en rendre compte
ou sans pouvoir réagir. Sur ce
site, il a été amplement
montré que dans les vingt ou
trente prochaines années, l'Etat
profond américain mettra en place
sur la planète un cerveau global,
dont il constituera le cortex associatif,
siège de la conscience volontaire,
et dont les autres humains ne seront
que des neurones périphériques,
juste bons à exécuter
des tâches certes essentielles
pour la vie de l'ensemble mais ne participant
pas à la décision.
En
attendant, ceux qui ici et là
dans le monde se sont rendu compte du
fait que la possession du monde leur
échappaient sont, comme les tribus
indiennes face à l'Espagnol,
incapables de s'unir pour développer
des moyens de résistance. Tout
au plus certains d'entre eux, les plus
avertis, espèrent-ils, s'ils
sont suffisamment dociles, participer
marginalement au système de pouvoir
qui s'est mis en place à leur
insu.
Les
milliards d'autres humains, qu'une démographie
encore galopante et les bouleversements
écologiques en cours réduiront
de plus en plus en plus au statut de
sous-humains, ne pourront que se soumettre
avant, comme les Amérindiens
de jadis, de disparaître massivement,
face aux « post-humains »
que les plus suprématistes des
Américains ont la ferme volonté
de devenir.
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