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Géopolitique
La
Grèce peut-elle survivre en dehors
de l'Union européenne?
Jean-Paul
Baquiast 07/07/2015

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Cet
article est une ébauche, visant à
proposer quelques éléments de
réflexion et données accessibles
à tous.
Pouvoir
survivre en dehors de l'Union européenne
(UE). C'est la question que doivent se poser
ceux qui, pour diverses raisons, incitent
la Grèce, non seulement à sortir
de l'euro, mais à sortir de l'Union.
Que devrait-elle faire, ou que pourrait-elle
faire en ce cas ?
Dans
cette hypothèse la Grèce se
trouverait juridiquement dans une situation
proche de celle de pays européens ou
voisins de l'Europe, non membres de l'UE,
par exemple la Serbie, l'Islande ou la Tunisie.
Elle
devrait avoir une monnaie propre, en l'espèce
le drachme. La valeur du drachme, notamment
par rapport à l'euro, serait cotée
sur le marché international des changes.
Une demande de drachme entraine son appréciation,
une fuite devant le drachme sa dépréciation.
L'appréciation défavorise les
importations et contribue à la déflation.
La dépréciation, hypothèse
la plus vraisemblable, favorise les exportations.
Elle est créatrice d'une certaine inflation,
diminue les revenus fixes mais augmente les
revenus du travail. Elle est donc relativement
favorable à l'activité, à
condition qu'elle reste modérée.
En cas de fuite générale devant
le drachme, un contrôle des changes
s'imposerait. Mais il s'agit de procédures
lourdes exigeant un nombreux personnel.
En
termes de balance commerciale, la Grèce
serait obligée sur le moyen terme d'avoir
une situation en léger excédent;
exportant davantage qu'elle n'exporte. Ceci
devrait pouvoir être obtenu spontanément,
c'est-à-dire sans contrôle aux
frontières des activités commerciales.
générateur de fraudes et d'activités
criminelles. Le tourisme, le transport maritime,
l'agriculture, devraient y pourvoir. Mais
il faudrait systématiquement développer
des activités industrielles ou de service,
notamment dans les technologies numériques.
En
termes de balance des paiements (mouvements
de capitaux), la Grèce serait obligée,
de la même façon, d'avoir une
balance à l'équilibre. Sinon
elle souffrirait d'une fuite des capitaux,
pouvant nécessiter un contrôle
des changes. Une balance déficitaire
pourrait se rétablir si des entreprises
étrangères décidaient
d'investir en Grèce. Cette situation
favorable ne se produirait que si la Grèce
offrait, par exemple dans des domaines nouveaux
de l'industrie, du numérique et de
la recherche, de nouvelles perspectives de
production, et donc de bénéfices.
On peut considérer que les secteurs
traditionnels sont désormais proches
de leurs limites: transport maritime, équipements
touristiques, infrastructures routières
notamment. Mais une politique de promotion
des investissements ne peut se mettre en place
et n'obtenir de résultats que lentement.
Sur
le plan bancaire, la Grèce, tant en
ce qui concerne les banques de dépôt
que les banques d'investissement, est déjà
convenablement pourvue. Les banques sont même
en sur-effectif. La liberté d'action
de ces banques dépendra du degré
de réglementation que l'Etat se verrait
obligée d'imposer à l'économie.
Sur
le plan budgétaire, c'est-à-dire
des recettes et dépenses publiques,
qu'elles concernent l'Etat ou les collectivités
locales, les budgets devraient être
à l'équilibre. En dehors du
service de la dette, ils le sont presque déjà.
Sinon, pour couvrir les déficits, l'Etat
serait obligé d'emprunter, ce qui accroitrait
dangereusement la dette, déjà
excessive. La nécessité d'économies
(dépenses de salaires, dépenses
non productives, dépenses militaires,
etc), qui s'impose actuellement à la
Grèce, ne diminuerait pas. Ceci d'autant
plus que les transferts en provenance de l'UE
disparaitraient. Mais les économies
devraient porter sur des dépenses non
productives, épargnant l'éducation,
la santé, les secteurs administratifs
essentiels, déjà en sous effectifs.
Les fraudes fiscales, fuites devant les réglementations
ou la corruption, qui obèrent déjà
lourdement les finances publiques grecques,
devraient être attaquées avec
sérieux, afin de produire rapidement
des résultats significatifs. Là
encore, une telle politique demande elle aussi
des moyens humains intègres et expérimentés.
Plus difficile en termes politiques, compte
tenu de l'alliance de Syrisa avec l'extrème-droite,
il faudrait décider de modifier la
constitution pour que les armateurs et l'Eglise
soient enfin imposés.
En
terme démographique, la Grèce
ne pourrait pas à court terme supporter
un accroissement sensible de la population,
surtout si celui-ci résultait d' une
forte immigration incontrôlée.
Par contre, sur le long terme, la natalité
étant inférieure aux décès,
la population vieillira excessivement. Elle
devrait donc être renouvelée.
Le contrôle de l'immigration massive
provenant des Balkans ou du Moyen-Orient supposerait
certainement des moyens militaires, non pas
sans doute des sous-marins mais des armes
légères.
On
voit, compte tenu de cet inventaire sommaire,
que la Grèce pourrait très bien
survivre en dehors de l'UE, à condition
de disposer d'une administration expérimentée
et intègre, d'entreprises capables
d'affronter leurs concurrentes étrangères,
d'une population acceptant par patriotisme
(!) et le temps nécessaire, une baisse
sensible des revenus et des niveaux de vie.
Il
ne faudrait pas dans un premier temps compter
sur une aide extérieure, provenant
par exemple de la Russie et plus généralement
des Brics. Ces pays déjà confrontés
à des situations difficiles, ne pourraient
investir pour le moment en Grèce que
dans des domaines limités, par exemple
les gazoducs et oléoducs. Par ailleurs,
des aides provenant de pays avec lesquels
les relations sont déjà difficiles,
par exemple la Turquie, apparaitraient vite
inacceptables, compte tenu des dépendances
politiques qu'elles créeraient.
Enfin,
concernant la sortie de la Grèce de
la zone euro, on dit généralement
(voir déclaration de Les Républicains
du 05/07 reflétant un point de vue
très répandu: « La sortie
de la Grèce de la zone euro aurait
des conséquences politiques et économiques
que nul ne peut aujourd'hui prévoir,
notamment sur la croissance et le niveau des
taux d'intérêt.) Ceci n'est en
rien démontré. Des mécanismes
transitoires seraient nécessaires,
mais tout à fait à la portée
de la BCE et des gouvernements des grands
pays européens. Nous ne pouvons développer
ce point ici. A plus forte raison en serait-il
d'une sortie de la Grèce de l'UE, avec
laquelle des ajustements plus globaux seraient
faciles à décider.
Quelques
données disponibles à partir
de sources facilement consultables (OCDE,
MOCI, FMI)
Nous
les importons ici telles quelles.
Données
qualitatives
Traditionnellement,
l'économie de la Grèce est basée
sur l'agriculture. Le secteur représente
presque 4% du PIB et emploie 13% de la population
active. Les principales récoltes sont
le tabac (premier producteur européen)
et le coton (cinquième exportateur
du monde). La Grèce dispose également
d'un cheptel d'ovins important et l'industrie
de la pêche est développée
dans les régions côtières.
Grâce
à la diversification économique
menée par le pays, l'industrie a remplacé
l'agriculture comme sa seconde source de revenus
après les services, comptant pour 13,8%
du PIB. Cependant, sa part était plus
importante (20%) avant la crise qu'a subi
le pays. Les principaux secteurs sont l'électronique,
le matériel de transport, la confection
et la construction. La Grèce est le
premier armateur mondial.??
Le
secteur tertiaire représente 82% du
PIB et emploie plus de deux tiers de la population
active. Le tourisme fournit une source essentielle
de revenus et contribue à lui seul
à 11% du PIB. La marine marchande représente
10% du PIB.?
La
Grèce a une économie tournée
vers l'extérieur, le commerce représentant
plus de 50% du PIB (OMC, moyenne 2011-2013).
Les principaux partenaires commerciaux de
la Grèce sont l'Union européenne
(Italie et Allemagne en tête) et les
États-Unis.
Structurellement
déficitaire, la balance commerciale
s'est continuellement améliorée
depuis 2009, l'effet d'une baisse des importations
plus rapide que celle des exportations. Cette
tendance s'est interrompue en 2014, le déficit
commercial ayant augmenté faiblement.
Données
quantitatives
PIB
: 182,43 Mds€ (2013)
PIB/hab : 16491 € (2013)
Taux de croissance : -4% (2013)
Taux de chômage : 27,5 % (2013)
Taux d'inflation : -0,9% (2013)
Dette
publique : 174,9 % du PIB (2013)
Déficit public : -12,2% du PIB (2013)
Balance
commerciale : -19,2Mds€ (2013)
Principaux clients : (2013) : Turquie (11,6%),
Italie (8,9%), Allemagne (6,5%).
Principaux fournisseurs : (2013) : Russie
(14,3%), Allemagne (9,7%), Italie (8,0%),
Irak (7,7%), France (4,7%)