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Editorial3.
Manifeste
pour le post-humanisme.
Jean-Paul Baquiast, Christophe Jacquemin,
21/05/2015
Lorsque
l'on voit comment certains humains se comportent,
d'une façon se situant en deçà
de la bestialité, car même les
espèces animales réputées
les plus cruelles se l'interdisent, on est
conduit à s'interroger sur les motifs
par lesquels notre société européenne
continue à voir en eux des humains
alors qu'ils deshonorent l'humanité
tout entière.
Les exemples
de comportements que nous ne dirons pas bestiaux,
mais inhumains, n'ont pas manqué au
cours de l'histoire. Mais aujourd'hui ils
se multiplient à nos portes, entrainant
des vocations chez certains de ceux qui chez
nous abritent leur fanatisme derrière
les libertés permise par notre civilisation.
Ces comportements inhumains sont partout.
Citons aujourd'hui les conflits entre chiites
et sunnites au Moyen-Orient, conduisant des
bandes de tueurs à s'entretuer, tout
en égorgeant les populations civiles
qui veulent rester en paix.
Citons aussi le cas, évoqué
dans un
article publié ailleurs, des monarques
du Golfe, riches à milliards du fait
que nous continuons à leur acheter
un pétrole qu'ils ne seraient même
pas capables d'extraire par eux-mêmes,
et qui exécutent dans des conditions
atroces des personnes condamnées pour
des « crimes » parfaitement anodins.
Ces rois et princes n'ont même pas l'excuse
de la pauvreté qui pour certains militants
des droits de l'homme justifierait les massacres
tribaux dans le monde.
Si en vertu d'une
philosophie humaniste qui par ailleurs nous
fait honneur, nous refusons de considérer
que tous ces tueurs n'appartiennent pas à
l'humanité, nous devons pour notre
part nous résoudre à considérer
que nous ne voulons plus appartenir à
cette même humanité. Autrement
dit qu'il n'est que temps pour nous de mettre
en pratique un post humanisme dont les futurologues
parlent beaucoup mais dont personne n'a encore
accepté à ce jour de jeter les
bases.
Autrement dit,
comme cela été fait pour les
grandes réformes qui ont ennobli l'Europe
depuis l'époque des Lumières,
droits de la femme, droits politiques et sociaux,
droits du travail, nous devons sans attendre
mettre en place des actions syndicales et
politiques proposant aux citoyens les valeurs
d'un post-humanisme destiné à
remplacer un humanisme dévoyé,
et mener les luttes sociales et scientifiques
permettant de les préciser et les faire
reconnaître. Nous savons bien que l'Europe
a été à la source des
pires crimes de l'humanité. Mais aujourd'hui
elle en semble guérie. A nous de faire
en sorte que cela demeure.
Valeurs
post-humanistes
Il n'est pas
nécessaire ici de proposer une liste
de telles valeurs. Nous venons d'en jeter
les bases. Il faudra par contre, dans le cadre
d'investissements coûteux et de discussions
nombreuses, préciser comment les citoyens
ralliés à un tel post-humanisme
pourront décider collectivement du
contenu de ces valeurs, comment aussi ils
pourront entreprendre les démarches,
non exclusives de sacrifices, permettant d'y
accéder.
Mais la question
clef posée aux futurs post-humains
sera de savoir comment se comporter vis-à-vis
de ceux qui continueront à combattre
les armes à la main de telles valeurs
post-humaine, et les militants qui s'y investissent.
On retrouve la vieille question consistant
à savoir comment combattre dans le
cadre d'institutions démocratiques
ceux qui refusent de telles institutions.
Que l'on ne nous
fasse pas non plus valoir que les défenseurs
européens des valeurs humanistes se
satisfont fort bien d'une exploitation capitaliste
jetant des milliards d'humains dans la misère
et souvent le crime. L'argument est exact,
mais parmi les valeurs du post-humanisme devra
figurer en premier lieu la lutte contre des
intérêts économiques et
financiers prenant le monde en otage. Ceci
dit, il ne faut pas se faire d'illusions.
Le post-humanisme tel que défini ici
suscitera de telles oppositions violentes
qu'il sera bien obligé de se défendre,
en partie, avec les armes de ses adversaires.
A plus long terme
cependant, on peut admettre que les valeurs
post-humaines auront suffisamment de forces
pour s'étendre au monde entier, à
condition d'être diffusées aussi
largement que possible. C'est bien ce qui
s'est passé en Europe, laquelle a exclu
la peine de mort et où les femmes ont
pu non sans combats obtenir des droits se
rapprochant de ceux des hommes. C'est également
eu Europe que la science naturaliste (matérialiste)
a pu s'imposer dans la description de l'univers
tel que nous le percevons, plutôt que
le recours à des explications religieuses
auxquelles se réfèrent encore
les 9 dixièmes de l'humanité.
.
Concrètement,
ici, nous ne pouvons pas ici entreprendre
une défense et une illustration convenablement
argumentées de ce que pourrait être
le post-humanisme. Nous pouvons par contre
proposer que se créent en France et
dans l'Union européenne des associations
et clubs permettant d'en débattre.
A toute grande
oeuvre il faut un début.
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