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Article
Lhypothèse dune force organisationnelle
fondant le vivant
Alain
Cardon, professeur des Universités
en Informatique. Mai 2015

Les
recherches actuelles d'Alain Cardon s'inscrivent
dans un mouvement, encore peu connu, permettant
de faire des synthèses entre l'évolution
récente des diverses sciences physiques
et biologiques, évolution dont notre
site s'est fait l'écho depuis sa création.
Nul n'avait jusqu'à une époque
très récente, entrepris d'exprimer
ces synthèses d'une façon aussi
explicite que celle présentée
dans cet article.
NB:
L'image (source CNRS) n'a pas de rapport obligé
avec le contenu de l'article.
Automates Intelligents. 06/05/2015
On
peut chercher à préciser la
raison de lexistence du vivant organisé
formé avec des composants physiques
élémentaires en adoptant une
approche résolument systémique.
Il faut considérer le vivant comme
une organisation générale, unifiée
sur la Terre comme une très vaste organisation
complexe et qui suit une tendance à
se déployer en étant évolutive.
Cette tendance qui organise le vivant en le
faisant évoluer ne peut pas venir du
seul hasard, ce qui est trop improbable, mais
de lexercice dune force tendancielle
qui sexerce systématiquement,
une force informationnelle générale
sexerçant sur la matière
pour la faire se conformer en organisations
et en organismes, des organismes avec membranes
qui se multiplient et évoluent pour
déployer continuellement la complexité
du vivant quand le contexte physique planétaire
est favorable.
Le
vivant pluricellulaire a, sur la Terre, six-cent-cinquante
millions dannées et sest
développé à partir dune
organisation de monocellulaires avec membranes
qui avait, elle, plus de trois milliards dannées.
Ce vivant qui sest déployé
partout sur la Terre est un système
global composé de multiples systèmes
en interactions, système déployé
sous de multiples formes très organisées
que sont les espèces et leurs représentants.
Il faut appréhender ce vivant comme
un méta-organisme composé dorganisations
dorganismes, comme un système
unifié fait de multiples systèmes.
Le vivant a une origine, une évolution
et il doit avoir une raison à pouvoir
se déployer sous cette forme extraordinairement
variée et si cohérente. Il a
une réalité de méta-organisme
qui se déploie à une échelle
de temps très supérieure à
celle de tous les organismes qui le composent,
à léchelle temporelle
de la planète. Ce vivant, qui doit
être considéré comme une
organisation globale unifiée, a donc
une origine, un déploiement et une
existence propre réifiée par
lorganisation des multiples organismes
quil a fabriqué et quil
fait se multiplier.
Je
pose lhypothèse que tous ces
organismes qui composent le vivant sont soumis
à une communication informationnelle
incitatrice, information émise sur
létendue de ce vivant global
pour faire déployer ses organismes
dans lespace et le temps de la planète
quil occupe. Ce type dinformation
directionnelle, qui a fait être la vie
et son évolution sur Terre, sexerce
sur les organismes vivants et se représente
comme une force incitatrice, une force organisationnelle
sexerçant à certains moments
dans la reproduction de ces organismes pour
faire se réaliser une évolution
systématique. Cest une force
incitatrice qui tend à ce que des modifications
organisationnelles se réalisent dans
des directions opportunes et pas de manière
totalement aléatoire. On peut concevoir
que cette force à fait que le vivant
a évolué systématiquement
en sorganisant pour investir la mer,
lair et la terre, cest-à-dire
tout lespace disponible lorsque celui-ci
a été rendu viable il y a six-cent-cinquante
millions dannées par la fonte
de la couche de glace qui enserrait la Terre,
ce qui a produit massivement de loxygène.
Je
pose que cette force est émise à
un niveau qui se situe sous léchelle
du réel physique de ces organismes,
à un niveau substrat du monde matériel
et qui incite à son organisation. On
doit, là, être précis.
Un méta-organisme qui se forme et se
reconforme sans cesse en incitant le déploiement
de tous les organismes dans toutes les directions
viables possibles pour investir lespace
entier dune planète, est un méta-organisme
obéissant à une force organisationnelle
qui conduit la matière du réel
physique à sutiliser de façon
maximale et pour se déployer sur lui-même
en se consommant. Cest une force incitatrice
qui est dans le substrat de la matérialité
du réel observable, qui incite aux
développements, aux déploiements,
qui part sans cesse de létat
courant pour lamplifier dans lorganisation
des possibles. Ce nest absolument pas
une force avec un but explicite, une finalité,
mais cest une force opportuniste qui
sapplique continument et qui incite
systématiquement le réel au
développement de déploiements
organisés. Ainsi, les espèces
en ont créées dautres
par opportunité, lorsque le contexte
des organismes vivants locaux permettait cette
extension dans les reproductions, et elles
se sont aussi développées sur
elles-mêmes en développant leurs
organes et leurs organisations. Cela donne
aujourdhui un vivant avec des espèces
très belles, très harmonieuses
et équilibrées entre elles pour
vivre leur petite vie.
Au
niveau quantique
Je
vais aller plus loin en posant lhypothèse
que cette force sexerce au niveau substrat
de la matière dans tout lunivers,
au niveau quantique donc, et quelle
donne les indications des comportements possibles
selon leurs lois physiques à toutes
les particules, pour quelles passent
à létat organisationnel
du réel que nous observons, quelle
donne linformation comportementale possible
à tout ce qui peut se structurer et
sorganiser. Je pose donc lhypothèse
dun substrat informationnel sous le
réel observable, hypothèse qui
est aujourdhui posée par certains
grands scientifiques [Seth Lloyd, Lee Smolin].
Ce substrat pourrait être constitué
de processus strictement informationnels,
formant une nappe partout dense, et indiquant
les lois comportementales aux particules quantiques
selon leurs états, aux atomes, aux
molécules, aux amas matériels,
aux organismes, au vivant.
Tous ces éléments matériels
sont soumis aux effets de cette information
conductrice qui peut être, à
un certain niveau, modificatrice, ce qui sera
le cas du domaine du vivant. Je pose donc
lhypothèse constructiviste et
systémique que tout notre univers matériel
repose sur lactivité continue
et partout dense dun certain type de
flux informationnel organisateur, qui réalise
son existence et son expansion. Ce flux informationnel
serait produit par une nappe informationnelle,
avec une topologie particulière, qui
est le substrat du réel physique, qui
permet à celui-ci de se comporter en
lutilisant. Ce flux serait la force
organisationnelle indicatrice du comportement
physique des éléments de lunivers
à tous ses niveaux. Cette force est
posée comme unidirectionnelle, elle
sexerce du substrat informationnel vers
les éléments physiques quelle
incite à se comporter et en aucun cas
elle ne peut aller des éléments
physiques vers ce substrat informationnel.
Cest la tendance générale
à déployer sous forme organisée
le réel de lunivers dans lespace
et le temps. Mais ce nest quune
tendance disponible et incitatrice et les
autres lois de la physique, comme la gravité,
opèrent systématiquement.
Je
pose donc lhypothèse que le vivant
organisé sur la Terre est soumis à
cette force organisationnelle indicatrice,
qui est partout disponible, qui a incité
à sa création et à son
développement, force qui sest
exercée et qui sexerce toujours
comme la force incitatrice qui fait être
ce vivant comme un système global ayant
une autonomie comportementale, qui est constitué
de multiples organismes qui sorganisent
sans cesse entre eux. Cette force opère
à une échelle informationnelle
qui nest pas directement conductrice
au niveau des organismes, mais qui est bien
incitatrice.
Le
substrat de lunivers
Lunivers est une couche déployée
formant un espace spatio-temporel pour la
matière sur un substrat purement informationnel
partout dense constitué de processus
informationnels. Lunivers est donc un
espace à 5 dimensions : trois
despace, une de temps et une dinformation.
Ce substrat informationnel exerce son action
à toutes les échelles, il conduit
directement le comportement des particules
isolées, il incite les éléments
proches à se structurer, il incite
les éléments structurés
à sorganiser pour aller plus
loin par lautonomie comportementale,
jusquau vivant organisé.
La
force organisationnelle
Cest une force exercée par le
substrat informationnel sur toute la matière
de lunivers, sur chaque particule quantique
pour quelle se comporte selon les lois
de la physique, sur chaque atome pour quil
se structure avec dautres pour former
les molécules et sur chaque élément
matériel structuré pour quil
sorganise avec dautres, permettant
ainsi de conduire la matière structurée
à former continuellement des organisations,
jusquà la vie et son évolution
globalement organisée partout où
cest possible. Cette force sexerce
sur les organisations matérielles de
trois façons : elle peut inciter
à poursuivre leur organisation dans
la continuité, elle peut inciter leur
organisation à réaliser des
bifurcations, elle peut tendre à laisser
les choix dorganisation se faire par
la matière organisée elle-même,
en suivant les lois de la physique.
Lhypothèse
de lexistence de cette force fondamentale
permet donc de donner une raison scientifique
à lexistence de notre univers
observable et tend à contrebalancer
la théorie usuelle de lévolution
du vivant par un pur hasard ou une raison
immanente. La force organisationnelle opère
dans lunivers à deux niveaux.
Dune part, elle incite la matière
à sorganiser selon les états
de ses éléments pour y former
des organismes dans lespace physique
de toute planète viable, en créant
de nouvelles organisations vivantes, en les
diversifiant pour submerger tout lespace
physique disponible où ces organismes
partagent la même ligne dunivers
(voir en relativité générale
la définition dune ligne dunivers).
Dautre part, elle sexerce comme
une force informationnelle sur les constituants
élémentaires, au niveau quantique
pour en préciser les lois dactions
et la cohérence ainsi que sur les atomes
et molécules.
Cest
bien ce que précisait M. Lachièze-Ray
sur lexistence dun vide informationnel
[Entre rien et quelque chose : les paradoxes
du vide, article de Lachièze-Ray p.
134-144, in Le vide, univers du tout et du
rien, Revue de lUniversité de
Bruxelles, 1997]. Nous préciserons
dans un autre article les caractères
de cette force qui pose lexistence dun
système générateur dinformations
au-dessous du niveau des particules quantiques,
qui explique lintrication, qui fait
exister toutes les particules selon leurs
lois précises et qui immerge ainsi
tout ce qui est réel et structuré
dans lunivers. Cette force est fondée
sur un calculable très particulier
qui nest pas du tout celui que lon
pratique habituellement, elle représente
une cause de lexistence du modèle
de Turing, en utilisant notamment une notion
différente de programme, en posant
une nouvelle loi de calculabilité informationnelle.
Lunivers
pourrait alors être considéré
comme un « super-méta programme
entropique » incitant à
constituer, partout où il le peut,
des organisations dorganisations de
façon opportuniste. Mais cette notion
de programme nest pas celle de programme
informatique, ce qui bouscule un peu lordre
des choses, car elle contient en elle la notion
dautonomie et pose linformation
comme fondamentale, structurelle et disponible
partout et tout le temps, et donc pas comme
du signal envoyés dun émetteur
à un récepteur qui sont a priori
présents.
Cette
force incitatrice à des intensités
différentes selon les structures des
éléments quelle soumet,
selon leur entropie. Il ny a pas la
même information fournie à une
particule quà un organisme vivant
ni à un ensemble dorganismes.
Linformation donnée aux particules
pour permettre de conduire leurs comportements
physiques est directe, permettant simplement
de suivre les lois de la physique, car il
sagit déléments
ponctuels et linformation est alors
elle-même élémentaire.
Linformation donnée à
des organismes vivants est une incitation
envoyée à lorganisation
dune structure complexe, changeante,
ayant localement de lautonomie. Ce sera
une information disponible située au
niveau de son organisation même, donc
de sa complexité. Dans le cas des organismes
vivants, cette information sera parfois incitatrice
de bifurcations dans leurs reproductions,
pour que se réalisent des différences
évolutives selon létat
général courant, selon le contexte
général, et aussi selon la possibilité
des organismes à la suivre.
Il y a donc, ce qui est un caractère
scientifique des systèmes organisés
ayant de lautonomie, une réelle
liberté des éléments
organisés à appréhender
ou non cette information comme une tendance
globale incitatrice. Disons que plus les organismes
ont acquis de lautonomie comportementale,
moins ils sont soumis à cette force
incitatrice et plus leur organisation peut
ne pas en tenir compte. Et précisons
que cette force informationnelle ne sexerce
pas directement sur la pensée des êtres
humains, leur cerveau étant un organe
localisé dans leur corporéité
et générant des représentations
des choses du monde en étant soumis
à de nombreuses pulsions.
Note
Un
certain nombre de lecteurs ont écrit
pour dire qu'ils ne comprenaient pas le sens
de cet article. Ils y voyaient un retour à
une sorte de mysticisme. Je leur ai répondu
ceci:
"
Larticle de Alain Cardon sappuie
selon moi sur lhypothèse selon
laquelle lunivers serait calculable
et même, comme la dit Seth Loyds,
qu'il serait un vaste ordinateur quantique
se calculant spontanément à
partir du big bang. Mais cette hypothèse
dira-t-on suppose quil y ait eu un big
bang et que celuici ait engagé
des processus se situant dans un espace temps
einsténien. Or en physique quantique,
il ny a ni temps ni espace a priori...
Cependant, dans lhypothèse citée,ce
que l'on nomme encore communément le
big bang manifesterait lémergence,
à partir d'une "fluctuation"
du vide quantique, dun univers particulier,
le nôtre, émergence non exclusive
dune infinité dautres.
Si des lois fondamentales régissant
cet avant-univers (le vide quantique) existaient
, elles sappliqueraient concernant notre
univers. Mais rien ne permet daffirmer
que ce soit le cas. Donc chaque univers créerait
ses lois fondamentales, y compris ses propres
algorithmes dauto-calcul.
Cf sur ces sujets mon article
sur Carlo Rovelli et le précédent,
mentionnant les recherches
d'Aurélien Barrau.
Ces deux articles, que javais soumis
aux scientifiques cités, ont été
approuvés par eux
Les incompréhensions des lecteurs cités
s'expliquent en partie par le fait qu'aujourd'hui
encore bien peu de gens connaissent réellement
la physique quantique ni même la gravitation
d'Einstein. C'est un peu la conséquence
d'une fuite loin de la science et d'un refuge
dans la technologie et l'utilitaire immédiats.
.
Jean-Paul Baquiast 16/05/2015
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