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Sous-marins
nucléaires britanniques. Risques majeurs pour la
sécurité ?
Jean-Paul Baquiast 21/05/2015

Un sous-marinier britannique, William McNeilly, en service
sur un des 4 SNLE composant la flotte nucléaire britannique,
le HMS Vanguard (image), porteur de missiles Tridents, a
déserté en publiant sur internet (wikileaks)
un rapport de plusieurs pages dénonçant les
multiples failles de sécurité affectant ce
sous marin. Il indique que celles-ci devraient permettre
à n'importe quel groupe terroriste de mettre en danger,
non seulement le navire, mais la Grande Bretagne elle-même.
A la
publication de son rapport, il a déserté en
demandant à bénéficier du statut de
lanceur d'alertes. La Navy n'en a pas tenu compte et a lancé
des recherches ayant abouti ce jour 21 mai à son
arrestation. De fortes craintes concernant son avenir circulent
désormais dans les milieux opposés au maintien
en service de sous-marins déjà anciens, dont
la maintenance est mal assurée et dont les missiles
nucléaires, les Tridents, ont été fournis
par les Etats-Unis sans garanties suffisantes contre les
défauts pouvant les affecter. Leur remplacement est
en principe prévue dans les 12 mois, suscitant d'ailleurs
une forte opposition des indépendantistes écossais.
Pour qui connait un peu les SNLE, les défauts dénoncés
par William McNeilly paraissent fort vraisemblables. Nous
ne sommes pas évidemment en mesure de nous prononcer
sur l'existence de telles failles de sécurité
dans la flotte nucléaire stratégique française.
On peut penser cependant que celle-ci, provenant de chantiers
nationaux et gérés par la Marine, dont le
professionnalisme a rarement fait l'objet de critiques,
ne présentent pas à ce jour de tels risques.
On attendrait cependant du ministre Le Drian qu'il fournisse
non seulement au Président de la République
mais à l'opinion des informations sur cette question
très importante.
Sources
* Ouest
France
*
RT en français (russe)
Le
retard russe dans le spatial
Jean-Paul Baquiast 20/05/2015
Le
dernier accident ayant frappé le lanceur lourd russe
Proton, entrainant la perte d'un satellite mexicain, n'était
que le plus spectaculaire d'une suite de dysfonctionnements,
dont l'un en 1988 et l'autre en 2014.
En
conséquence, le vice premier ministre russe Dmitry
Rogozin, en charge des secteurs de la défense et
du spatial, a engagé un audit se voulant approfondi
du Centre spatial Krunichev, qui produit les Protons. Il
a dénoncé des cadres « moralement défaillants
», autrement dit corrompus et un personnel incroyablement
sous-payés. Des documents falsifiés ont entrainé
des pertes de 160 millions d'euros.
Les
audits précédents n'avaient fourni aucune
justification concernant ces échecs. Khrunichev emploie
13 fois plus de personnel que la firme américaine
analogue Orbital Sciences. Pour Rogozin, l'industrie spatiale
américaine est 9 fois plus efficace que son homologue
russe.Sans attendre, il a présenté à
la Douma des projets de réforme dont les budgets
devront être ultérieurement approuvés
par Vladimir Poutine. Parmi ces projets figure un important
recours aux processus numérisés. La conception
et la fabrication en seraient restées, a-t-il dit,
au 20e siècle
Dans
la même démarche, il a proposé que l'agence
spatiale russe Roscosmos soit transformée en entreprise
d'Etat et voit les salaires de son encadrement augmentés.
Il nous est difficile de dire si ce changement de statut,
sur le modèle de l'agence Rosatom, augmentera son
efficacité.
Dans
l'immédiat cependant, nous pouvons constater que
si beaucoup de produits de l'industrie spatiale russe sont
suffisamment efficaces pour participer, notamment, à
des programmes de l'ESA, l'ensemble manifeste des retards
hérités de la période Eltsine. Ceci,
dans le domaine spatial comme dans celui de l'armement..
Cet état de choses doit nécessairement limiter
pour le moment les ambitions de Vladimir Poutine. Non seulement
pour atteindre l'efficacité du spatial américain
et européen, mais pour coopérer avec la Chine
et l'Inde, engagées au sein du Brics dans d'ambitieux
projets visant la mise en place de stations spatiales habitées,
le retour sur la Lune et l'exploration de Mars.
Le
problème majeur à prendre en considération
pour améliorer les performances du secteur spatial
russe, comme d'ailleurs de son secteur militaire, est qu'il
faut plusieurs mois, sinon plusieurs années, pour
mettre en place, au delà des budgets, des ressources
humaines aux performances professionnelles et morales totalement
renouvelées.
Pour
en savoir plus
*
Wikipedia.
Proton
* Sputnik.fr.
Crash de la fusée Proton. A qui la faute?
Les
deux Mistral(s) russes: attendre un peu avant de les saborder
Jean-Paul
Baquiast 18/05/2015
Il
semble que ceux qui en France, y compris à la Présidence
de la République, continuent à prôner
ce projet suicidaire ne se tiennent pas au courant de l'actualité
politique. Ils n'ont pas remarqué que John Kerry
s'était rendu auprès de Vladimir Poutine à
Moscou en tendant ce que même la presse américaine
considère comme un rameau d'olivier (1).
Apparemment Barack Obama a trop de soucis ailleurs, notamment
au Moyen Orient et en mer de Chine, pour continuer à
entretenir un conflit avec la Russie qu'il avait pourtant
lui-même (assisté de l'ineffable Victoria Nuland)
contribué à mettre en place. Une des conséquences
de ce rameau d'olivier serait probablement qu'il cesserait
de pousser ses alliées de l'Otan à mener contre
Poutine des « sanctions » qui manifestement
restent sans effet, sauf exaspérer ses mêmes
alliés (la France excepté, toujours prête
à tout accepter).
A plus
long terme, il n'est pas exclu que le fond de l'affaire
ukrainienne se règle plus rapidement que prévu,
dans un sens depuis le début recommandé par
un excellent connaisseur français, pourtant totalement
ignoré par l'Eysée et le Quai d'Orsay, l'ancien
ministre des Affaires Étrangères Hubert Védrine,
c'est à dire une solution de fédéralisation.
Les républiques populaires de Donetsk et de Lugansk
auraient présenté un nouveau projet de fédéralisation
de l'Ukraine. Ce projet semble accepté par Moscou,
dès lors qu'il exclurait l'adhésion de l'Ukraine,
au plan fédéral comme au plan des états
fédéraux, à l'Otan et à l'Union
européenne. 2)
On peut
supposer que John Kerry ait connu cette proposition lors
de son voyage à Moscou et s'y soit implicitement
rallié. Victoria Nuland se rallierait-elle aussi,
en tant que porte-document de Kerry et Obama, ou continuera-t-elle
à la combattre en sous mains, avec ses amis de Kiev?
L'avenir le dira.
Quoiqu'il
en soit, répétons-le, concernant le sabordage
des Mistral(s) ou tout autre solution consistant à
ne pas les livrer à la Russie, qui les a payés,
il serait urgent d'attendre, avant de faire larguer les
amarres des deux bateaux encore ce jour à Saint-Nazaire
et les faire remorquer dans le golfe de Gascogne (avec quels
remorqueurs?) pour les couler au grand plaisir des écologistes.
Les
ouvriers des Chantiers et plus généralement
beaucoup de marins révoltés par cette perspective
apprécieraient le retour à la raison de François
Hollande. Sa popularité, elle-même en train
de couler, pourrait peut-être remonter de quelques
points.
Références
1) cf
article du New-York Times du 15 mai
A Diplomatic Victory, and Affirmation, for Putin
2) cf
Russia Insider, article d'Alexandre Mercouris daté
du 14 Mai Ukraine: Confederal
Solution Looms
3) Voir aussi Sputnik news USA-Russie:Lles
échanges commerciaux au beau fixe, en dépit
des sanctions (ou grâce à elles).
Le
projet BRAiN'US
Jean-Paul Baquiast 11/05/2015
Remarquons d'emblée
que ce projet, qui est d'initiative française, a
été doté d'un nom fort mal choisi.
Celui-ci fait pratiquement confusion avec le grand projet
BRAIN lancé depuis quelques années aux Etats-Unis,
visant à mieux modéliser le fonctionnement
du cerveau, à des fins thérapeutiques comme
théoriques.
Il est vrai que les ambitions de BRAiN'US sont bien moindres,
tout en étant très riches de perspectives.
Il s'agit d'une application mobile regroupant pour
le moment huit jeux conçus pour décomposer
la manière dont le cerveau prend des décisions.
Développée par une équipe de lInserm
en collaboration avec la start-up AdScientiam, elle va permettre
aux chercheurs dobtenir des informations sur le fonctionnement
de notre cerveau. En jouant avec BRAiN'US, le public
participera à une expérience scientifique
originale, la première de son espèce.
Le projet BRAiN'US est né à l'Institut
du cerveau et de la moelle (Paris), sous la direction de
Jean Daunizeau, co-directeur de léquipe "Motivation,
cerveau, comportement" (unité 1127 Inserm/CNRS/Université
Pierre et Marie Curie). Ce groupe étudie les mécanismes
neurocognitifs qui déterminent la motivation, indispensable
à la vie active, ainsi que leurs troubles. Ces troubles
peuvent être associés à des pathologies
telles que la maladie de Parkinson, la dépression
ou encore le syndrome d'épuisement (burnout) .
Comme dans tous les cas, pour
comprendre la situation pathologique, il faut commencer
par décrypter le fonctionnement du cerveau en situation
normale. Cest l'objectif de BRAINUS. Les jeux
qui composent lapplication permettent dévaluer
différentes capacités cognitives (mémoire
de travail, capacité de raisonnement, dapprentissage
).
Les joueurs jouent et les chercheurs recueillent des données
individuelles (anonymisées) qui'ils intègrent
dans une analyse globale des capacités cognitives
de la population ».
Plus la communauté de
joueurs sera importante, plus les chercheurs pourront effectuer
une synthèse précise des mécanismes
mentaux qui déterminent les comportements. Bien évidemment,
le jeu pourra être proposé à des personnes
souffrant de troubles mentaux. De nouvelles applications
sont à l'étude.
Il s'agit d'un bon exemple des relations entre la connaissance
théorique et la clinique qui ont toujours fondé
la démarche de Pierre Marchais. Voir notre recension
de son livre récent « Les infrastructures
du trouble mental »
Pour en savoir plus
http://www.inserm.fr/actualites/rubriques/actualites-societe/brain-us-huit-jeux-pour-faire-avancer-la-recherche-sur-le-cerveau