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Biblionet
Future
crimes. Everything Is Connected, Everyone
Is Vulnerable and What We Can Do
Bantam press 2015
Par
Marc Goodman
Présentation
par Jean-Paul Baquiast
Marc
Goodman a longtemps travaillé au sein
de la police technologique sur Internet, en
liaison avec le FBI et Interpol. Aujourd'hui
il se présente comme le futuriste du
nouveau monde numérique qui se généralise
actuellement. Son nouveau livre, présenté
ici, est Future Crimes: A journey to the dark
side of technology and how to survive
it (Bantam Press)
Pour en savoir plus
* blog
* Le
livre sur Amazon
L'expérience
de Marc Goodman lui permet de prévoir
la généralisation d'une criminalité
sur les réseaux (cyber-criminalité)
dont l'ampleur dépassera largement,
non seulement celle du crime traditionnel,
au révolver ou au couteau, mais celle
des escroqueries et vols sur internet que
nous connaissons déjà. Il cite
ainsi le piratage des données du revendeur
américain Target, survenu en 2013,
dont ont été victimes près
de 100 millions de citoyens américains.
Dès 1980-90, l'auteur, avait lors de
ses responsabilités dans la police,
avait constaté que les gangsters et
les trafiquants de drogues utilisaient des
ordinateurs portables, bien en avance sur
les autres milieux professionnels. De même
ils ont utilisé des téléphones
cellulaires bien avant la police. Aujourd'hui,
plus la technologie progresse, plus ils en
anticipent les usages.
Ainsi en est-il du hacking. Il y a quelques
années, le hacking nécessitait
le recours à un expert. Aujourd'hui
existent des automates utilisables par des
enfants un tant soit peu avertis. N'importe
qui ou presque peut par exemple hacker une
banque, si celle-ci ne se protège pas.
C'est sans doute ce qui s'est passé
avec le piratage de TV5Monde par le prétendu
Etat islamique. On s'est extasié en
France sur la compétence de ces djihadistes.
Elle n'avait sans doute rien que de très
ordinaire.
Un océan
Il faut cependant se préparer à
des crimes d'une toute autre ampleur et parfois
d'une toute autre technicité. L'Internet
est en train de devenir, si aucune catastrophe
ne survient, un océan qui submergera
chaque personne, chaque entreprise et, avec
la généralisation de l'internet
des objets, chaque objet, fut-il de la vie
courante. L'ancien protocole Internet était
prévu pour traiter simultanément
4,6 milliards de connections simultanées.
Aujourd'hui, le nouveau Protocol IP version
6 en supportera 78 millions à la puissance
5 (quintillions). Ceci ne s'arrêtera
pas, si les ressources de base ne manquent
pas. La progression exponentielle de l'internet
permet de comparer celle-ci à celle
d'une balle de tennis qui grandirait pour
atteindre la taille du soleil. Bien évidemment,
chacun de nos objet pourra être hacké,
par des criminels ou par des instituions officielles.
Les protections disponibles n'auront évidemment
pas cru dans les mêmes proportions.
D'ores et déjà, aucun système
informatique, quelle que soit sa taille, ne
peut échapper au piratage. Chacun des
objets du futur internet pourra lui aussi
être hacké. Ceci pour la plupart
des utilisateurs n'aura pas grande importance,
mais il n'en sera de même des grands
systémiques informatiques sur lesquels
repose le fonctionnement quotidien de nos
sociétés. Selon l'expession
de Marc Goodman, aujourd'hui, celui qui contrôle
le code contrôle le monde.
Les services de police et de sécurité
tardent encore à s'en rendre compte.
Certains villes, telles Londres, compte beaucoup
sur des réseaux de caméras (CCTV)
pour assurer leur sécurité.
Mais en fait, rien de ce que montrent les
écrans ne peut être considéré
comme fiable. Par ailleurs, tout ce qu'ils
montrent n'est pas seulement vu par la police,
mais par n'importe qui d'autre, bien ou mal
intentionné soit-il. Il en est de même
de l'internet. Les messages faux (phishing)
provenant des banques ou de toutes autres
institutions se généraliseront.
Ils seront de plus en plus difficiles à
identifier, vu leur conformité avec
les originaux.
La naïveté généralisée
Le meilleur allié du crime est évidemment
la naïveté de l'utilisateur. Si
celui-ci utilise son i-phone en confiance,
faisant appel à des applications apparemment
inoffensives, il se met en danger. Il faudrait
donc enseigner ce que Marc Goodman nomme la
cyber-hygiène. Ceci voudra dire non
seulement se défendre contre la contamination
mais éviter de répandre autour
de soi sans y réfléchir et à
grande échelle les nouveaux virus.
Il faudra désormais tenir également
compte du fait que demain la plupart des agents
qui se connecteront à internet seront
des robots autonomes. Leur nombre se multipliera
facilement. Ils suivront chacun lors de tous
ses déplacements, dans chacun de ses
comportements. De plus en plus, ils circuleront
également dans le monde réel
à bord de drones de plus en plus petits
et indétectables. Bientôt certains
de ceux-ci pourront observer une personne
par sa fenêtre, transmettre des images
révélatrices et implanter des
logiciels malveillants dans ses objets connectés.
La question préoccupante est que tous
les robots décrits ici vont se développer
en toute liberté et à grande
échelle, alors que la police n'aura
jamais des robots de sécurité
en nombre suffisants à leur opposer.
Les militaires sont mieux armés, mais
ils garderont pour eux les technologies qu'ils
auront développées. Les technologies
dites duales seront très rares dans
ce futur univers.
Marc Goodman ne voit de solution possible
à ces difficultés quedans la
mise en place par les Etats (ceux du moins
qui ne feront pas partie des Etats voyous
ou pourris) d'équivalents du Manhattan
project de la seconde guerre mondiale, faisant
dès maintenant travailler à
fonds perdus des milliers de spécialistes.
Mais il ne croit pas sérieusement à
cette perspective. Du temps du projet Manhattan,
les hommes politiques américains croyaient
vraiment aux dangers de la bombe nucléaire,
alertés par de grands physiciens. Aujourd'hui,
quel homme politique se préoccupe du
chaudron de sorcière mondial qui se
met en place. La naïveté domine
au plus haut des Etats.
Ajoutons
ici pour notre compte que les seuls qui investissent
sont les grands du web américain. Ils
visent à mettre en place des cerveaux
globaux artificiels. Mais cela ne sera pas
fait dans l'intérêt final des
citoyens.
Bien
évidemment, beaucoup de lecteurs prétendront
que Marc Goodman dramatise à outrance,
ne fut-ce que pour s'assurer un avenir professionnel
dans sa spécialité. Pour notre
part, nous ne le pensons pas
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