Les
spécialistes du pétrole désignent
par le terme de biotique le pétrole ordinaire
ou pétrole d'origine biologique, celui que
tout le monde connaît.
Ce
pétrole est dit "biologique" ou
"biotique" parce que l'on considère
qu'il résulte de processus complexes de transformations
de la matière organique, végétale
et animale, accumulée depuis souvent des
milliers d'années ou plus dans des sites
terrestres ou sous-océanique de type sédimentaire
qui l'y ont séquestrée pour diverses
causes de nature géologique. D'une façon
générale, il s'agit de sites de faibles
profondeurs, dépassant rarement 1000 m.
Ce
pétrole, et le gaz qui y est souvent associé,
peuvent être obtenus par des forages toujours
coûteux et dont beaucoup, malgré les
techniques modernes de localisation, se révèlent
stériles. Les plus coûteux sont évidemment
ceux qui forent en milieu marin, obligeant à
traverser des centaines de mètres d'eau,
dans des zones pouvant être très agitées.
Certes,
dans certaines rares régions du globe, le
pétrole affleure spontanément. Ceci
avait permis dès l'Antiquité d'identifier
le produit et de s'intéresser aux usages
pouvant en être tirés, éclairage
ou chauffage. Dans d'autres régions l'on
trouve des bitumes ou goudrons mélangés
aux matériaux de surface (sables bitumineux
par exemple) considérés comme résultant
de phases de transformations incomplètes.
On
peut faire enfin du pétrole synthétique
comme l'avait réalisé à grande
échelle l'Allemagne hitlérienne.
Mais
dans l'ensemble le pétrole est considéré
comme une ressource relativement peu répandue,
dont les réserves bien qu'encore très
grandes mais souvent encore non identifiées,
sont nécessairement rares. Comme une part
considérable de l'activité humaine
actuelle repose sur le pétrole, cette rareté
peut légitimement inquiéter, justifier
le prix élevé du baril observé
jusqu'à ces derniers mois, et plus généralement
permettre d'expliquer une grande partie des affrontements
géopolitiques passés et actuels, reposant
sur des conflits pour l'accès à la
ressource.
Les
industries du pétrole, notamment celles capables
d'assumer la charge de l'exploration, des forages,
de l'extraction, du stockage et du transport, ont
acquis de ce fait aussi un poids politique que certains
jugent excessifs, d'autant plus qu'elles se sont
organisées en monopoles peu ouverts à
la concurrence et étroitement associés
aux politiques de puissance des grands Etats. On
peut à juste titre parler de complexe pétro-industriel
et militaire à leur propos.
Depuis
quelques années cependant, la très
grande majorité des climatologues dénoncent
l'influence sur la hausse des températures
terrestres actuellement observée, de la production
de gaz carbonique et autres rejets atmosphérique
contribuant à ce que l'on nomme l'effet de
serre. Il en résulte que de plus en plus
d'efforts sont faits pour développer des
sources d'énergie dites alternatives au pétrole,
sources dites aussi renouvelables. Mais le prix
en est élevé, les matières
premières nécessaires ne seront pas
elles-mêmes en quantité inépuisable,
et leur pénétration en termes d'usages
demeure très lente. La course au pétrole
ne se ralentit donc en rien aujourd'hui, avec ce
résultat désastreux, selon les climatologues,
que la production des gaz à effets de serre
continue à augmenter, ainsi que la température
de la planète.
On
ajoutera dans cette perspective que le réchauffement
climatique entraînera la libération
de quantité apparemment immenses de méthane
actuellement piégé dans le permafrost
continental ou les fonds océaniques sous
une forme non gazeuse, dites clathrate ou hydrate
de méthane se décomposant en méthane
lorsque la température s'élève.
Ce composé est généralement
considéré comme d'origine organique,
mais il faut savoir que le méthane est très
présent dans l'univers, y compris dans le
système solaire.
Une
autre théorie
Cependant,
il existe une autre théorie sur l'origine
du pétrole. Elle est très peu connue
jusqu'à ce jour, pour des raisons complexes
sur lesquelles nous reviendrons. Développée
dans les années cinquante du XXe siècle
par des géologues russes et ukrainiens, elle
réfute l'hypothèse selon laquelle
le pétrole proviendrait de détritus
biologiques fossilisés et affirme qu'il dérive
de molécules hydrocarbonées qui furent
emprisonnées dans la croûte terrestre
lors de la formation de la terre, il y a 4,5 milliards
d'années. Le pétrole se serait donc
formé à partir de la roche cristalline
précambrienne et non de fossiles. Comme il
n'aurait pas résulté de causes biologiques,
il est dit abiologique ou abiotique. Ce pétrole
serait généré dans les couches
géologiques profondes. Mais dans certaines
conditions favorables, liées par exemple
à l'existence de failles, il pourrait remonter
vers la surface.
Faudrait-il
en conclure que tout le pétrole aujourd'hui
connu et considéré comme biologique
serait d'origine abiotique ? Les deux sources pourraient
elles au contraire co-exister ?
La question oblige à répondre à
divers problèmes scientifiques complexes,
concernant notamment les processus supposés
donner naissance aux deux formes de pétrole
considérées. Nous ne l'aborderons
pas dans cette courte note sauf ci-dessous par allusion.
Notons seulement à ce stade que si l'hypothèse
abiotique se trouvait vérifiée, il
faudrait en conclure que des réserves de
pétrole considérables et renouvelables
se trouveraient disponibles, à condition
de disposer de techniques d'extraction à
des coûts abordables.
Or
cette hypothèse ou théorie du pétrole
abiotique n'est pas récente. Durant tout
le XIXe siècle et le début du XXe
siècle, plusieurs scientifiques ont réfuté
l'origine fossile des hydrocarbures : le naturaliste
et géologue Alexandre von Humboldt, le chimiste
et thermodynamicien français Louis Joseph
Gay-Lussac, ainsi que le chimiste français
Marcellin Berthelot, connu pour avoir mené
une expérience qui lui a permis de démontrer
la possibilité de générer du
pétrole dans des conditions abiotiques. Enfin,
le chimiste russe Dmitri Ivanovitch Mendeleïev
a également repris les travaux de ses prédécesseurs
et énoncé le postulat selon lequel
le pétrole serait une matière primaire
émergeant des structures géologiques
d'origine.
Mais
c'est surtout après la Seconde Guerre Mondiale
que le postulat abiotique prend de l'ampleur. L'Union
soviétique ne disposait alors pas d'énormes
ressources pétrolières et, n'ayant
plus accès aux régions riches telles
que celles du Caucase (Bakou) envahies par l'Allemagne,
elle était contrainte d'en trouver sur son
sol. Le gouvernement russe décide donc de
lancer un vaste projet concernant l'approfondissement
des conditions permettant la formation de pétrole:
son origine, ses localisations et l'étude
des meilleurs moyens de prospection et d'extraction.
L'étude
réunit un grand nombre de scientifiques soviétiques:
géologues, chimistes, pétrochimistes,
physiciens et thermodynamiciens. Elle est dirigée
par les professeurs Nikolai Krudyavtsev et Vladimir
Porfiriev. Elle identifie ce qu'elle considère
comme des erreurs et incohérences dans la
théorie biotique. Après un certain
nombre d'expériences destinées à
confirmer sa validité scientifique de l'étude,
celle-ci est présentée au gouvernement
russe qui les valide. Des travaux sont immédiatement
entrepris sur le territoire de l'URSS. Ils permettront
de découvrir de nombreux gisements de pétrole
et de gaz sur des sites excluant l'hypothèse
d'une formation biologique.
On
aurait pu penser que ces découvertes, ayant
donné à la Russie l'accès à
des ressources en hydrocarbures qui produisent aujourd'hui
une partie de sa richesse, auraient du faire l'objet
de questionnement et de publications dans la littérature
scientifique occidentale. Or malgré les nombreux
articles écrits en russe et publiés
dans les journaux soviétiques, il n'en fut
rien. Plus curieusement, dans les décennies
récentes où la littérature
scientifique circule très facilement et où
la langue n'est plus un obstacle, aucun travail
critique ne fut entrepris systématiquement
hors de Russie pour en discuter. Aujourd'hui le
théorie du pétrole abiotique demeure
encore très largement ignorée.
On
a fait valoir que la science communiste fut longtemps
discréditée à l'ouest par l'affaire
Lyssenko. Mais la raison n'est pas suffisante, car
la science russe, y compris sous l'ère stalinienne,
a produit et produit encore des résultats
la plaçant au niveau des meilleures du monde.
Une autre raison, qui reste a démontrer mais
qui paraît plus sérieuse, est que le
gouvernement communiste, puis russe, n'a pas tenu
à donner de précisions sur les travaux
entrepris avec succès, notamment dans le
bassin Dnieper-Donets, région située
entre la Russie et l'Ukraine et considérée
pendant plus de quarante-cinq ans comme un bassin
géologiquement stérile.
Or
le pourcentage de résultat des forages ayant
eu des résultats productifs y a été
supérieur au moins de moitié à
celui des forages conduits dans d'autres parties
du monde. On pense aujourd'hui que des champs considérables
existent dans cette zone, comme d'ailleurs dans
d'autres régions du territoire russe ou dans
des fonds sous-marins appartenant à la zone
économique exclusive russe. Or pourquoi ce
peu de publicité donné à ces
hypothèses par le gouvernement russe, y compris
aujourd'hui par Vladimir Poutine ? Comment se fait-il
que parallèlement les complexes industrialo-politiques
du pétrole et du gaz, extrêmement puissants
dans le monde, comme nous l'avons rappelé
plus haut, n'abordent pas ce problème ?
Problèmes
scientifiques
Une
première réponse à la question
est le peu de clarté des solutions proposées
par la science concernant les raisons profondes
selon lesquelles se forme le pétrole, qu'il
soit biotique ou abiotique. Nous avons indiqué
ici que nous ne pourrions aborder pour notre compte
cette question, faute d'informations suffisantes.
Bornons-nous
à indiquer que plusieurs points essentiels
à toute prospective sérieuse demeurent
encore relativement obscurs.
Concernant
le pétrole biotique :
-
Comment la décomposition de la matière
organique donne-t-elle naissance, non seulement
à des produits de fermentation mais au pétrole
tel que nous le connaissons ?
-
Cette matière organique, bien que produite
depuis plus de 4 milliards d'années, l'aurait-elle
été en quantité suffisante
pour générer les énormes gisements
de pétrole exploités jusqu'à
ce jour auxquels s'ajoutent ceux des réserves
probables ?
Concernant
le pétrole abiotique :
-
Les processus de production envisagés, qui
supposent d'importantes pressions et températures,
sont-ils compatibles avec l'évolution géologique
et tectonique de notre planète, telle que
connue à ce jour ? -
Ces processus se poursuivent-ils actuellement ?
-
Pourra-t-on un jour démontrer l'existence
de tels pétroles abiotiques sur d'autres
planètes et lunes du système solaire,
ayant suivi des évolutions comparables à
celles de la Terre, sans pour autant y ayant hébergé
de formes de vie analogues à la vie terrestre
?
-
Plus immédiatement, comment évaluer
les réserves abiotiques éventuelles,
accessibles à terme d'environ un siècle
compte tenu de l'évolution prévisible
des méthodes de prospection et de forage?
-
Peut-on envisager que la production de pétrole
abiotique ait pu coexister avec celle du pétrole
biotique, au vu des réponses apportées
aux questions précédentes ?
Quoi
qu'il en soit de ces réponses scientifiques,
on peut suggérer que si la théorie
du pétrole abiotique se trouvait vérifiée,
il en résulterait une avalanche de conséquences,
sur le plan non seulement scientifique et industriel,
mais géopolitiques, d'une importance considérable.
Ce ne serait pas seulement les relations de la Russie
avec le reste du monde qui se trouveraient bouleversées,
mais une grande partie des prévisions actuellement
formulées concernant l'avenir de l'humanité
sur la Terre. Il serait presque possible de parler
de révolution.
Peut-on
parler de conspiration du silence ?
La
littérature sur le pétrole abiotique,
comme le montrent les sources citées en fin
d'article, soupçonne très généralement
le complexe pétroléo-militaro-industriel,
tel qu'évoqué ci-dessus, d'avoir toujours
voulu faire le silence sur les perspectives offertes
par le pétrole abiotique. La raison principale
en était que la ressource étant présentée
comme devant se faire plus rare (pic) un prix élevé
du pétrole se justifiait pour contrôler
la demande et pour maximiser les profits. La rareté
croissante justifiait par ailleurs d'entreprendre
non seulement des forages de plus en plus coûteux,
mais de véritables guerres pour mettre la
main sur les ressources.
Faut-il
donc parler de conspiration organisée entre
les Grands du pétrole et les Etats concernés,
Etats-Unis ou Arabie saoudite notamment, pour instaurer
la rareté? Peut-être pas. Il est difficile
d'imaginer que pendant des années et à
l'échelle du monde entier, une telle conspiration
entre intérêts pétroliers ait
pu s'établir sans fuites et défections.
Parlons plus simplement ici d'un processus de pensée
en groupe qui se serait établi et fortifié
à l'usage.
Ajoutons
qu'a contrario, les prix élevés du
pétrole, tant à la production qu'à
la vente, ne sont pas sans dangers pour le lobby
du pétrole. Ils encouragent, comme nous l'avons
indiqué, la recherche de sources d'énergie
alternatives, comme celle d'économies dans
les modes de consommation. Certes, ces énergies,
vertes ou nucléaires, coûtent cher
à développer et ne prennent que lentement
la place du pétrole, cependant elles représentent
une menace pour ceux des intérêts pétroliers
n'ayant pas les ressources nécessaires pour
se diversifier.
Questions
posées par la baisse actuelle du prix du
baril
Notre
article doit aussi tenir compte d'un élément
qui s'est produit récemment et a surpris
beaucoup d'observateurs, même bien informés
: il s'agit de la baisse du prix du baril, enregistrée
depuis quelques mois et s'étant actuellement
stabilisée autour d'un baril à 50
ou 60 dollars (cf courbe ci-dessus). Nous avons
sur ce site évoqué certaines raisons
pouvant expliquer cette baisse, à supposer
qu'elle devienne durable. Il s'agirait de la diminution
globale mondiale des activités productives,
comme de la volonté conjointe des Etats-Unis
et de l'Arabie saoudite visant à mettre en
difficulté les économies de la Russie
et du Vénézuela, qui avaient eu le
tort de trop compter sur les revenus de la vente
des hydrocarbures.
Il
est aussi possible d'imaginer que les pays producteurs,
en organisant cette baisse, visent à décourager
les investissements dans les énergies renouvelables.
Mais du même coup, si la baisse était
durablement maintenue, ils décourageraient
leurs propres investissements en matière
de recherche de nouvelles ressources.
Dans
une approche toute différente, quitte à
encourir à notre tour le reproche de conspirationnisme,
ne pourrions nous envisager que les lobbies pétroliers
auraient pris conscience récemment
et en toute discrétion pour le moment - des
perspectives de découverte et d'exploitation
du pétrole abiotique. Dans ce cas, leur meilleure
défense serait l'offensive. La baisse des
prix du pétrole biotique encouragerait des
usages de plus en plus étendus du pétrole
en général, justifiant le recours
aux ressources à terme considérables
du pétrole abiotique et découragerait
de ce fait les investissements en matière
d'énergies renouvelables et d'économies
d'énergie. Le complexe pétrolier serait
le mieux placé, compte tenu des moyens considérables
dont il dispose, pour lancer la recherche et l'exploitation
du pétrole abiotique.
Mais
objectera-t-on, une telle politique de production
et de consommation à outrance de produits
pétroliers, toutes origines confondues, se
heurterait très vite aux craintes légitimes
des climatologues. En pratique, elle ne serait pas
longtemps soutenable, compte tenu de l'augmentation
rapide des températures qui en résulterait.
C'est
là que l'argument un moment évoqué
par Claude Allègre, et rejeté compte
tenu du prix du baril à l'époque,
consistant à dire qu'il deviendrait rapidement
possible de séquestrer tout le CO2 produit
par la consommation de pétrole, pourrait
redevenir d'actualité. Si des sources considérables
et de plus en plus faciles à exploiter de
pétrole abiotique se découvraient,
le passage rapide à une économie mondiale
tout-pétrole pourrait se faire sans risques
pour le climat, compte tenu du coût devenu
très faible de la séquestration -
à supposer évidemment que celle-ci
puisse être appliquée à grande
échelle. Les
maîtres du monde de demain seraient alors
les industriels et les Etats capables d'imposer
à tous les pratiques monopolistiques qu'ils
mettraient au point, tant en matière de production
de produits pétroliers biotiques et abiotiques,
qu'en matière d'utilisation de ces mêmes
produits. Dans cette perspective d'ailleurs, à
supposer que le prix actuel du pétrole remonte,
les forces capables d'exploiter le pétrole
abiotique resteraient les mêmes que celles
dominant le marché actuel du pétrole.
Ce que l'on a nommé la malédiction
du pétrole, dont souffrent en premier lieu
les pays disposant de réserves mais incapables
de les exploiter par leurs propres moyens, se retrouverait
dans des termes peu différents un peu partout
dans le monde.
Quelques
sources à consulter
On
constatera que beaucoup d'entre elles proviennent
d'articles ou sites dits alternatifs, refusant d'accepter
sans discussion ce que leurs auteurs nomment les
doxas officielles. Mais une lecture attentive de
ces textes ne permet pas de dire qu'ils ne font
pas appel à des raisonnements scientifiques.
Au contraire.
*
http://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9orie_du_p%C3%A9trole_abiotique
*
http://www.agoravox.fr/actualites/technologies/article/les-avancees-recentes-sur-l-143349
*
Forum Futurasciences http://forums.futura-sciences.com/debats-scientifiques/268290-petrole-abiotique.html
*
https://resistance71.wordpress.com/2011/06/12/tout-ce-que-vous-avez-toujours-voulu-savoir-sur-le-petrole-abiotique/
*
http://petrole-abiotique.blogspot.fr/
*
http://www.diatala.org/article-12938617.html
*
http://www.karmapolis.be/pipeline/petrole.html
*
http://www.politiques-energetiques.com/et-le-baril-vacille/#xtor=SEC-4-GOO--[57348004523]-S-[%2Bp%C3%A9trole]
*
http://www.alterinfo.net/Tout-ce-que-vous-avez-toujours-voulu-savoir-sur-le-petrole-abiotique-Seconde-addition-au-dossier_a101056.html