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Editorial2.
France:
Pourquoi voter si aucun des choix proposés
n'est suffisamment mobilisateur?
Jean-Paul Baquiast, Christophe Jacquemin 23/03/2015
Les
sondages avaient prévu au premier tour
des élections cantonales françaises
un taux de participation d'environ 50%. Elle
a été un peu plus forte. Il
reste que dans l'ensemble l'abstention demeure
aux alentours de 45%. Ceci en dit long.
Les
analystes politiques expliquent ce fort taux
par diverses raisons, notamment le peu d'intérêt
pour des élections qui ne sont pas
nationales. Ces causes jouent certainement,
mais il est osé de pronostiquer que
la participation sera plus forte, lors d'élections
nationales, pour l'élection de l'Assemblée
ou pour celle du président de la République.
Nous
pensons pour notre part qu'environ 15 à
20% des abstentionnistes ne proviennent pas
d'électeurs ayant tendance à
se désintéresser de la vie politique.
Ils proviennent d'électeurs qui se
seraient mobilisés si des perspectives
de changement véritablement profondes
avaient été proposées
par les partis, qu'ils soient au pouvoir comme
le parti socialiste ou dans l'opposition comme
ceux de la droite et de l'extrême droite.
Or malgré les apparences, ces trois
blocs tiennent à peu près le
même discours, discours consistant à
ne rien changer, autrement dit à capituler
devant les forces économico-financières
dominées par l'Amérique de Wall
Street et ayant pris en main le destin du
monde.
Personne sur ce point ne se fait d'illusion
sur le programme du Front National. S'il venait
au pouvoir il se plierait malgré ses
grands discours actuels à l'ordre imposé
par les maîtres de l'Union européenne.
Quant à l'intention de se rapprocher
de Moscou, il n'en resterait rien face aux
gros yeux que ferait Washington.
Les
abstentionnistes n'auraient pas été
si nombreux au cas où par un quasi-miracle,
avant les élections, était apparu
un parti ou une coalition se proclamant véritablement
anti-Système et suffisamment décidée
pour ne pas capituler devant les forces du
Système une fois élue. Le lieu
n'est pas ici de rappeler une nouvelle fois
ce que peut désigner ce terme de Système
et ce que signifierait une politique véritablement
décidée à s'y opposer,
voire à le casser...Nos lecteurs savent
ce que nous en pensons, et le plus souvent
partagent nos points de vue.
Or nulle part dans le paysage politique français
ne sont apparues des forces manifestant la
moindre volonté d'inciter les Français
à sortir du Système, ne fut-ce
que de façon un peu symbolique comme
l'avaient fait les mouvement Syrisa en Grèce
et Podemos en Espagne. Pourquoi en ce cas
aller voter pour des partis qui d'avance annoncent
reconduire, sauf sur des nuances imperceptibles,
les anciennes politiques?
On
nous dira que nous rêvons. Les déterminismes
et les enchainement d'intérêts
sont tels qu'aucun mouvement porteur de véritable
rupture ne pourra jamais apparaître,
aucun homme ou groupe d'hommes capables d'incarner
cette rupture n'aura la possibilité
d'émerger. Mais parler ainsi est ignorer
le caractère chaotique de l'histoire,
le terme de chaos étant pris au sens
scientifique et signifiant imprévisibilité
radicale. En mai 1940, qui parmi les vainqueurs
et les vaincus de cette première phase
de la guerre aurait pu imaginer une seconde
l'apparition d'un de Gaulle?
Ce
serait peu rationnel aujourd'hui d'en appeler
à l'homme providentiel, que ce soit
en France ou en Europe. Nous parlerions plutôt
d'une vision providentielle qui portée
par quelques hommes et femmes ayant le profil
de héros surgirait du néant
des volontés exténuées
et mobiliserait des forces permettant d'affronter
les grandes catastrophes qui, dans quelques
décennies, qu'on le veuille ou non,
s'étendront à l'ensemble du
monde.
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