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Sciences,
technologies et politique.
Le
risque d'un nouveau Tchernobyl en Ukraine
. Jean-Paul Baquiast 07/01/2014

Récemment, des incidents d'exploitation
avaient été enregistrés
dans une des centrales nucléaires qu'exploite
l'Ukraine. Il s'agissait d'un arrêt
automatique d'exploitation, début novembre,
dans l'unité 3 de la centrale nucléaire
ukrainienne Zaporozhiya, à la suite
d'un court-circuit dans le système
de transmission. Les autorités nucléaires
ukrainienne, notamment l'opérateur
public ukrainien Energoatom, se sont montrées
rassurantes. L'incident était stoppé
et par ailleurs tout était fait pour
qu'il ne se renouvelle pas.
Cependant un nouvel incident se produisit
fin décembre 2014. Une fuite à
l'unité 6 de la centrale Zaporozhe
avait été détectée,
avec une forte élévation du
niveau de radiation. Mais là encore
les autorités ont rassuré l'opinion.
Selon elles, le réacteur 6 avait été
déconnecté du réseau
le 29 décembre à la suite de
ce qui avait été identifié
comme un problème affectant la turbine.
Le défaut fut immédiatement
réparé et l'unité reconnectée
au réseau le même jour, tournant
depuis à pleine puissance.
La
firme japono-américaine Westhinghouse
qui fournit des barres de combustibles nucléaires
à d'autres réacteurs situés
dans le sud de l'Ukraine avait été
mise en cause, notamment par certains journaux
russes. Mais elle a rétorqué
que les réacteurs de Zaporozhiya sont
encore alimentés exclusivement en combustible
provenant de Russie. Ceci ne suffit pas à
lever les inquiétudes concernant d'une
façon générale la sureté
d'exploitation du parc ukrainien de centrales.
Le ministre des affaires étrangères
russe s'en est fait légitimement l'écho.
L'Ukraine avait précédemment
renvoyé tous les spécialistes
russes utilisés pour la maintenance
et la sécurité, s'en remettant
à ses propres moyens.
Les
populations russes situés sous les
vents dominants seraient les premières
victimes d'un accident de type Tchernobyl.
Mais la France et même l'Allemagne qui
appliquent quoiqu'en disent les anti-nucléaires,
les normes de sécurité les plus
sévères au monde, devraient
s'alarmer de voir les conditions dont, à
leur porte, est assurée (ou non assurée)
la sécurité nucléaire
en Ukraine. Pour ce faire, il faut des équipes
nombreuses et performantes (on avait il y
a quelques temps reproché à
EDF d'avoir fait appel à des contractuels
moins couteux pour remplacer les titulaires
du CEA). Or que dirait-on en Ukraine, dans
l'état de délabrement qui affecte
dorénavant toutes ses structures industrielles
? Sait-on que pour surveiller et remplacer
les centaines de km de tuyauterie dans une
centrale, il faudrait idéalement une
centaine de spécialistes de la plomberie
extrêmemet performants, disponibles
24h/24.
Au
niveau politique et administratif, il faut
aussi des autorités centrales et locales
très stables et responsables. Tout
ceci n'est plus assuré en Ukraine.
Donc de nouveaux Tchernobyls pourraient survenir
à tous moments. Les Etats-Unis ne seront
guère affectées, sauf par des
retombées provenant de courants aériens
de haute altitude. Ce ne sera pas le cas de
nos plantations de carottes. On ne comprend
pas qu'au delà de vagues conversations
tenues à Agence Internationale de l'Energie
atomique, cette question ne soit pas posée,
tant au niveau de l'Union européenne
qu'à celui de l'ONU. Et il ne faudra
pas se satisfaire des déclarations
rassurantes de Westinghouse, comme celles
référencées ci dessous.
Pour un industriel fournisseur, tout va toujours
très bien, jusqu'au jour où
rien ne va plus. Toshiba alliée à
General Electric en avait fait une éclatante
démonstration à Fukushima Daiichi
Reférences
Westinghouse
dismisses 'link' between fuel and Zaporozhiya
fault 08/12/2014
Westinghouse
'significantly' expands fuel supply in Ukraine
31/12/2014
De nombreuses autres sources sont disponibles
sur le web
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