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Sciences,
technologies et politique.
La mort dinternet ... ou de Google
Par Philippe Grasset. 25/01/2015
Reprise
d'un
article précédemmet publié
par l'auteur, que nous remercions, sur
le site Dedefensa . L'imùage a été
ajoutée par nous.
Automates Intelligents

A
Davos, limpassible et glacial Führer
de Google, Eric Schmidt, annonce la mort dinternet
comme de quelque chose qui serait rapidement
dépassé et inutile, une
sorte de dinosaure, promis à disparaître
selon la logique vertueuse du monde parce
quil semble bien que ledit internet
ne corresponde pas au dessein supra-physique
de ce thaumaturge du bazar de simulacre de
la postmodernité (nous parlons de Google
et de sa philosophie). Schmidt décrit
ce qui remplacera internet, ce qui ferait
au fond quon passerait dun réseau
public, collectif et interconnecté
comme il lest aujourdhui à
létablissement dun réseau
individualiste touchant directement
les consommateurs, via leurs cerveaux.
Cest la formule idéale des transhumanistes
évoluant vers le contrôle total
de lhumain et sa transformation progressive
en un humanoïde robotisé, puis
en un robot vaguement humanoïsé...
On
voit donc quil y a une façon
classique, commerciale et technologique, de
considérer ces propos (ceux de Schmidt),
ou une façon absolument ontologique
de considérer quil sagit,
derrière le discours débité
sur le ton monocorde quaffectionne Schmidt,
dune tentative délibérée
de transformation radicale de la personne
humaine, et donc de lespèce.
Certaines appréciations, qui attribuent
dexpérience à la galaxie-Google
un climat de relations humaines et une dynamique
professionnelle (?) ressemblant à ceux
dune secte qui auraient
des projets de surhumanité conduisant
à lextra-humanité, peuvent
tout aussi bien accréditer la seconde
interprétation. Ils ne doivent pas
hésiter une seconde, nous y sommes.
Dans Infowars.com, Paul Joseph Watson résume
le propos de Schmidt à Davos de cette
façon «Google
CEO Eric Schmidt greased the skids for an
Internet brain chip during a speech at the
World Economic Forum in Davos, Switzerland
earlier today when he predicted the end of
the world wide web as an external concept.
»Asked how he saw the Internet developing
in future years, Schmidt responded. I
will answer very simply that the Internet
will disappear. There will be
so many IP addresses
so many devices,
sensors, things that you are wearing, things
that you are interacting with that you wont
even sense it, he added. It will
be part of your presence all the time. Imagine
you walk into a room, and the room is dynamic.
And with your permission and all of that,
you are interacting with the things going
on in the room.
»Schmidt, who previously caused controversy
amongst privacy advocates when he stated,
If you have something that you dont
want anyone to know, maybe you shouldnt
be doing it in the first place, concluded
his Davos speech by envisaging A highly
personalized, highly interactive and very,
very interesting world. When Schmidt
speaks of sensors that will replace the Internet
as a platform accessed only through an external
device, he is talking about implantable brain
chips...»
Mais
il y a une autre face de lintervention
de Schmidt, qui est relevée
par Business Insider, le même 23
janvier 2015 Il concerne la position bêtement
commerciale de Google, la situation de son
monopole, face à lapparition
en nombre grandissant de concurrents qui sapproprient
des parts de marché, tandis que la
société géante de linternet
est sous le coup dune investigation
de lUE, justement pour sa position monopolistique.
Il importe d'avoir à l'esprit que ce
mouvement vient de la crise NSA/Snowden et
des révélations qui ont été
faites sur la complicité et linterconnexion
existantes entre Google et la NSA.
«Google chairman Eric Schmidt suggested
today that Google's dominance in both
search and mobile device operating systems
is under threat from a new set of players
intent on reordering the tech business. He
was speaking at the World Economic Forum in
Davos, Switzerland, on a panel with Vodafone
CEO Vittorio Colao, Facebook COO Sheryl Sandberg,
and Microsoft CEO Satya Nadella.
»Schmidt was asked about the dominance
of certain major companies, such as Facebook,
Google and Apple who between them control
the vast majority of the web and mobile internet.
The context is that Google is under investigation
by the EU into whether its search engine counts
as a monopoly. Some regulators
have suggested breaking up the company. Google
has a roughly 90% share of the search market
in Europe and its Android product has an up
to an 80% share of the mobile device operating
system market for phones, worldwide.
»And while Schmidt's answer wasn't exactly
an admission that Google is going to crumble
anytime soon, it did echo the thinking of
some in the tech business who have noticed
that smaller, specialist companies have begun
slicing off niche chunks of Google's core
business, or developing new search areas that
Google has no access to. Both Facebook and
Apple have search products for instance. (Facebook
has its own internal search algorithm and
Apple's App Store has a search function that
powers its multi-billion app discovery process.)
»On the question of dominance,
you now see so many strong tech platforms
coming through and you're seeing a reordering,
and a future reordering, of the leaders because
of the rise of the app on the smartphone.
... all bets are off. We have a whole new
set of players, he
said. The major question for the future, he
said, was, What are the apps that people
are going to use? ... I view that as a completely
open market at this point. His point
is that new players can come from nowhere
and create seemingly massive businesses from
nothing in a matter of months. Two recent
examples are the workplace chat product Slack
recently valued at $1 billion after
only being in existence for 8 months
and Snapchat, which in just a couple of years
has come to dominate certain types of messaging,
particularly among young people. Whether any
such app might seriously damage Google is
being openly discussed by investors. A recent
analysts' note from Baird Equity Research
suggested Google was losing some of its mojo
to competitors...»
Ainsi va cette étrange époque
où se mêlent jusquà
lintimité la plus oiseuse et
la plus étrange le business dans ce
quil peut avoir de plus monstrueux et
de plus faussaire, entre les $milliards et
les connexions avec la NSA, et les projets
dune science-fiction colorée
dun ésotérisme de bazar
où un CEO sorti de rien nous assure
quil pourrait répondre avec assurance
et certitude à la question fameuse
Qui ta fait Dieu ?. Le vrai
est que lamas de puissance et le fatras
de technologisme que permet le Système
conduit effectivement à proposer sur
la place publique des ambitions relevant de
la métaphysique à la portée
de toutes les bourses, sans vraiment exciter
le moindre scepticisme. A Davos, aujourdhui,
tous les rêves sont permis, dabord
parce quils sont protégés
par une armée de gardes du corps clonés
et globalisés en costumes sombres et
lunettes noires, et de gabelous suisses veillant
sur la bonne réputation de la Confédération.
Il sagit dune situation complètement
inédite dans la répartition
des puissances, et dans lexposé
de lintentionnalité dans lusage
de ces puissances. Ce qui est remarquable,
cest ce procédé du parler
à ciel ouvert (en plus,
avec la superbe luminosité des cimes
alpestres) dans lexposé du complot
pour remplacer Dieu en réparation
(Louis-Ferdinand Céline) par Dieu-Google,
donc poursuivre le récit de lampleur
extraordinaire du complot machiné par
le Führer-Schmidt ; et là-dessus
la plongée dans la plus basse comptabilité
pour rappeler que tout cela dépend
de la capacité de Google de tenir le
choc des effets des révélations
de ses relations incestueuses avec la NSA.
Ainsi, dans trois ou quatre ans, peut-être
serons-nous tous dépendant des consignes
de Schmidt et de son Dieu-Google,
ou bien peut-être Schmidt sera-t-il
dans sa résidence de chômage
doré, à remâcher avec
Marx et Nietzsche le catalogue des occasions
ratées. En attendant défilent
sous nos yeux, hors de tout contrôle
de lesprit critique, hors de toute référence
de mesure du philosophe, hors de toute appréciation
dautorités morales
qui préfèrent sen remettre
au flux du Système, les projets les
plus ambitieux et les plus déstructurants.
Nous nobservons pas cela pour approuver
ou dénoncer les projets de Schmidt
dont nous avons déjà parlé,
pour nous inquiéter ou nous réjouir
du sort de Google, on connaît
nos positions là-dessus, mais
pour suggérer de quel poids formidable
cette avalanche de communication concernant
les hypothèses exposées et commentées
sérieusement des bouleversements les
plus considérables quon puisse
imaginer doit peser sur nos psychologies.
Lépoque postmoderne, qui se présente
comme lépoque du big Now, ce
pseudo-éternel présent
en version technologique, qui devrait donc
proposer la stabilité assurée
dune sorte de meilleur des mondes
enfin réalisé, produit au contraire
et paradoxalement les poussées déstabilisantes
et déstructurantes des psychologies
les plus fortes quon puisse imaginer.
Cest ainsi que naissent les événements
les plus inattendus, cest-à-dire,
pas nécessairement ce que le Führer-Schmidt
nous promet pour ses lendemains qui clignotent...