Sciences
et société. Les dangers des
nanoparticules pour l'homme
Jean-Paul Baquiast
03/11/2014

Vue
en microscopie électronique à transmission
(TEM) de nanoparticules de silice mésoporeuse, avec
des diamètres de 20nm (a), 45nm (b), et 80nm(c).
la photo d présente une vue en microscopie électronique
à balayage correspondant à (b).
On
désigne par le terme de nanoparticule un objet défini
par la norme ISO TS/27687 comme étant un nano-objet
dont les trois dimensions sont à l'échelle
nanométrique, c'est-à-dire une particule dont
le diamètre nominal est inférieur à
100 nm environ. Une autre définition, plus large,
qualifie de « nanoparticule » un assemblage
d'atomes dont au moins une des dimensions se situe à
l'échelle nanométrique ; ceci correspond
à la définition de « nano-objet »
selon la norme ISO précitée. (Voir wikipedia.
Nanoparticules)
Les
nanoparticules peuvent être d'origine naturelle (résultant
par exemple de poussières sableuses véhiculées
dans l'atmosphère) ou artificielles, produites par
l'Homme. Les nanoparticules d'origine atmosphérique,
qu'elles soient naturelles ou artificielles (résultant
d'activités humaines), sont souvent dénoncées
comme facteur d'irritation pulmonaire ou oculaire en période
d'anticyclone, c'est-à-dire d'absence de vent susceptible
de les disperser.
Mais
les nanoparticules produites intentionnellement afin d'être
incorporées dans des produits industriels ou à
finalité thérapeutique, sont bien moins connues.
Elles peuvent cependant être beaucoup plus dangereuses,
d'autant plus que leurs effets immédiats et a fortiori
de long terme, sont très généralement
mal étudiés. Plus exactement, elles ont souvent
fait l'objet d'études, parfois mal conduites, souvent
approfondies, mais ces études sont restées
confidentielles, souvent d'ailleurs empêchées
de diffusion par les intérêts qu'elles gênaient.
Un
rapport suisse
Le laboratoire
fédéral suisse EMPA vient de publier
un rapport sur la question. Il a toutes les chances
de rester ignoré du grand public
Nous
pouvons en résumer les conclusions ci-dessous
* Voies
de pénétration dans le corps humain: la peau,
les poumons, le tube digestif. Une peau saine offre une
barrière suffisante, mais ce n'est plus le cas d'une
peau abimée pour une raison quelconque. Elle peut
être affaiblie par l'abus préalable de produits
cosmétiques mal dimensionnés. L'entrée
par les poumons est la plus difficile à empêcher,
sauf à imposer le port d'un masque. Quant à
la pénétration par le tube digestif, elle
est plus rare. Elle dépend des produits ingérés,
dont un nombre grandissant comporte des nanoparticules dont
la présence est ignorée des utilisateurs de
ces produits.
* Les
essais en laboratoires. Les entreprises souhaitant commercialiser
de nouveaux produits se vantent de multiplier les essais
préalables en laboratoire. Mais d'une part, ceux-ci
provoquent d'inutiles souffrances et morts chez les animaux
utilisés, d'autre part leurs résultats ne
sont pas toujours transposables à l'homme. Enfin
ils sont souvent passés sous silence quand ils sont
défavorables. Il n'existe pas encore, comme pour
les médicaments, de procédures universellement
reconnues s'imposant avant mise sur le marché.
*Pour faire face à cette insuffisance, les pouvoirs
publics comme les associations d'utilisateurs devraient
imposer des méthodes validées s'imposant aux
essais en laboratoires. Les produits utilisés pour
les tests devraient en particulier respecter des normes
intéressant la nature et la distribution des particules,
fournir une bonne documentation intéressant leurs
propriétés biologiques et chimiques, préciser
les conditions susceptibles à l'usage de les altérer
Un besoin urgent d'évaluation
et de transparence
En Suisse,
en collaboration avec le laboratoire « Powder
technology » de l'Ecole Polytechnique Fédérale
de Lausanne et de l'Office Fédéral en charge
de la Santé publique (FOPH), des industriels ont
décidé le 9 octobre de participer à
un programme de recherche et d'homologation dit Nano
Screen soutenu en France par l'Agence Nationale de la Recherche.
Le besoin
sera d'autant plus urgent qu'un nombre croissant de très
grandes entreprises internationales ont dernièrement
décidé de lancer des projets à long
terme, intéressant la santé et la lutte contre
le vieillissement, et utilisant des nanoparticules. C'est
le cas de Google. Or contrairement aux laboratoires publics
s'engageant dans cette voie avec un minimum de transparence.
Ce que ne fait pas Google. La firme va développer
et commercialiser des produits dont les contenus et les
effets ne seront pas rendus publics. Ils seront au contraire
brevetés pour empêcher que d'autres industriels
ne s'en saisissent
(voir notre éditorial:
Introduction massive de nanoparticules dans les organismes
humains
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