Article.
Les virus échappent
à la science
Bernard Dugué 17/08/2014
Bernard
Dugué est l'auteur, entre autres écrits, du
"Le sacre du vivant" . Il nous confie certains
de ses articles. Nous l'en remercions. L'image a été
choisie par nous. Automates Intelligents 19/08/2014

Les
virus restent une énigme pour les biologistes qui
ne savent pas sils appartiennent au règne vivant
ou alors constituent un règne à part. Les
virus seraient alors en dehors dun domaine incluant
bactéries, champignons, végétaux et
animaux mais ils ne seraient pas pour autant dans le monde
inorganique et abiotique. Les virus sont très petit,
se répliquent dans ces cellules hôtes et circulent
dans la nature en nombre défiant lentendement.
Si les virus ont été découverts, cest
parce quils constituent parfois des agents pathogènes,
comme peuvent lêtre les bactéries ou
certains champignons. La plupart des virus circulent sans
occasionner de pathologie chez les sujets. Parce quil
sont inoffensifs et ne pénètrent pas déventuels
hôtes, ou bien parce quils sont « contrés
» par le système immunitaire de lhôte
ou même parce quils sont carrément intégrés
dans le génome. Lhypothèse des virus
comme vecteurs dinformation génétique
pouvant participer à la transformation des espèces
est devenue courante. Lhistoire des virus ressemblerait
alors à la fable qui se racontait dans les écoles
naguère, avec les insectes nuisibles et les insectes
utiles. Il y aurait les virus utiles et les virus nuisibles,
surtout les plus virulents comme ceux de la poliomyélite,
du Sida, du Sras et pour coller à notre actualité,
bien évidemment le virus Ebola. Sans oublier les
hépatites et les grippes.
Les
analyses scientifiques ont dévoilés beaucoup
de détails moléculaires sur le fonctionnement
des virus, depuis lentrée dans une cellule
hôte puis la multiplication dans la cellule en parasitant
les dispositifs situés dans le noyau et les ribosomes.
Le virus doit à la fois répliquer sa séquence
mais aussi synthétiser les protéines qui forment
la capside, celles-ci servant alors de clé pour sortir
de la cellule si nécessaire et surtout de clé
pour entrer dans dautres cellules. Les protéines
virales et le matériel génétique ne
sont pas synthétisés dans le même lieu
mais cet ensemble de molécules finit par sassembler
et cest ce qui fait la « force » du virus.
La « force » étant un euphémisme
désignant lefficacité de ces nanomachines
moléculaires pour passer dune cellule à
une autre, dun hôte au prochain sur la liste.
Cette efficacité savérant redoutable
lorsque le virus est hautement pathogène, avec deux
paramètres significatifs en virologie, la contagiosité
et la létalité. Le premier désigne
la vitesse de propagation du virus dans la population, le
second désigne la proportion des patients infectés
finissant par décéder. La létalité
est très faible pour la grippe, sauf chez des patients
fragilisés par un terrain physiologique ou atteint
par une autre pathologie. La létalité est
importante pour le virus Ebola, avec comme ordre de grandeur
un patient sur deux qui décède dans le mois
suivant linfection. Le virus du Sras est lui aussi
fortement létal. Quant au virus du Sida, il était
dune très forte létalité il y
a trente ans, produisant ses effets sur une échelle
de quelques années, occasionnant des milliers de
décès prématurés, emportant
au passage nombre de célébrités. Maintenant,
le Sida est traité avec les trithérapies,
devenant une maladie chronique et non plus létale
comme peuvent lêtre par ailleurs certaines formes
de cancer au sombre pronostic.
Il ny
a pas de traitement vraiment efficace pour la plupart des
virus sauf la prévention avec la vaccination qui
est utile dans certains cas et a permis déradiquer
nombre de maladies virales, de la polio à la variole.
Dans le cas de la rage, il existe une vaccination non pas
préventive mais curative. Les trithérapies
ont montré leur efficacité. Pour le virus
Ebola, quelques traitements non homologués sont testés
actuellement. Ce ne sont pas des vaccins mais des sérums
censés empêcher la multiplication virale chez
le patient. Le principe est le même que la trithérapie
mais les échelles de temps sont différentes.
Le virus Ebola progresse rapidement dans lorganisme
infecté. Il ny a pas de solution thérapeutique.
La seule solution pour empêcher le virus de progresser,
cest le confinement des patients infectés et
les mesures dhygiène conventionnelles.
Qu'enseignent
les virus
Les
virus enseignent deux choses. La
première est triviale. Les virus font beaucoup moins
de dégâts chez lhomme que les comportements
à risque et surtout les guerres qui tuent mais aussi
occasionnent des millions de blessés et autres handicapés,
mutilés, etc. La seconde chose est un enseignement
scientifique. Les virus sont des nanosystèmes dont
le fonctionnement complet et la logique moléculaire
et informationnelle échappent pour linstant
à lentendement scientifique. Je précise,
cest la logique qui échappe à la connaissance
mais pas les mécanismes puisque ceux-ci sont analysés
si bien que la mécanique virale est à peu
près élucidée. Mais ce nest pas
cette mécanique qui est déterminante, cest
linteraction entre la « mécanique virale
» et la « mécanique cellulaire »
de lorganisme hôte. La science moléculaire
est limitée par son réductionnisme et ne saisit
pas la vision holistique du vivant. Pour autant, cette vision
est-elle utile pour combattre les maladies virales ? Cela
supposerait quil existe des thérapies holistiques.
Cette éventualité semble peu probable. Même
si sur un autre plan on peut supposer la possibilité
de renforcer les défenses de lorganisme avec
des options disons paramédicales. La mécanique
des virus semble maintenant achevée, comme du reste
la thérapie conventionnelle avec les instruments
moléculaires bien connus que sont les vaccins et
parfois les inhibiteurs viraux. Achevée dans ses
principes du moins. La science des molécules conserve
encore des possibilités inédites pour produire
des traitements antiviraux plus ou moins efficaces. Cest
le cas pour le virus Ebola avec des essais sur des molécules
non homologués justifiés par la situation
préoccupante en Afrique.
Les
virus sont combattus souvent avec succès mais ils
recèlent un certain nombre dénigmes
sans oublier leur côté inquiétant, surtout
pour une opinion publique immergée dans les médias
complaisant avec linformation paniquante. Les virus
sont des systèmes complexes permettant de dévoiler
la logique du vivant et de réfléchir aux origines
de la vie ainsi quaux circuits et processus faisant
intervenir linformation et le contrôle de linformation.
Si les virus échappent encore à la science,
cest parce que le fonctionnement complet des systèmes
vivant échappe lui aussi à la science réductionniste
de notre époque.
La lutte
contre les virus a ainsi montré ses limites, lesquelles
sont aussi les limites de la science réductionniste
qui marque des points quand le contexte est favorable mais
échoue quand la Nature savère plus retorse.
Cest le cas pour Alzheimer et la plupart des maladies
dégénératives pour lesquelles il ny
a pas de traitement, pas plus que pour le cancer, pathologie
qui selon les cas est contrôlée ou hors de
contrôle, même avec les chimiothérapies
les plus élaborées. Pareil pour les virus,
avec des pathologies contrôlées et dautres
hors de contrôle. Les plans cancer sont bien inutiles.
La science échoue sur ces pathologies comme elle
échoue à comprendre la Vie. Dommage que le
monde scientifique se soit doté dillères
réductionnistes et ne puisse pas développer
des stratégies alternatives qui, si elles sont étudiées,
nenlèvent rien aux moyens dont dispose la science
conventionnelle. Ces stratégies sont en germe. Elles
seront développées dici quelques décennies.
Le temps que la science réductionniste achève
ses réussites et reconnaisse autant ses échecs
que ses limites gnoséologiques. La vie est holistique,
technique, cognitive. Les virus sinsèrent dans
cette « mécanique informationnelle ».
Lancien paradigme est mort !
Note
de la Rédaction
Notre ami Thierry Berthier, spécialiste en cybersécurité,
vient de publier un article sur son blog qui est intéressant
dans la perspective d'une approche systémique des
virus:
Ebola,
virus et super-virus