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Editorial
La Chine bientôt première puissance
spatiale ? Jean-Paul Baquiast, Christophe Jacquemin - 14/12/2013
L'atterrisseur
Chang'e-3 et le rover 'Lapin de Jade" (image de composition)
L'alunissage
réussi de la sonde Chang'e-3, dite aussi "Dragon",
marque un très important succès pour le programme
spatial chinois. Il s'agit du premier débarquement
chinois sur la Lune. Par ailleurs, il s'est écoulé
36 ans depuis les derniers succès américains
dans ce domaine.
De
même que le lancement réussi de la première
mission indienne vers Mars il y a quelques semaines, ce succès
marque la volonté de ces deux grands pays pour mener
des réalisations aussi ambitieuses sinon plus que celles
des puissances spatiales historiques, Etats-Unis, Russie et
Union européenne (ESA). De plus, alors que ces dernières
semblent bloquées tant par les difficultés économiques
que par un manque d'enthousiasme (supposé) de leurs
populations, la Chine et l'Inde échapperont, autant
qu'il est aujourd'hui prévisible, à ces deux
handicaps.
Concernant la Chine en particulier, les moyens budgétaires,
humains et politiques ne semblent pas manquer, malgré
les défis qu'elle doit relever par ailleurs. Autant
que l'on puisse en juger, dans un pays où l'opinion
publique ne s'exprime pas aussi librement qu'à l'Ouest,
le soutien populaire paraît plus qu'acquis. Il frise
l'enthousiasme; Tout se passe comme si les citoyens se consolaient
de leurs difficultés actuelles par la perspective de
l'avenir spatial glorieux que se prépare l'Empire du
Milieu.
Nous avons plusieurs fois répété ici
qu'il ne s'agissait pas d'illusions, mais de réalités
solides. Dans l'immédiat, les investissement technologiques
et scientifiques nécessaires à la conquête
spatiale auront des retombées immédiates dans
tous les autres domaines, qu'il s'agisse de la défense
ou du civil. A moyen terme, des perspectives intéressantes
se dévoileront, ne fut-ce que par l'exploitation éventuelle
de ressources extra-terrestres. A plus long terme encore,
dans un horizon de 20 à 30 ans, il sera possible d'envisager
des implantations durables sur la Lune, Mars ou les satellites
martiens. Sur la durée du siècle enfin, la plupart
des prévisionnistes affirment que l'avenir de l'humanité
se jouera dans l'espace. Il faudra en être ou se résoudre
à des infériorités permanentes.
Aux Etats-Unis, de tels projets ne sont plus envisagés
que par des multimillionnaires ayant réussi à
se doter des épargnes nécessaires en exploitant
les situations monopolistiques que les consommateurs leur
ont permis d'acquérir. Mais leur situation demeurera
toujours fragile. Les politiques spatiales à long terme
ne peuvent être conduites que par de grands Etats, ou
des coopérations interétatiques durables. Tout
laisse penser que la situation politique en Chine, voire en
Inde, sera suffisamment stable dans les prochaines décennies
pour assurer le soutien nécessaire aux opérations
extra-terrestres.
De notre côté, ous ne pouvons que déplorer
une nouvelle fois l'absence de clairvoyance et de volonté
caractérisant dans ce domaine tant l'Europe que la
France. Les milieux informés ont célébré
ces jours-ci la réussite d'une première géolocalisation
faisant appel aux 4 premiers satellites Galiléo déployés.
Ils auraient pu l'être depuis au moins 10 ans si l'Europe
avait surmonté ses divisions dans ce projet comme dans
beaucoup d'autres. Mais Galiléo ne deviendra nopérationnel,
avec les retombées de toutes sortes en découlant,
que lorsque 10 satellites au moins seront en orbite. Faudra-t-il
attendre 10 ans de plus pour que l'Europe réussisse
cet exploit ?
Si
l'arrivée d'un rover chinois sur la Lune montre
tout d'abord l'affirmation des ambitions chinoises en
matière de conquête spatiale(1),
rappelons - comme nous l'avions déjà
fait en 2010 - que deux précédentes
sondes (Chang'e1 et 2) ont été envoyées
autour de la Lune par l'Empire du milieu, respectivement
en 2007 et 2010. Chang'e 2 était notamment munie
de caméras visant à mesurer les champs
d'hélium 3, denrée à laquelle s'intéresse
également de près les Américains
et les Russes. Ainsi,
plus loin que l'affirmation politique et scientifique,
se dessinerait ici - mais à plus long terme -
l'affirmation économique avec lexploitation
de
ressources sur
la Lune.
L'hélium
3, combustible du futur ?
Quasiment
inexistant sur Terre, l'hélium 3
pourrait par exemple se révéler être
LE combustible élégant du futur pour venir
alimenter sur terre de prochains réacteurs à
fusion, et offrir ainsi à l'humanité une
solution de continuité dans sa production d'énergie.
Il faut en effet savoir que nous fonçons vers
l'épuisement irréversible de nos réserves
en énergie fossiles, épuisement prévu
avant la fin de ce siècle. Dans ce paysage, les
énergies dites "renouvelables" ne pourront
subvenir seules aux besoins des Terriens toujours plus
énergétivores. Par ailleurs, les actuelles
centrales nucléaires à fissionne
constituent pas une option généralisable
sur la planète, non seulement à cause
des déchets radioactifs produits, mais aussi
du fait du risque de prolifération militaire.
Reste alors le développement des réacteurs
à fusion, l'
3He constituant une solution propre de création
d'énergie.
Les
réserves d'3He estimées sur la Lune seraient
de l'ordre du million de tonnes. Cet isotope non radioactif
d'hélium est incorporé au régolite
ou enfoui en faible profondeur de la surface. 25 tonnes
permettent de satisfaire les besoins des États-Unis
et de l'Union européenne pendant une année.
Une tonne dhélium 3 vaut plusieurs milliards
de dollars. Construire une chaîne
logistique et minière avec la Lunea déjà
été évoqué(2).
Cela-dit, il faut aussi avoir bien en tête que
la température de fusion de l'hélium 3
est dix fois plus élevée que pour la fusion
conventionnelle. La maîtrise de cette technologie
ne peut s'envisager qu'à long, voire très
long, terme.
La
fusion
La fusion est un processus où deux noyaux atomiques
s'assemblent pour former un noyau plus lourd. La fusion
de noyaux légers dégage d'énormes
quantités d'énergie provenant du défaut
de masse. Cette réaction est à l'uvre
dans les étoiles, où la fusion de l'hydrogène
en hélium fournie l'énergie du Soleil.
Si la fusion a pu être utilisée dans les
bombes H, il n'existe pas pour l'instant d'applications
industrielles de la fusion pour la production d'électricité.
Celle-ci constitue un véritable défi.
Le
réacteur ITER, actuellement en construction à
Cadarache en France, est un prototype destiné
à vérifier la faisabilité scientifique
et technique de la fusion nucléaire comme nouvelle
source d'énergie. La réaction de
fusion envisagée dans ITER ne fera pas intervenir
l'hélium 3 et se ferra à partir de deutérium
(D) et de tritium (T), selon la réaction :
[D + T = 4He + neutron + énergie].
Le tritium est radioactif et entraîne des émissions
bêta)].
La
fusion nucléaire de l'hélium 3, dégage
une colossale énergie, et pour sa part ne produit
aucun déchet ou sous-produit radioactif, juste
de l'hélium 4 et des protons (de l'hydrogène)
La
fission
Les centrales nucléaires actuelles n'exploitent
pas la fusion, mais la fission nucléaire, phénomène
par lequel le noyau d'un atome lourd peut être
cassé en plusieurs nucléides plus légers,
se traduisant alors par l'émission de neutrons,
d'un dégagement d'énergie important, mais
aussi de déchets radioactifs, certains à
vie très longue...
Notes
(1) Après avoir développé son lanceur
spatial de grande capacité "Longue Marche"
en 1996, la Chine a envoyé son premier homme
dans lEspace en 2003. Elle a également
réussi, en novembre 2011, son premier amarrage
de deux vaisseaux spatiaux non habités
Shenzhou VIII et Tiangong 1, à une vitesse de
28 000 km/h et à 343 km au-dessus de la Terre.
Notons aussi
"Shenzhou X", en juin 2013, cinquième
et plus longue mission habitée des Chinois dans
l'espace : trois astronautes sont restés 15 jours
en orbite autour de la terre et ont amarré deux
fois leur vaisseau spatial au module Tiangong. Par ailleurs,
la Chine devrait envoyer vers 2015 un deuxième
laboratoire spatial puis, vers 2018, un module expérimental
formant le noyau d'une station spatiale, qui pourrait
être utilisée à partir de 2022,
prenant le relais de la station spatiale internationale
qui devrait cesser d'être opérationnelle
vers 2025. (2)
Le principal défenseur américain de cette
idée est Harrison Schmitt, astronaute géologue
de la mission Apollo 17.