Editorial
Soutenir
les industries innovantes. Enfin le geste français
attendu
Jean-Paul Baquiast et Christophe Jacquemin
20/09/2013

Depuis
maintenant plusieurs années, nous écrivons sur
ce site qu'aucune croissance saine ne pourra se faire sans
un engagement positif des pouvoirs publics en faveur des industries
et technologies innovantes. Le message vaut pour l'Europe
dans son ensemble, mais plus particulièrement pour
la France. Les structures politiques et sociales sont telles
dans ce pays que les entreprises seules ne s'engageront pas
dans de telles politiques. Il faut une action conjointe des
pouvoirs publics d'Etat, des collectivités locales,
des laboratoires et des entreprises pour définir, financer
et réaliser les grands et petits programmes correspondants.
Au sommet s'impose un discours fédérateur et
mobilisateur du chef de l'Etat.
Ce processus
vertueux semble enfin engagé en France. Le 12 septembre,
le président de la République a présenté
34 plans d'actions ou chantiers préparés par
son ministre du redressement productif Arnaud Montebourg et
destinés à définir un nouvel avenir industriel
et technologique pour la France(1). N'en faisons pas
le détail ici. Disons qu'ils sont habilement choisis
pour couvrir les principaux secteurs où un grand pays
moderne comme la France devrait s'inscrire dans les prochaines
décennies. 500.000 emplois devraient en résulter,
mais au-delà de ceux-ci en découleront des acquis
de compétences susceptibles de nombreuses retombées
tant au plan national qu'à l'exportation. Plus précieux
encore, des freins à l'imagination technologique devraient
être levés, ce qui permettrait à l'initiative
de s'étendre dans de nouveaux domaines.
Les ennemis
idéologiques des politiques industrielles et d'innovation
« à la françaises », inaugurées
avec le succès que l'on sait après la 2e guerre
mondiale, feront valoir qu'il s'agit une nouvelle fois d'un
effort financé par l'argent public et qui bénéficiera
au secteur privé, voire seulement aux groupes industriels
s'étant bien situés politiquement. Ce ne devrait
pas pourtant être le cas. Dans les dossiers évoqués
par ce plan, on peut voir que des participations venant non
seulement des collectivités locales mais des principales
industries françaises trouveront leur place. Les chercheurs
aujourd'hui en mal de perspectives pourront par ailleurs s'inscrire
dans ces projets.
Nous avons
retenu ici l'un de ces projets, concernant les dirigeables
dits "à charge lourde"(2). L'idée,
depuis longtemps dans l'air, ne s'est jamais concrétisée
en France. Il s'agirait de remplacer par des dirigeables gros
porteurs des flottes de camions, voire de petits cargos. Les
difficultés à résoudre seront nombreuses,
y compris la nécessité de disposer de techniques
d'ancrage et de navigation permettant de faire face aux coups
de vents. De même les infrastructures nécessaires
seront à établir presque entièrement.
Mais on voit sans peine les retombées positives en
découlant, y compris en terme de changement de modèle
social et économique.
Il est
nécessaire maintenant que les initiatives et les décisions
se mettent en place sans attendre. Il faut aussi que les divers
médias s'intéressent aux enjeux évoqués
et leur donnent le prolongement nécessaire dans l'opinion.
Pour notre part, nous nous y efforcerons. Pouvoir évoquer
des programmes de recherche s'inscrivant dans un développement
national sera plus roboratif que constater - comme nous avons
été obligés de le faire jusqu'ici - que
tout ce qui comptera dans le monde de demain viendra des Etats-Unis,
de la Chine... ou de l'Allemagne.
Notes
(1) Voir l'article "Le
gouvernement fixe les 34 priorités de sa "nouvelle
France industrielle"" (paru dans Le Monde)
(2) Dirigeables charges lourdes. Article
du CERTU