Article. Des traumas sexuels enfantins
et des névroses
par Patrick Dupuis octobre 2013
Le
docteur Patrick Dupuis, sexologue, nous a proposé de
publier une étude théorique réalisée
à la suite de son expérience des traumas sexuels
induisant des névroses chez les adultes. Nous l'en
remercions.
Cette hypothèse, que nous ne sommes pas assez compétents
pour juger en profondeur, a été plusieurs fois
commentée et souvent critiquée sur le web, à
la suite de l'affaire d'Outreau. Les lecteurs pourront se
référer aux sources publiées sur Internet
à ce sujet. Il va de soi que, comme éditeur,
nous nous abstiendrons rigoureusement de prendre parti, en
un sens ou en un autre. Les lecteurs jugeront.
Pour notre part, nous nous bornerons à remarquer que
l'étude retrouve, sans la nommer, quelques unes des
approches évoquées par la science dite mémétique,
souvent évoquée sur ce site.
On
trouvera ci-dessous une présentation de Patrick Dupuis
par lui-même, suivi d'un lien permettant l'accès
à l'étude.
Automates
Intelligents 02/10/2013
Je suis
né le 14 février 1949 à Arras, marié
et père de 4 enfants. Après avoir exercé
la médecine générale pendant 23 ans,
j'ai obtenu en 1998 le DIU de sexologie de l'Université
Paris XIII-Bobigny. Je me suis installé en janvier
1999 à Périgueux comme psychothérapeute
en sexologie. Je me suis vite rendu compte que ma formation
universitaire, fortement inspirée des thèses
psychanalytiques, n'était pas un outil fiable pour
aborder la compréhension et le traitement des difficultés
sexuelles, en particulier parce que de nombreux patients me
racontaient des histoires d'abus sexuels infantiles, dont
la théorie freudienne prétend qu'ils ne sont
que des affabulations ou des fantasmes « oedipiens ».
Or, il était évident pour moi qu'il s'agissait
au contraire de faits présentant tous les caractères
de l'authenticité, ce qui n'a pas été
sans entraîner chez moi perplexité et désarroi.
Il m'a
donc fallu improviser « à chaud » un nouveau
modèle théorique, à partir duquel il
serait possible de fonder une pratique thérapeutique
efficace, capable de soulager réellement les patients.
Car pour moi il n'est pas de bonne pratique sans une théorie
valide. Pour cela, il me fallait un axiome de base. Il me
fut fourni par une donnée clinique universellement
reconnue qui est celle-ci : « tout ce qu'on ne répète
pas (de ce qu'on a subi), on l'inverse, et il n'existe pas
de troisième solution ». En rapprochant ce constat
d'un autre, qui est qui est que la névrose et la perversion
(l'inhibition et l'impulsion) sont le contraire l'un de l'autre,
j'en suis
arrivé à la conclusion que ces deux classes
de soi-disant « maladies mentales » n'étaient
en réalité qu'une réponse ou une réaction
binaire à un événement traumatique infantile.
J'ai compris
par la suite que la division de la réalité en
deux éléments contraires, c'est-à-dire
la catégorisation binaire des problèmes et des
solutions, était un mode universel de la pensée
humaine, qui avait été découvert bien
avant moi par des chercheurs comme Jean Piaget (épistémologie),
Claude Lévi-Strauss (ethnologie, mythologie) ou encore
AJ Greimas (sémiotique). Plus exactement, la véritable
super-structure universelle de la pensée, celle qui
est à la base des systèmes de croyance, des
préjugés, des superstitions, des mythes et des
rites sociaux, est un carré logique qui combine ensemble
deux opérateurs binaires, c'est-à-dire deux
couples de contraires, sur le mode blanc=Bien ; noir=Mal.
Cette méta-structure est en réalité ce
qu'on appelle en mathématiques un groupe de symétrie,
qui est appelé diversement selon les auteurs : groupe
INRC par Piaget, groupe de Klein par Lévi-Strauss,
carré sémio-narratif par Greimas.
Hélas,
ni ces auteurs, ni leurs successeurs, faute d'expérience
clinique, n'ont repéré que cette même
méta-structure avait aussi une fonction défensive
et compensatoire à l'égard des événements
impensables, notamment infantiles, et qu'elle servait également
de schème de construction des productions pathologiques
(rêves, fantasmes, symptômes, délires,
rituels comportementaux, phobiques, obsessionnels, addictifs,
ou pervers).
Je me
suis peu à peu aperçu que ce modèle théorique
(dont je passe ici les détails techniques) avait une
portée beaucoup plus étendue que je le croyais,
puisqu'elle débouchait sur une théorie beaucoup
plus générale du fonctionnement psychique humain,
normal comme pathologique, et ouvrait des pistes nouvelles
pour l'étude de l'implémentation neuronale des
productions pathologiques. En effet, pour la première
fois se présentait à nous une hypothèse
incroyable, celle d'une origine commune (traumatique) de la
culture et de la folie, ce qui signifie que la
déconstruction actuelle des mensonges culturels (notamment
religieux) qui ont bercé l'humanité jusqu'ici
peut être concomitante de la prise de conscience de
la réalité des faits de violence sexuelle commis
sur de jeunes enfants, qui sont les véritables générateurs
de folie, de perversion, de violence, mais aussi de mutilations
sexuelles et autres abominations dites « culturelles
».
Tout
ceci grâce à l'identification de la super-structure
qui est à la base à la fois de la pensée
binaire qui alimente les croyances manichéennes radicales
menant aux massacres et aux génocides, des comportements
ambivalents qui détruisent l'entourage par leur imprévisibilité,
et des dissociations du Moi qui détruisent le patient
lui-même.
Cette
super-structure a une forte probabilité d'être
implémentée dans les boucles neuronales qui
relient le thalamus au cortex préfrontal, mais cela
reste à prouver. En tout état de cause, ce modèle
permet d'écarter définitivement la thèse
freudienne de l'Inconscient, qui va ainsi reprendre sa place
au rang de mythe de l'humanité, avec ceux de la possession
démoniaque, des sorcières et des vampires.
Pour
lire l'étude, cliquez sur le lien suivant http://www.admiroutes.asso.fr/larevue/2013/139/implementation.pdf