Seconde
révolution quantique : Les particules et les champs
nexistent pas ! La « déchirure ontologique
» dans la matière et la revanche de Platon
Par
Bernard Dugué octobre 2013
Cet
article est repris, avec l'accord de l'auteur, que nous remercions,
de
Agoravox. Nous laissons à Bernard Dugué
la seule responsabilité de ses analyses.
Automates
Intelligent
Dans un
brillant et provocateur article du Scientific American daté
de juillet 2013, le philosophe de la physique
Meinard Kuhlmann sinterroge sur la nature profonde
du réel tel quil peut être déduit
des théories quantiques les plus abouties. Le fond
de ce questionnement nest pas physique, il est ontologique
et la démarche est on ne peut plus philosophique. Car
le principe même de la philosophie est de considérer
que rien ne va de soi et quil faut tout examiner, surtout
quand les choses ne tombent pas sous le sens (commun). Ce
qui est le cas des théories quantiques. Daprès
Kuhlmann, les physiciens pensent que le monde quils
étudient (matière et cosmos) est composé
de particules et de champs. Or, cette conception na
rien de certain car la « réalité »
des particules et des champs nest pas aussi claire que
cela apparaît dans les théories. Le monde pourrait
être tout aussi bien être composé dun
spectre de propriétés (de qualités) comme
les formes ou les couleurs. Cette hypothèse va à
contresens de la conception quantique réaliste qui
accorde un statut ontologique aux particules et aux champs.
Elle est discutée dans cet article dun accès
plutôt difficile mais moins que le travail original
dont est extrait ce texte et qui a été rédigé
par le même Kuhlmann dans la prestigieuse Encyclopédie
philosophique de Stanford (en libre accès sur Internet).
La physique
quantique se décline en deux grandes théories,
la première axée sur les particules et développée
à la fin des années 1920 avec un consensus sur
linterprétation acquise en 1927 (congrès
Solvay). Cest cette théorie qui a popularisé
la thèse du doublet particule et onde, dont le comportement
est formalisé par la fameuse et énigmatique
équation de Schrödinger. Laquelle étendue
au contexte relativiste par Dirac a permis de faire apparaître
une solution à énergie négative qui représente
le positron, particule dantimatière découverte
grâce aux chocs à hautes énergies produits
dans les accélérateurs. Lautre branche
canonique de la physique quantique a été développée
jusque dans les années 1970. Cest la théorie
quantique des champs, aboutissant au modèle standard
avec deux formalisations, la QED qui décrit linteraction
électromagnétique et la QCD qui concerne linteraction
forte avec les quarks et les gluons. Les degrés de
libertés sont infinis (comme du reste certains calculs
quil faut « renormaliser ») Les physiciens
imaginent alors le monde à limage dun jeu
de lego animé, avec des particules qui sentrechoquent
et se déplacent en fonction des forces quelles
subissent tout en les générant. Au final, le
public instruit pense que le monde est fait de ces forces,
particules et champs ou du moins de quelque chose qui y ressemble.
Alors que ce nest pas du tout certain.
Mais où
est donc le « schisme » ? Comme le fait remarquer
Kuhlmann, le problème ne tient pas à un manque
de théorisation des réalités subatomiques,
loin sen faut. La théorie quantique des champs
(QFT) a abouti au modèle standard et peut se prévaloir
dune efficacité inouïe pour prédire
certains résultats avec une précision qui la
place au sommet des théories scientifiques sur ce point.
Un golfeur aussi précis pourrait mettre la balle dans
un trou situé sur la planète mars. Doù
une situation assez étrange car malgré cette
théorie qui na fait quaccumuler des succès
expérimentaux et qui est dune précision
incroyable, les physiciens ne savent toujours pas quelle est
la réalité quelle décrit. Ils savent
lutiliser mais sans comprendre ce qui se trame derrière,
autrement dit ce quelle révèle de la nature.
Cette physique triomphe en laissant derrière elle une
métaphysique très incertaine, pour ne pas dire
absente.
La QFT
repose sur les particules et les champs. Sans entrer dans
des options ontologiques radicales, les fondateurs de la théorie
quantique des champs ont quand même réfléchi
sur la question des « primautés ontologiques
». Avec une question, quest-ce qui est antérieur
du point de vue ontologique ou à défaut, épistémologique,
la particule ou le champ, autrement dit quelles sont les briques
basiques du monde physique ? Cette interrogation est légitime
et découle logiquement du formalisme si lon cherche
à interroger la réalité quil représente
ou alors la manière dont sont construites les théories
quantiques. Cette alternative a engendré deux camps.
Dirac, Heisenberg sur le tard, Feynman et Wheeler choisissent
les particules ; Pauli, Heisenberg à ses débuts,
Tomonaga et Schwinger placent le champ en premier (N.P. Landsman,
1996, Local quantum physics, Studies in History
and Philosophy of Modern Physics, 27 : 511-525). Cette interrogation,
je la pose différemment, avec un élément
de compréhension supplémentaire sur lalternative
entre les particules qui sont la source du champ ou alors
linverse, le champ qui est la source des particules.
Difficile de choisir. Les uns diront que toute particule engendre
un champ, électromagnétique si elle est chargée,
fort si cest un hadron, etc. Ou alors comme on peut
le déduire de la QED que la particule constitue une
excitation du champ. Au final on se retrouve dans une situation
assez comparable à la conjecture de luf
et de la poule.
Ni
particules, ni champs dans lontologie du monde physique
La physique
moderne a commencé à concevoir le monde comme
des objets solides en mouvement et en interaction dans un
espace-temps paramétré, le tout étant
représenté par une mécanique où
les objets massiques sont représentés par des
points matériels. Cette conception a été
balayée par la mécanique quantique. La nature
physique est alors conçue avec des particules et des
champs. La particule est ce qui a remplacé les masses
alors que le champ quantifié a supplanté lespace-temps.
Une analyse épistémologique permettrait de saisir
le souci des physiciens préoccupés de maintenir
une représentation qui se raccorde à lancienne
physique et surtout, au monde dit « classique »
que nous percevons. Un examen de quelques recherches récentes
dévoile une troisième étape dans la conception
de la nature avec cette fois les particules et les champs
qui passent au travers des mailles de la spéculation
ontologique.
Cest
David Malament, philosophe de la physique, qui dans un article
paru en 1996 a rigoureusement instruit la mise en examen de
la particule en analysant de très près la théorie
quantique dans un contexte relativiste. Pour tracer une conclusion
nette. Il ne peut pas y avoir de théorie quantique
relativiste des particules localisables. Ce constat était
plus ou moins accepté par les physiciens. Il a été
formulé de manière rigoureuse par Malament,
puis prolongé par les travaux de Gerhard Hegerfeldt
et confirmé par deux philosophes de la physique dont
les investigations conduisent à penser que seule la
théorie quantique des champs explique la possibilité
de détecter des particules (H. Halvorson, R. Clifton,
Philosophy of science, 69, 128, 2002). Ces recherches sont
très spéculatives mais elles ont pour visée
de comprendre la nature. Il en découle que cette nature
ne peut pas être représenté par une théorie
quantique relativiste avec des particules localisées
alors que la relativité est essentielle à la
représentation de notre monde matériel. Si une
mécanique quantique relativiste des particules est
possible, alors les particules ne sont pas localisables. Ce
qui conduirait à une ontologie des champs, éventualité
que Halvorson refuse car elle na pas de fondement sérieux.
Elle est tout au plus plausible. La conclusion principale
étant que concevoir dans un contexte quantique et relativiste
dune particule localisable est une fiction dixit les
deux auteurs de cette investigation. Ce qui nétonne
guère car le « quantique » et le «
relativiste » semblent décrire deux univers inconciliables.
Cette
incompatibilité na cessé dintriguer
les physiciens depuis 80 ans. Tout en suscitant une masse
considérable de travaux théoriques mobilisant
les mathématiques les plus ésotériques.
Un regard philosophique de la situation pourrait suggérer
que le schisme réside dans le fait que la théorie
quantique représente une réalité détachée
de son contexte et en quelque sorte, une sorte de morceau
de la matière détachée par la représentation
et lexpérience. Il en découle alors une
perte dinformation. Cette conjecture est en fait celle
de la partie et du tout. Elle est la conjecture universelle
qui hante la science moderne depuis près dun
siècle. Un point névralgique qui concerne le
réductionnisme. Et pas seulement en sciences physique
car le problème est encore plus sérieux en biologie.
Revenons
à notre propos. Partie et tout, particule et champ.
Si linterprétation ontologique des théories
quantiques en terme de particules semble interdite, peut-on
alors placer le champ comme élément ontologique
déterminant. La réponse est négative
si lon suit les arguments développés par
David Baker (in : British
Journal of Philosophy of Science, 60, 585-309, 2009).
Il apparaît que les deux arguments les plus puissants
utilisés contre une « ontologie des particules
» servent également à invalider une «
ontologie des champs ». Et donc, la conclusion tirée
de linterprétation ontologique de la QFT est,
ni particules ni champs. Il y na pas de monde physique
qui puisse être causé par une configuration obtenue
par un ou plusieurs champs fondamentaux. Comment alors faire
avancer le questionnement ontologique en prenant comme point
de départ la QFT ? Baker suggère dexplorer
des alternatives théoriques mettant en position centrale
lalgèbre des observables. Ce qui est le cas de
lAQFT, la théorie algébrique quantique
des champs.
Trois
choses à retenir sur lAQFT
Particules
ou champs ? Eh bien la question naurait plus dintérêt
si lon écoute Kuhlmann pour qui actuellement,
le champ théorique est prêt pour une discussion
de fond où en fin de compte, lalternative «
particule - champ » serait largement dépassée
au profit dune conception ontologique inédite
découlant dune autre alternative, cette fois
entre deux options issues du développement mathématique
de la QFT. Plus précisément, nombre de philosophes
ayant scruté la QFT refusent à la fois une ontologie
des particules et une ontologie du champ. En plus, la QFT
existe dans une version axiomatisée considérée
comme alternative. Cette affaire est extrêmement compliquée
si lon veut accéder aux détails mathématiques
utilisés dans les théories. On peut néanmoins
suivre la présentation donnée par Kuhlmann dans
lencyclopédie de Stanford. La théorie
quantique des champs est susceptible dêtre développée
dans deux directions. CQFT, avec le C signifiant conventionnel,
ou bien AQFT, le A signifiant algébrique car ce développement
utilise les C*-algèbres, ou bien axiomatique, ce qui
nempêche pas de voir dans A le volet alternatif
de cette théorie. Dont on retiendra trois points.
I. Dabord
un contexte épistémologique lié à
la théorie quantique des champs qui, au moment de son
développement, a révélé des déficiences,
dès les années 1930. Malgré les succès
de la QED grâce à Feynman, ses diagrammes et
la renormalisation, les puristes ont vu dans la théorie
quantique des champs un manque de rigueur. Ainsi, au cours
des décennies 50 et 60, des approches algébriques
de la QFT ont été développées
par de brillants physiciens et mathématiciens dont
Daniel Kastler (fils du Nobel Alfred Kastler), co-auteur en
1966 avec Rudolf Haag dun des articles de physique mathématique
les plus cités et portant sur lAQFT. Ce qui était
une manière de placer la QFT sur dautres rails.
II. Ensuite,
un détail en première analyse sans importance,
la non équivalence des deux représentations,
la conventionnelle CQFT et lalgébrique ou axiomatique
AQFT (cette absence déquivalence se produit pour
la QFT car les degrés de libertés sont infinis
mais pas pour la MQ ordinaire). Mais si lon creuse les
deux représentations en questionnant leur signification
du point de vue physique (et non plus mathématique),
alors on saperçoit quil existe des différences.
Ce qui selon Kuhlmann rend la situation moins claire. Il nest
pas légitime de faire un choix en examinant la représentation
qui convient le mieux, comme sil sagissait de
deux cadres référentiels ou dun ensemble
de coordonnées. Ce constat en apparence sibyllin laisse
deviner lenjeu lié à ce choix. Il est
ontologique. De ces représentations découlent
deux manières de concevoir et comprendre le monde physique,
autrement dit de répondre à la question : quest-ce
que la matière ? On devine alors que cest en
prenant appui sur la représentation algébrique
que Kuhlmann soriente vers une vision du réel
dont les éléments les plus fondamentaux (basiques)
ne sont pas les particules ou les champs mais des qualités
ordonnées avec des relations (lalgèbre
des observables)
III-a.
Enfin, le contenu mathématique des représentations
utilisées en QFT marque une différence importante.
Ce ne sont plus les observables qui constituent les éléments
mathématiques basiques de la « physique quantique
» (le monde réel si on veut) mais lalgèbre
des observables. Ce qui confirme le déplacement ontologique
depuis le doublet particule-champ vers une conception dominée
par les relations. Le monde est alors constitué dun
« filet » ou mieux encore, dun « tissage
» de relations (net), autrement dit, pour simplifier,
de structures, ce qui conduit à un réalisme
structural comme « philosophie de la matière
», comme le résume si bien Kuhlmann dans le Scientific
Américan, ajoutant que nous ne connaissons pas les
choses telles quelles sont en elles-mêmes, mais
les relations quelles nouent, quelles tissent
entre elles.
III-b.
Ce dernier point résume laspect révolutionnaire
du point de vue épistémologique et ontologique
contenu dans la AQFT. Les objets basiques de la « nature
quantique » ne sont plus les états observés
mais les observables structurées par un réseau
de relations formelles. Plus précisément, cest
létat qui opère sur lalgèbre
des observables pour générer les « nombres
» que lexpérience mesure. Cest donc
un renversement complet et cest sans doute la seconde
révolution quantique, 70 ans après les travaux
de Schrödinger, Dirac, Heisenberg et les autres.
Perspectives
à venir
Kuhlmann
conclut son article en interrogeant le rapport entre physique
et métaphysique, plaidant pour une utilisation des
théories physiques ne se réduisant pas à
un usage empirique. Autrement dit, la physique des champs
nous permet daccéder à la connaissance
fondamentale de la nature. Voilà pourquoi la QFT suscite
des controverses si intenses malgré ses incroyables
succès empiriques. On aurait pu sen contenter
mais les philosophes et les théoriciens de la physique
sont curieux, insatisfaits et veulent en savoir plus. La combinaison
de la physique et de la philosophie ouvre alors un champ de
réflexion inédit. Des tonnes darticles
et dessais ont été publiés sur
la mécanique quantique et la cosmologie mais cest
seulement maintenant (ou récemment) que la philosophie
et la physique se mettent à explorer une réalité
inédite avec la théorie quantique des champs,
longtemps restée en dehors du champ philosophique sans
doute à cause de sa difficulté daccès.
Il est peut-être temps de prendre une « honnête
» distance avec la MQ et le modèle standard en
analysant le développement algébrique de la
théorie des champs qui semble-t-il, ouvre vers un accès
inédit au réel. Autrement dit, le grand enjeu
de la physique nest pas le boson de Higgs que lon
nous rabat dans les médias mais lAQFT.
Hans Halvorson,
brillant philosophe rompu aux mathématiques des champs,
sintéresse lui aussi à la théorie
quantique des champs axiomatisée. Dans un long développement
de 200 pages, il introduit le sujet en faisant remarquer que
parmi les physiciens spécialisés dans la théorie
quantique des champs, QFT (et qui ne sont pas nombreux), ceux
qui travaillent sur la version axiomatisée (AQFT) sont
très peu nombreux. Mais quil y a des raisons
profondes expliquant lintérêt de quelques
philosophes envers ces formalismes censés représenter
la nature physique. Il suggère que les philosophes
sont déconcertés par le positionnement de la
QFT dans lunivers des mathématiques et quils
nont quune alternative face à cette «
inintelligibilité » de la QFT ; soit se taire
ou bien explorer une autre voie permettant linterprétation
de la théorie et cest justement ce que permet
lAQFT, la meilleure théorie (dixit Halvorson)
permettant de comprendre lémergence de la QFT,
autrement dit et je nespère pas me fourvoyer
dans cette lecture, une métathéorie en correspondance
avec une métaphysique qui se dessine en parallèle
avec cette métathéorie. Conduisant à
penser la nature physique comme tissage des relations entre
qualités et propriétés. Et non plus des
particules et des champs dont les « existences »
ont été réfutées par Halvorson
et les autres hussards de la « philosophie quantique
».
Pourtant,
on observe bien les particules dans les accélérateurs.
Lexpérience consiste à réaliser
des chocs entre particules accélérées
à des énergies colossales. Cette énergie
produit lors du choc une déformation du « champ
quantique » produisant des singularités à
haute énergie (particules) dotées dune
durée de vie éphémère mais suffisante
pour laisser une trace dans la chambre de détection).
Cest la « matière quantique » qui
est ainsi déchirée. Dun autre côté,
lexpérience quantique conduit bel et bien à
mesurer des états quantiques liés à un
processus microphysique, quon sait être «
porté » par une particule. En vérité,
ces choses ne sont pas niées, pas plus que la structure
du champ quantifié. Ce qui est rejeté, cest
lidée que champs et/ou particules puissent être
compris comme composants basiques de la nature physique.
On comprend
que les implications philosophiques et même métaphysiques
ne sont pas anodines et que ces questions de tissage de relations
entre propriétés rappellent étrangement
les philosophies orientales, le taoïsme notamment et
les premières pistes tracées par Capra lequel
basait ses réflexions sur la philosophie du bootstrap
par Chew, auteur dun retentissant article dans Nature
en 1968, sorte de prodrome aux spéculations ontologiques
issues de la théorie quantique des champs. Mais cest
plutôt du côté de Platon quon ira
chercher des correspondances. Car lalgèbre des
observables renvoie au monde intelligible. Les Idées
de Platon seraient déterminées par un ordre
algébrique. Et donc tissées entre elle par des
relations. Létat quantique correspondrait alors
à la part énergétique, matérielle
si on veut, permettant dopérer sur lalgèbre
pour les exprimer, les matérialiser pour ainsi dire,
les faire passer dans le monde sensible, au prix dune
déformation mais en conservant un peu de lordre
intelligible (les nombres exprimés par les états
quantiques). Pour Platon, il y a en effet une « communication
» entre lintelligible et le sensible qui sy
rapporte sans en exprimer la quintessence ni en revendiquer
la « gloire idéelle ».
Pour aller
plus loin, je vais tenter dinterpréter ces spéculations
quantiques qui entrent en relation ou connivence avec des
considérations métaphysique développées
il y a quelque temps, avec la Raison algébrique qui
dans le principe ressemble de près à lalgèbre
des observables, sauf quelle sapplique aux fonctions
de lesprit et à lhistoire de la pensée
et des hommes (LExpressionnisme, LHarmattan, 1998).
Il y est question de miroirs métaphysiques, ce qui
offre un rapprochement avec linvolution qui est un élément
déterminant des C*-algèbres. Plus exactement,
une involution est une fonction qui, appliquée à
un élément deux fois, permet de revenir au même
élément. Par exemple, passer de x à moins
x, ou bien conjuguer un nombre complexe, (A*)* = A. Cest
ce quon peut appeler une « fonction en miroir
». Cela étant, un autre rapprochement peut-être
fait avec la métaphysique expressionniste que jai
développé et qui postule que le monde perceptible
et étendu est un champ dexpression causé
par un monde plus fondamental, celui du Procès. Dautres
développements ontologiques sont à prévoir.
Il faudra sans doute que je revienne sur mes spéculations
métaphysiques de 1996 où des liens étranges
se dessinent avec lAQFT.
Pour généraliser,
on peut penser à un triptyque physique ou métaphysique
avec cette fois une correspondance avec lentropie-information
déclinée en trois catégories, énergétique,
spatiale et organisationnelle. La particule sexprimant
dans le champ (daction, dexpression, dobservation)
porte une information-énergie. Le champ avec sa structuration
relève de linformation spatiale alors que le
monde représenté par lalgèbre des
observables contient une sorte dordre informationnel.
Ces considérations ouvrent également des perspectives
pour comprendre la logique du vivant. Un enjeu pour les prochaines
décennies. On le comprend dès lors quon
saisit la nouveauté de lAFQT qui impose de revoir
la conception triviale du monde moléculaire avec les
atomes et les particules.
Le principal
enseignement à retenir, cest que la représentation
et la compréhension de lunivers acquises depuis
les débuts de la science moderne au 17ème siècle
sont sur le point de basculer. Le monde avec ses objets basiques,
ses interactions, ses forces, perd son statut ontologique.
Le champ matériel et létendue ne sont
que des propriétés dérivées et
non plus fondamentales, même en les considérant
sous langle des théories quantiques conventionnelles.
Lillusion scientifique moderne seffondre Elle
a consisté pendant quatre siècles à faire
comme si le monde physique étendu de Descartes, Newton
puis Einstein, avec lespace-temps et la matière,
était le monde fondamental, un peu comme si on observait
lécume au dessus des océans pour en conclure
que les fonds marins sont fait de cette même écume.
Nous ne sommes quau début dune immense
révolution des connaissances.