Article.
Vers une source quasi illimitée de production d'hydrogène
?
Jean-Paul Baquiast
et Christophe Jacquemin - 15/04/2013

Let
enzymes work!
Hydrogène (H2) produità partir de
xylose et d'eau dans une réaction contenant 13 enzymes
(rouge). En utilisant un nouveau polyphosphate, le xylulokinase
(XK), le xylose a été transformé en H2
et CO2 avec près de 100% du rendement théorique.
Les résultats suggèrent que l'on peut produire
de l'hydrogène à partir de la biomasse de xilose,
à faible coût.
Xu5P=xylulose 5-phosphate, G6P=glucose 6-phosphate.
De
nombreux chercheurs et spécialistes de l'énergie,
le plus connu étant Jeremy Rifkin, font valoir à
juste titre que remplacer les combustibles carbonés,
pétrole, gaz, charbon par de l'hydrogène aurait
beaucoup d'avantage, notamment en termes de rejets de gaz
à effets de serre. Le seul produit de la combustion
de l'hydrogène étant l'eau, le processus pourrait
même devenir une bénédiction pour les
pays arides (!). Certes, pour beaucoup d'usages, notamment
à bord des véhicules, l'hydrogène est
moins commode d'emploi que le pétrole, mais les solutions
existent.
La seule difficulté, de taille, à résoudre,
tient au fait que pour produire de l'hydrogène, par
exemple par électrolyse de l'eau, il faut beaucoup
d'énergie. Le bilan final est quasi nul. Depuis longtemps
des biologistes avaient pensé utiliser à cette
fin les capacités de synthèse de certaines plantes,
mais aucun résultat concluant ne pouvait encore être
envisagé à grande échelle.
Or
une équipe de chercheurs de la Virginia
Tech vient d'annoncer avoir mis au point un procédé
qui pourrait être révolutionnaire. En cas de
succès, les bénéfices envisagés
pourraient se compter en trilliards de dollars. L'équipe,
menée par Percival Zhang, a réussi à
utiliser comme source d'hydrogène le xylose, dit aussi
sucre de bois, que l'on trouve dans toutes les plantes constituant
notamment les biomasses.
Zhang a recherché les combinaisons d'enzymes susceptibles
de produire de l'hydrogène à partir du xylose,
dans des conditions de température et de pression acceptables.
Il a identifié un groupe d'enzymes qui jouent ce rôle
dans certains micro-organismes extrêmes, dits extrêmophiles.
Elles produisent vers 122° et à pression atmosphérique
de grandes quantités d'hydrogène, employé
par ces organismes comme générateur d'énergie.
Mais il n'était pas possible d'utiliser directement
ceux-ci pour fournir des quantités d'hydrogène
en quantité suffisante, car ils s'en servent pour se
reproduire et se développer.
Les chercheurs ont donc imaginé de rassembler certaines
de ces enzymes sous la forme d'un mélange artificiel
qui, combiné avec un certain polyphosphate et du xylose,
produit de l'hydrogène récupérable en
grande quantité, avec une efficacité énergétique
de près de 100%, c'est-à-dire supérieure
à tous les autres procédés. Les déchets
sont quasiment nuls.
L'avenir dira si cette invention pourra tenir ses promesses
et révolutionner le marché tant de l'hydrogène
que de l'énergie. En ce qui nous concerne, remarquons
qu'une telle découverte aurait été la
bienvenue en Europe. Malheureusement, il semble que les recherches
sur les bio-énergies semblent y avoir ici beaucoup
de mal à s'écarter des sentiers battus.
Références
* Article dans Wiley on line
High-Yield
Production of Dihydrogen from Xylose by Using a Synthetic
Enzyme Cascade in a Cell-Free System
* Xylose
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Post-scitptum
au 27/04/2013
L'utilisation
de l'hydrogène risque d'être bouleversée
par une découverte récente. L'hydrogène
produit par électrolyse de l'eau, encore très
coûteux, devrait pouvoir être remplacé
par l'utilisation d'un hydrogène naturel généré,
comme le gaz naturel, dans les couches géologiques
profondes. Si cette découverte initialement faite en
Russie se confirmait, et si l'extraction de l'hydrogène
natif pouvait se faire comme annoncé sans toutes les
conséquences dommageables de l'extraction du gaz de
schiste, elle aurait de nombreuses conséquences favorables
sur les perspectives ici envisagées.
Un grand nombre de travaux et de publications sont en cours
sur cette question dans le monde entier. La France, avec l'Ifpen
et le Lied
y tient une place très honorable.
Sur la question, voir Sciences
et Avenir. Voir aussi Enerzine.com.