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Micro-drone
- Micro
Air Vehicule (MAV)
Jean-Paul Baquiast et Christophe Jacquemin - 10/03/2013
Note.
Ce MAV n'est pas doté d'ailes battantes mais d'hélices
sustentatrices
Le Laboratoire
de recherche de l'US Air Force avait annoncé en 2009
la réalisation d'un Micro drone (Micro Air Vehicule
ou MAV) à ailes battantes, susceptible d'être
opérationnel en 2015, à la taille d'un oiseau,
et en 2030 à la taille d'un insecte. Ces drones pourront
être déployés à partir d'un drone
plus puissant, capable de rester en vol de façon semi-autonome
pendant une semaine. Ils avaient été présentés
comme destinés à rechercher des armes de destruction
massive ou des terroristes. Une vidéo décrivant
le système est disponible sur You Tube. Elle avait
été téléchargée des centaines
de milliers de fois, provoquant des commentaires se partageant
entre la satisfaction de voir les futurs terroristes neutralisés
et la crainte concernant les conséquences sur les libertés
civiles. Nous n'avons pas d'informations sur l'avancement
de ce projet précis, mais tout laisse penser qu'il
suit son cours.
Depuis
lors, le débat sur les drones et leur emploi par l'US
Army a pris une ampleur considérable. Barack Obama
avait expliqué que cette technique, peu coûteuse
en matériels et en hommes, pouvait servir à
neutraliser les combattants terroristes opérant dans
les zones tribales du Pakistan et de l'Afghanistan. C'est
effectivement ce qui s'est produit, non sans pertes collatérales
et non sans tendre jusqu'au bord de la rupture les relations
avec le Pakistan.
Mais l'usage
de cette technologie une fois lancé n'a pas cessé
de se répandre pour la recherche et la neutralisation
de cibles civiles, dans d'autres pays que le Pakistan et sur
le territoire américain lui-même. Aujourd'hui,
dans le cadre de la « séquestration »
(ou suppression) de centaines de milliards du budget militaire,
à laquelle les deux partis, Démocrates et Républicains,
sont obligés de consentir, la Maison Blanche explique
que de telles économies devront être en partie
réutilisées au profit de la cyber-guerre et
du développement des drones, sous toutes leurs formes.
Ces nouvelles orientations ne sont pas reçues sans
résistances. Les deux partis s'appuient sur la conviction
profondément implantée dans l'électorat
qu'il convient de se méfier du gouvernement central,
du lobby militaro-industriel et d'un Etat de surveillance
généralisée.
Dans cette
ambiance, le spectre d'essaims de drones parcourant le ciel
des villes, contrôlés par des « bureaucrates »
anonymes et destinés à espionner et tuer, suscite
une inquiétude certaine. Le sénateur du Kentucky
apparenté au Tea Party Rand Paul a pu le 5 mars 2013
occuper la tribune du Capital pendant 12 heures pour critiquer
la politique dite des drones (drone policy). Ce plaidoyer
a recueilli le soutien de mouvements politiques très
opposés, mouvements activistes défendant les
libertés civiques, juristes, militants libéraux,
théoriciens de la conspiration venus de l'extrême
droite. Derrière cette mobilisation se fait sentir,
selon les observateurs, une peur croissante à l'égard
des technologies ultra-avancées qui font disparaître
les barrières entre la science-fiction et la réalité.
Cette
peur est nourrie par des films et séries de télévision
présentant de plus en plus souvent les nouvelles générations
de drones comme des instruments de mort, autonomes, conscients
et prédateurs. Selon Benjamin Wittes, qui enseigne
les questions de sécurité à la Brookings
Institution, le grand public est devenu en moins d'un an très
conscient de l'emprise et des risques de ces technologies
dites "pervasives" (envahissantes). La peur du terrorisme
ne suffit plus pour donner les coudées franches à
l'exécutif. Les citoyens veulent que s'établisse
un équilibre entre la lutte contre les ennemis et la
protection des libertés.
Bien évidemment,
à l'inverse, les voix politiques défendant l'usage
des drones et des technologies de surveillance associées
s'expriment aussi de plus en plus fort. C'est le cas du sénateur
Mc Cain de l'Arizona, qui présente les critiques comme
émanant d' « ennemis de l'Amérique ».
L'hypothèse de drones capables de déclencher
seuls des tirs de missiles Hellfire contre des adversaires
identifiés des Etats-Unis, aux frontières comme
à l'intérieur de l'Union, ne les effraie pas.
D'autant plus qu'ils prêtent les mêmes intentions
aux Chinois et, plus immédiatement, aux Iraniens. D'ailleurs,
sans attendre, Amazon
propose aux enfants l'acquisition d'un jouet représentant
un MALE Predator.
Quel
avenir ?
Nous sommes
pour notre part persuadés que les technologies de surveillance
et de télédestruction ne cesseront pas de se
développer, tant dans les domaines de la guerre, de
la cyber-guerre ou de la cyber-sécurité. Il
s'agit d'un des aspects les plus évidents caractérisant
l'explosion contemporaine de ce que nous avons qualifié
de système anthropotechnique, ceci dans le domaine
des technologies en réseaux. Tout y pousse: la recherche
du profit et de nouveaux marchés de la part des entrepreneurs,
la frénésie inventive des techniciens, le dynamisme
propre des technologies impliquées. Ceux qui expriment
des réserves sont présentés par des leaders
d'opinion jouant la carte de la jeunesse et du changement
comme des esprits arriérés et nuisibles.
Il est
tout aussi difficile de mettre en garde les citoyens contre
les entreprises de conquête et de colonisation menées
par de grands groupes du Net (essentiellement américains,
Google, Facebook et autres) qu'il l'est dans un autre domaine
de lutter contre l'emprise des géants de l'agro-alimentaire
armés de toutes les ressources de l'industrie chimico-pharmaceutique.
Dans un
article précédent, et à propos du
Google Glass, nous avons montré omment Google,
le plus offensif de tous, est en train de transformer les
sociétés telles que nous les connaissons, avec
leurs hiérarchies et leurs valeurs, critiquables ou
non, en un hyperweb d' "objets" créés
par les "sujets" que nous sommes, à l'occasion
de leurs activités et sans qu'ils s'en rendent compte.
Ces objets s'organisent en ensembles plus ou moins autonomes.
Ils nous décrivent (nous capturent) en des termes que
nous ne connaissons pas, que nous ne validerions sans doute
pas Ils nous enrégimentent aux services des stratégies
de domination définies par les « humains »
anonymes qui sont aux commandes de Google.
Il n'y
a pas encore d'essaims de mini-drones qui pénétreraient
dans nos maisons pour nous observer ou nous obliger à
adopter des comportements que nous refuserions en d'autres
circonstances, tels que nous cacher, fuir, faire ou ne pas
faire telle ou telle chose. Mais il y a des essaims d'images,
d'idées ou de modèles de comportements générés
par l'activité des « objets »
que nous avons créées sans nous en rendre compte
au sein du web généralisé, et qui nous
assaillent en permanence, à nos domiciles, dans la
vie professionnelle et même dans la nature. Ils nous
imposent de nous transformer en serviteurs dociles souhaités
par les maîtres du Système(1).
Ceci dit,
si Google n'était plus là pour nous asservir,
qui prendrait sa place ? Peut-être des milices islamiques
terrorisant les femmes et égorgeant les hommes, comme
c'était encore le cas dans le Sahel il y a quelques
semaines, avant l'offensive de la France ? Chaque époque,
chaque lieu génère ses propres calamités.
Note (1)
Alain Cardon écrit dans l'Introduction à sa
nouvelle recherche "La génération des actes
de langage et la dualité du système psychique"
non encore publiée, la phrase suivante qui semble bien
correspondre aux phénomènes décrits ci-dessus:
"Il
est intéressant de constater que la frénétique
évolution technologique actuelle, basée sur
un ultralibéralisme intense avec application de la
volonté de puissance, développe un nouveau système
méta, très symbolique, fondé non seulement
sur le traitement très fin des informations échangées
par tous les hommes, mais en permettant surtout de les utiliser,
de les manier, de les interpréter cognitivement, de
les modifier, d'y agir pour les contrôler. Il s'agit
d'un système distribué qui sera à la
fois conceptualisant, classifiant, sensible et langagier et
dont les capacités dépasseront très largement
chaque groupe d'hommes pour se déployer partout et
à chaque instant. Peut-être doit-on comprendre
ce fait comme une évolution très forte des sociétés
humaines, ou comme la déformation ultime terminant
l'évolution."