Editorial.
Relancer
la coopération universitaire et scientifique entre
la France (l'Europe) et l'Afrique
Jean-Paul Baquiast, Christophe Jacquemin, Alain Cardon - 24/01/2013
L'opinion
est peu avertie, tout au moins en France, des possibilités
considérables de coopération avec l'Afrique
que permettraient des actions partagées de formation
et de recherche sur des thèmes correspondant aux exigences
des économies modernes.
De telles
actions avaient été entreprises, avant les événements
actuels, en France, dans le cadre de l'Institut de Recherche
pour le Développement (http://www.ird.fr/)
et du ministère des Affaires étrangères.
Elles avaient suscité un grand intérêt
de la part des universités africaines contactées.
Malheureusement
la généralisation d'actions
terroristes menées au nom d'un islam radical s'est
traduite par des menaces directes à l'encontre des
enseignants et chercheurs intéressés, ce qui
les a conduits, en l'absence de toute protection locale, à
renoncer.
Les perspectives
pourraient changer avec l'action militaire actuellement menée
par les pays de la CEDEAO et la France pour restaurer des
conditions de travail et de coopération plus pacifiques.
Tous les observateurs font en effet valoir que, derrière
la lutte contre le terrorisme s'impose une véritable
restauration des Etats. Celle-ci suppose, non seulement des
actions politiques mais des investissements publics susceptibles
de relancer une croissance locale, dont toutes les populations
pourraient bénéficier.
A cet
égard s'imposerait en priorité un investissement
commun dans des structures universitaires susceptibles de
former des spécialistes ayant vocation, non de s'exiler
en Europe ou aux Etats-Unis, mais de travailler dans leurs
pays. Cette formation devrait d'emblée viser des domaines
complexes, à fort contenu scientifique et mathématique,
susceptibles de répondre aux besoins de compétences
requis par la modernisation des pays concernés. Actuellement
ces besoins sont pourvus par l'appel exclusif à des
entreprises privées engagées dans des exploitations
purement commerciales des ressources locales.
Les actions
de coopération que nous recommandons ici sont difficiles.
Nous ne pouvons en dire plus ici. Nous nous bornons, pour
fixer les idées, à mentionner ici deux projets
auxquels avait participé directement un des auteurs
de cette note éditoriale. Bien que datant déjà
de quelques années, nous pensons qu'ils pourraient
dorénavant être relancés. Nous espérons
que le gouvernement français s'y intéressera.
L'un de
ces projets concerne la "mise en place d'un Réseau
de Laboratoires avec les Pays du Sud, avec création
d'une école doctorale franco-africaine".
Lire
le projet
L'autre
concerne la création d'un Laboratoire virtuel en
sciences des modèles, résumé dans
la note ci-dessous
Projet
de structure doctorale en sciences des modèles
:
Modélisations et Applications
Objectifs
Mettre en place un Laboratoire Virtuel sur le thème
retenu, composé d'équipes pluridisciplinaires
(mais centrées sur les modélisateurs)
de l'IRD et sur des équipes correspondantes dans
quatre nuds africains (Maroc, Sénégal,
Cameroun, Afrique du Sud). Ce Laboratoire Virtuel travaillera
en modélisation (mathématiques appliquées
et modélisation calculable c'est-à-dire
informatique) et en appliquant systématiquement
ses modèles à des thématiques précises
(structures de connaissances scientifiques et mesures
validées) déclinant UN ou DEUX grands
thèmes préoccupant les pays africains
et l'IRD.
Ce
Laboratoire Virtuel doit s'appuyer, pour être
crédible et être validé, sur les
laboratoires de quelques écoles doctorales de
Paris 6. Il doit pouvoir, avec les écoles doctorales
de Paris 6, former au plus tôt une Structure Doctorale
(une structure de formation doctorale de type mixte
Université IRD).
Évolution
Cette structure aurait deux spécificités
: `
* Être pluridisciplinaire et centrée sur
la modélisation avec applications,
* Posséder des domaines de recherche systématiquement
partagés avec l'Afrique.
A
terme, c'est-à-dire en deux ans, cette structure
devrait t devenir une Ecole Doctorale propre IRD
Paris 6, sous le thème "Modélisation
des Systèmes Complexes et Applications".
Caractères
Il
s'agit de passer au plus vite au niveau de la formation
de docteurs et de professeurs en Afrique, dans le cadre
de l'action d'Aménagement durable de l'IRD.
Pour cela il faut impliquer fortement dans ce sens (pluridisciplinaire
et coopérations locales étroites) les
centres IRD en Afrique.
Le projet initial doit s'appuyer sur un ensemble de
chercheurs de grande compétence (intervenants
IRD très motivés, professeurs reconnus,
doctorants de qualité, environnement performant,
maillage en réseau systématique et surtout
opérationnel).
La
réussite du Laboratoire Virtuel et celle de la
Structure Doctorale doivent permettre la création
de l'Ecole Doctorale IRD Paris 6, qui devrait devenir
un objectif prioritaire.
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Post
scriptum
Daprès
mes informations, lIRD et Paris 6 ont monté il
y a deux ans un co-encadrement de thésards Nord-Sud,
soit un peu plus de 40 thésards actuellement, ce qui
est important. LIRD sest vraiment engagé
dans la formation de doctorants, ce quil ne faisait
pratiquement pas quand
jy étais. Le site de Bondy envisage de construire
un bâtiment pour recevoir et héberger des doctorants,
afin quils fassent une partie de leur travail de thèse
en France avec P6, avec lencadrement des professeurs
de P6 et la fréquentation des laboratoires et des autres
thésards. De nombreuses disciplines scientifiques sont
engagées.
On peut
donc dire que le projet que javais présenté
est en marche. J'avais surtout insisté sur linformatique
et les systèmes complexes et là, je crois que
jétais trop en avance à lépoque.
De plus,
à Rouen, à lINSA où je travaille
en ce moment, s'organise le montage dune INSA au Maroc
liée à celle de Rouen, ce qui va permettre de
créer une structure doctorale importante entre la France
et le Maroc, dans les domaines des sciences dures.
Alain
Cardon 24/01/2013