Actualités
décembre
2012
Gaz
de schiste : vers une réforme du code minier
Christophe Jacquemin - 27/12/2012

Plateforme de forage horizontal de Chief Oil &
Gas aux USA dans les Appalaches. © D.R
A la demande
d'Arnaud Montebourg(1) et de Delphine Batho(2), une Commission
composée dexperts, délus, de représentants
de salariés, dindustriels et dassociations
environnementales, travaille depuis novembre à la réforme
du code minier. Dirigée par Thierry Tuot, conseiller
d'Etat, spécialiste des questions concernant les gaz
de schiste, cette commission a clos les débats le 11
décembre dernier. Jugés "constructifs"
par plusieurs participants, ces travaux pourraient reprendre
en janvier.
Derrière la refonte des textes régissant l'utilisation
du sous-sol (le Code minier est issu d'une loi de 1810) se
joue la possibilité d'autoriser un jour l'exploration
des gaz de schiste dans l'hexagone. "Une étape
indispensable pour fournir un cadre réglemenatire",
expliquait un participant favorable à l'exploration.
Et même si il a été précisé
que la réflexion était plus générale,
c'est-à-dire concernant "des ressources nichées
dans le sous-sols comme la géothermie et pas seulement
les gaz de schiste", nul doute que ce sont ces derniers
qui intéressent le plus et il semblerait que la commission
ait pris le parti des industriels. Plus précisément,
les pistes évoquées sont celles que défentent
les industriels pour rendre le projet acceptable par l'opinion
et les politiques.
Par
exemple, une consultation publique systématique, intéressant
les maires : "il faut que la consultation soit adaptée
à la taille des projets pour ne pas les bloquer".
Autre aspect fondamental : la fiscalité. Il faut savoir
qu'actuellement, ce sont les départements qui absorbent
la plus grosse part de la redevance sur l'exploitation. Solution
préconisée : rééquilibrer les
recettes fiscales en faveur des communes pour inciter les
élus à accepter l'exploration sur leur territoire.
Il faut savoir que ce système d'intéressement
en faveur des collectivités locales a déjà
eété mise en place pour les éoliennes
après la suppression de la taxe professionnelle en
2010, à la satisfaction des élus.
La commission propose aussi de donner aux maires le droit
d'invoquer le principe de précaution pour refuser un
permis d'exploration
|
Le
Code Minier
Le
Code Minier régit le droit minier français,
c'est à dire l'ensemble des règles concernant
l'exploitation du sous-sol.
Créé par décret en 1956, sur les
fondements de la loi impériale de 1810, le Code
adopte depuis son origine, la conception du droit régalien.
La mine étant considérée comme
une « res nullius » (un bien sans maître),
c'est l'Etat qui en attribue l'usage et qui en fixe
les conditions d'exploitations. La notion de mine est
définie par la nature du matériau, que
l'extraction se fasse à ciel ouvert ou en sous-sol.
Sont concernés les combustibles (charbon, hydrocarbures,
gaz), les métaux (fer, cuivre) et quelques autres
matières minérales (sel, soufre).
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(1)
Ministre du redressement productif
(2) Ministre de l'Ecologie, du Développement durable
et de l'Energie
Voir aussi :
Communication
en conseil des ministres : la réforme du code minier
(5 septembre 2012)
Succès
de la navale européenne
Jean-Paul Baquiast - 24/12/2012

Le groupe
public italien Fincantieri poursuit sa politique de diversification
et son expansion à linternational, sapprêtant
à devenir le géant européen de la construction
navale. En annonçant le 21 décembre avoir conclu
un accord avec STX Europe en vue de racheter les parts de
ce dernier dans STX OSV, Fincantieri signe un grand succès.
En réussissant à sentendre avec le repreneur
du défunt groupe norvégien Aker Yards (en 2008),
le constructeur italien, qui est par ailleurs un acteur important
sur le segment militaire, va devenir, et de loin, le leader
européen de la navale civile. Mais, surtout, il parvient
à mettre la main sur des activités lui ouvrant
la porte du très profitable marché de loffshore.(image)
Avec la reprise de STX OSV au sud-coréen STX Shipbuilding,
propriétaire à 100% de STX Europe, Fincantieri
comptera une fois la transaction réalisée 22
chantiers en Italie, en Norvège, en Roumanie, aux Etats-Unis,
au Brésil et au Vietnam, lensemble employant
quelques 17.000 personnes. Un véritable géant,
renforcé par ses positionnements multi-marchés
et multidomestiques, avec une présence sur tous les
segments dactivité à forte valeur ajoutée,
de la croisière aux bâtiments militaires, en
passant par loffshore et les méga-yachts. Le
tout avec une emprunte géographique internationale
et une capacité dingénierie considérable.
Quant à Saint-Nazaire, STX France constitue le « problème »
de STX Europe, les Sud-coréens ayant été
contraints à juste titre de céder 33.34% du
capital de lentreprise à lEtat français,
au motif que le chantier est considéré comme
une activité stratégique pour le pays (cest
le seul à pouvoir construire des grands bâtiments
militaires, comme des porte-avions). Même si STX Europe
est majoritaire dans le capital, le gouvernement dispose dune
minorité de blocage et doit donner son aval sur toutes
les décisions stratégiques, auquel sajoute
la prérogative de la nomination du patron de STX France.
Alors
que le chantier traverse une période très délicate
et que lanimosité se cristallise localement contre
les Coréens, accusés par les syndicats de ne
pas jouer leur rôle dactionnaires, la pérennité
de STX Shipbuilding à Saint-Nazaire se pose clairement.
On voit en effet de plus en plus mal quel intérêt
aurait STX à demeurer en France et si la cession de
ses actifs ne s'imposera pas au profit, par exemple, dun
groupe industriel français ou un repreneur international
soutenu par Paris.
Ces évènements
démontrent en tous cas plusieurs choses:
- l'industrie italienne, quand elle détient un bon
créneau, se révèle aussi compétitive
que ses concurrents asiatiques.
- le succés de l'industrie italienne est aussi un succès
européen, car il bénéficie aux sites
industriels de nombreux pays du continent.
- Les Etats ont un rôle plus grand que jamais à
jouer dans la conservation et la relance de tels secteurs.
L'Etat italien l'a fait (plus ou moins) en ce qui concerne
Fincantieri. L'Etat français peine encore à
le faire en ce qui concerne Saint Nazaire. Voilà qui
devrait mobiliser le ministre du redressement industriel et
le gouvernement tout entier.
On trouvera
un dossier complet sur cette question dans Mer et Marine,
à qui nous avons emprunté les informations reprises
dans cette brève d'actualité.
http://www.meretmarine.com/fr/content/stx-europe-demantele-fincantieri-va-devenir-le-geant-europeen-de-la-navale
Recrutement
de Ray Kurzweil chez Google
Jean-Paul Baquiast et Christophe Jacquemin - 20/12/2012
Ray Kurzweil
vient d'être recruté par Google comme Engineering
Director dans le domaine de l'apprentissage et du traitement
du langage par machines (machine learning and language processing).
Rappelons qu'avant de s'illustrer comme futurologue fondateur
du mouvement dit de la Singularité, ce fut dans ces
deux domaines qu'il s'était fait connaître très
jeune.
E n présentant son dernier livre "How
to Create a Mind", nous avons évoqué
l'importance de ses hypothèses relatives à la
création - dans une quinzaine d'années environ
- d'un robot "conscient" capable de dialoguer avec
les humains.
Qu'il
collabore désormais à plein temps avec Google
n'est pas anodin. Les cofondateurs de ce dernier, Larry Page
and Sergey Brin, sont des militants du mouvement de la Singularité.
Bien plus, ils contribuent activement à une certaine
forme de Singularité en faisant de Google un des agents
mondiaux les plus actifs dans l'enregistrement des propos
et images permettant de dresser des fichiers précis
concernant les lieux et les personnes, ainsi que leurs activités.
Ces fichiers sont déjà très largement
utilisés par les services commerciaux des entreprises
pour recruter des clients. Ils le sont aussi, mais la chose
est plus difficile à prouver, par les services de police
et de sécurité visant à recenser les
personnes et activités supposées "nuisibles".
Les naïfs
seront un peu tristes de voir Kurzweil quitter son rôle
de scientifique visionnaire dans le domaine du cerveau artificiel
pour s'associer officiellement à une entreprise et
à des services de renseignement qui ont déjà
des idées bien précises sur ce que devra être
et ne pas être le futur cerveau mondial. Mais comme
nous l'avions indiqué dans notre article précité,
il ne faut pas s'en étonner. Kurzweil participe d'un
très important mouvement par lequel les Etats-Unis
repositionnent une grande partie de leur puissance militaire
vers le domaine émergent du monde virtuel. Si nous
prétendions résister à ce mouvement,
nous ne tarderions pas à en sentir les conséquences.
*Article
de Techcrunch http://techcrunch.com/2012/12/14/ray-kurzweil-joins-google-as-engineering-director-focusing-on-machine-learning-and-language-tech/
Lumière
et Très Haut Débit
Jean-Paul
Baquiast et Christophe Jacquemin - 18/12/2012
Deux solutions
permettant l'augmentation des bandes passantes par l'association
des courants électriques avec des flux lumineux viennent
d'être présentées. Elles pourraient concurrencer
les fibres optiques permettant le Très Haut Débit
dont France Télécom en France se fait le champion.
Mais il faudra voir comment en pratique et à quel prix.
La première
provient d'IBM. La compagnie a développé une
"puce nanophotonique" qui conjugue circuits électriques
et optiques. La
technologie baptisée "Silicon Nanophotonics"
utilise des impulsions de lumière pour transmettre
de grandes quantités de données à des
vitesses très élevées (jusquà
25 Gb/s par canal).
La puce
est actuellement gravée en 90 nanomètres sur
neuf couches successives, en utilisant des méthodes
standards. En multiplexant les différentes entrées/sorties,
les chercheurs d'IBM estiment quils peuvent obtenir
50 voies différentes, augmentant de façon exponentielle
la bande passante (1Tb/s ou plus).
IBM affirme
que le système finira par remplacer les interconnexions
actuellement utilisées dans les centres de données,
les serveurs, les supercalculateurs, ainsi que les bus électroniques
des ordinateurs. Elle aura donc des implications à
la fois dans les transmissions intérieures (indoor)
et extérieures.
Source
IBM http://researcher.ibm.com/researcher/view_project.php?id=2757
Dans le même temps, France Télévision
s'intéresse à une technologie dite LIFI développée
oar la société allemande Oledcom. Elle consiste
à transmettre des données à haut débit
par des modulations lumineuses à partir d'ampoules
LED. L'application serait essentiellement intérieure
ou urbaine à courte distance. Elle trouverait notamment
son intérêt là où la Wifi est impossible
ou interdite.
Source
* http://www.reseaux-telecoms.net/actualites/lire-transmission-de-donnees-par-eclairs-lumineux-chez-france-television-25297.html
*
Oledcom http://www.oledcom.com/FR/index.html
A
propos de la fusillade de Newtown.
par Jean-Paul Baquiast et Christophe Jacquemin - 16/12/2012

Dominés
et incapables de remettre en cause ceux qui les dominent.
C'est la réflexion que suggère le battage
auxquels se livrent les médias européens, particulièrement
français, quand ils rapportent la fusillade de Newtown,
dans le Connecticut.
Ils rediffusent
sans aucun recul les "larmes" de Barack Obama, les
prières en chaîne devant les portraits des enfants
tués, mais aussi les affirmations péremptoires
des mères de famille qui continuent à affirmer
leur droit à faire le plein d'armes dans les drugstores.
Aucun n'essaye de prendre le moindre recul scientifique devant
cette nouvelle affirmation de la volonté des WASP (anglo-saxons
blancs et protestants) à dicter leurs comportements
au monde entier, malgré les failles de plus en plus
évidentes qu'ils révèlent.
Que l'on
nous permette de voir dans cet attentat une nouvelle manifestation
de ce que nous avons nommé des systèmes anthropotechniques.
Dans certains de ces systèmes, la prolifération
des technologies de destruction s'appuie sur les aspects les
plus conservateurs des sociétés d'humains avec
lesquelles ces technologies sont mariées. Il s'agit
d'une symbiose de plus en plus difficile à combattre.
Les théoriciens des neurones-miroirs ont ainsi montré
que le cortex moteur d'un sujet voyant une personne utiliser
des armes à feu reproduit, avant tout passage à
l'acte, l'activation des aires corticales impliquées
dans l'accomplissement de l'acte lui-même. On ne devrait
donc pas s'étonner que des enfants imitent leurs parents
ou leurs voisins avec cet acte hautement civilisateur consistant
à mitrailler une école.
Mais le
système américain est devenu si imbu de lui-même
qu'il ne fera, à cette occasion comme dans bien d'autres
(nous pensons à l'abus qui se prépare des drones
militarisés autonomes, grands tueurs d'enfants "innocents"),
le moindre effort autocritique. Nous n'avons plus, dominés
que nous sommes, qu'à répéter en boucle
les affirmations des dominants, sans leur opposer nos valeurs
et nos efforts de solution. Nous les suivons de près,
quant on constate le succès que rencontrent chez nous
auprès des enfants des jeux électroniques ultra-violents
importés des Etats-Unis.
Méthode
révolutionnaire pour la production de composants électroniques
Jean-Paul Baquiast - 05/12/2012

Voir l'article dans Nature pour explications
L'Europe dispose, sans que les dirigeants politiques en soient
conscients, d'un potentiel considérable d'idées
exploitables pour produire les nouvelles valeurs dont elle
a besoin face à ses compétiteurs. Ces idées
sont en germe dans les travaux de ses chercheurs, au sein
des laboratoires des universités et de certaines entreprises.
Encore faudrait-il que des dispositifs d'intérêt
général soient mis en place pour les sélectionner
puis les valoriser.
La chose est possible, comme le montre l'exemple d'une méthode
présentée comme révolutionnaire pour
fabriquer des composants électroniques « des
milliers de fois » plus facilement et donc plus
économiquement qu'à présent. Il s'agit
en l'espèce d'une nanotechnologie qui sera certainement
valorisée par un Consortium, le Nanometer Structure
Consortium http://www.nano.lth.se/
et par d'autres universités et industriels ayant (ou
non) acquis les brevets.
Il est évident que si en France existait une volonté
d'encourager de telles initiatives au plan industriel, comme
l'avait fait jadis le Plan Calcul, les retombées de
telles inventions pour l'Europe seraient considérables
Reférences:
Magnus Heurlin et al., Continuous gas-phase synthesis
of nanowires with tunable properties, Nature, 2012, DOI: 10.1038/nature11652
http://www.nature.com/nature/journal/vaop/ncurrent/full/nature11652.html
Sabre,
une nouvelle génération de propulsion aérospatiale
Jean-Paul Baquiast et Christophe Jacquemin - 03/12/2012

Un propulseur
combinant les techniques de la turbine à réaction
et de la fusée : voici ce que vient d'annoncer la
firme britannique Reaction
Engines Ltd, présenté comme la plus grande
révolution survenue à ce jour dans l'histoire
des moteurs à réaction.
Cette innovation vise des croisières à Mach
5 rendant possible un aller et retour aux antipodes en moins
de 4 heures, ainsi que l'accès et le retour aux orbites
basses.
Le système repose sur un dispositif permettant de
refroidir l'air entrant, chauffé à 1000°
C par la vitesse, à la température de moins
150° C en moins d'1/000e de seconde, ceci sans produire
de glace qui bloquerait l'injection. Ces techniques de refroidissement
en amont utilisent des échangeurs en métal
ultraléger dont la firme garde le secret. Différents
prototypes ond déjà permis à Reaction
Engines de tester le dispositif.
L'Esa, sur demande de l'UK Space Agency, a fourni une évaluation
positive de l'ensemble du système. Il sera intéressant,
au regard d'autres projets de supersoniques, de connaître
le bilan énergétique global du moteur, ainsi
que sa contribution à la création de CO2.
On peut se demander quel avenir sera réservé
aux appareils utilisant cette technologie: applications
militaires ou civiles. Restera-t-elle protégée
longtemps des imitations qui ne manqueront pas de se produire
? Plus généralement s'agira-t-il d'un apport
s'inscrivant dans un savoir-faire européen ou sera-t-il
réutilisé et valorisé par des puissances
spatiales non-européennes.
En tous cas, l'invention, si elle confirme son succès,
rappellera à tous ceux ayant trop tôt enterré
le savoir-faire britannique, tant scientifique qu'industriel,
qu'il faut encore compter avec lui. La compagnie développe
de nombreuses autres innovations mentionnées sur
son site.