Sciences,
Technologies et politique
Militarisation des sociétés
développées face aux révoltes populaires
Jean-Paul Baquiast 17/10/2012

Dans
un article très pessimiste, l'économiste russe
Valentin Katasonov (http://www.strategic-culture.org/news/2012/10/15/lagarde-tokyo-slip-tongue-carefully-planned-announcement.html
) envisage des risques de guerres très étendues,
sinon une guerre mondiale. Ces guerres seraient directement
ou indirectement provoquées par les intérêts
financiers internationaux soutenus par les pouvoirs gouvernementaux.
Ce serait
pour eux une réponse à la crise mondiale diminuant
les possibilités de profit, ainsi qu'aux révoltes
populaires contre les politiques de rigueur. On retrouve là,
bien que Katasonov ne se réfère pas au marxisme,
une vieille thèse marxiste léniniste selon laquelle
le capitalisme porte la guerre en son sein comme la nuée
porte l'orage.
L'hypothèse
proposée par l'auteur de l'article repose sur de nombreux
indices convergents: une « conspiration » au moins
implicite des intérêts financiers pour faire
privatiser ou markétiser, à fin de profits spéculatifs
renouvelés, tout ce qui relevait jusqu'ici des services
publics et de la gestion des biens communs le refus
croissant des populations les plus pauvres d'accepter la misère
résultant de cette markétisation la tendance
des gouvernements les plus conservateurs à militariser
les activités de police et de sécurité
pour lutter contre les révoltes populaires résultant
de ce refus.
Ce dernier
risque est illustré par le renforcement des forces
armées helvétiques dans le but de lutter contre
une invasion du territoire de la confédération
par des foules de chômeurs et de désespérés
(image). On lira sur ce sujet, parmi de nombreux autres, un
article de Russia Today (
http://rt.com/news/switzerland-prepares-europe-unrest-263/print/).
Bien d'autres pays encore relativement prospères pourraient
faire de même, au moins en vue de lutter contre des
émigrations de la misère provenant du tiers
monde. Il est clair que des activistes, notamment islamistes,
pourront profiter de ce réarmement pour provoquer une
suite de désordres et de répressions dont ils
profiteraient pour étendre leur emprise dans le monde
occidental.
La meilleure
façon de lutter contre les révoltes populaires
serait, pour les démocraties, de refuser la destruction
progressive des services publics et des administrations sociales
sous la pression des intérêts financiers. Mais
les gouvernements démocratiques le feront-ils, s'ils
sont soumis comme tout le laisse penser aux diktats de la
banque, de la finance et des médias sous contrôle?
Beaucoup pensent à cet égard que le futur président
des Etats-Unis, qu'il soit Romney ou Obama, restera soumis
à Wall Street et aux divers lobbies politico-industriels.
En Europe, la social-démocratie, notamment en France
où elle est en principe au pouvoir, sera-t-elle capable
de revenir sur les concessions permanentes imposées
par nos propres lobbies? L'opinion désormais semble
en douter.
Dans ce
cas, de plus en plus de résistances se feront jour,
encouragées par les mots d'ordre et exemples circulant
notamment sur le web. Certaines resteront sans doute anecdotiques,
comme le sympathique mouvements des « femen ».
D'autres seront localisées à des bassins de
chômage particulièrement exposés. Mais
à tout moment, dans un climat très instables,
des manifestations de plus grande ampleur pourront voir le
jour. On le craint dans les pays européens méditerranéens,
mais la France pourrait ne pas en être exempte. Tout
laisse penser que les pouvoirs européens actuels ne
laisseront pas ces mouvements s'étendre. Les révoltes
seront écrasées dans l'oeuf...et sans doute
aussi dans le sang. Les forces de gauche devraient se préparer
à de tels évènements.
Il ne
s'agirait pas alors d'une guerre mondiale, éventuellement
nucléaire, comme semble la craindre Valentin Katasonov.
Les détenteurs de l'arme atomique semblent assez conscients
pour comprendre qu'en ce cas, toutes les civilisations disparaîtraient.
Mais des répressions plus localisées pourraient,
dans les sociétés développées,
avoir à terme le même effet destructeur