Technologies
et politique.
Internet
fera-t-il courir des risques physiques majeurs ?
Jean-Paul Baquias et Christophe Jacquemin - 19/09/2011
On
ne sait pas ce qu'il en sera au sein des démocraties
européennes, dans la perspective fort possible
où les intérêts criminels de toutes
sortes les auront corrompues. Mais c'est déjà
le cas au Mexique, devenu l'un des Etats les plus dangereux
du monde pour la libre expression démocratique.
Beaucoup de journalistes luttant tant bien que
mal contre les gangs et leurs complices dans
les administrations l'ont déjà payé
de leur vie. Mais maintenant c'est le cas de ceux qui
utilisent Internet pour mobiliser l'opinion publique
contre les gangs.
Le site américain
Danger Room signale l'exécution après
des tortures sauvages de deux personnes qui travaillaient
pour un site engagé dans la dénonciation
des violences des cartels, et pour cette raison ciblés
par des liquidateurs qui ne prennent même pas
la peine de se cacher.
Notre confrère et ami Philippe Grasset écrit
à ce sujet sur son propre site De
Defensa (nous résumons):
"De nombreux journalistes "papier" ont
été menacés, kidnappés,
exécutés, de nombreux journaux ont dû
cesser toute activité du fait des cartels dont
ils dénonçaient l'activité. Lexécution
des deux victimes appartenant à un site militant
dans la lutte contre les trafics est donc révélatrice.
Les cartels jugent que lactivité dInternet
(les réseaux sociaux) est devenue
suffisamment nuisible à leurs activités
pour que les sites impliqués méritent
d'être considérés comme un ennemi
dune force au moins équivalente à
la presse conventionnelle, et peut-être dune
force supérieure. Il sagit bien de la confirmation
du statut dInternet, de la façon la plus
cruelle et la plus barbare. C'est une des marques paradoxales
mais néanmoins complètement révélatrices
de cette époque qui se voudrait la plus civilisée
et la plus avancée".
Ajoutons pour notre part que les technologies d'aujourd'hui
permettent sans trop de difficultés de connaître
ceux qui fréquentent un site et pas seulement
ceux qui s'y expriment. Dans les pays autoritaires,
les gouvernements et leurs agences ne se privent pas
de recourir à ce traçage, quand il s'agit
d'identifier dans l'oeuf les contestations internes.
Dans des pays comme le Mexique où les gangs ont
accès aux administrations et aux services de
télécommunications, il est probable qu'ils
le font déjà largement. C'est ainsi que
des sociétés toutes entières verseront
dans une nouvelle forme de barbarie.
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