Henri
Boulouet est lun des membres
fondateurs de lassociation
adMCR (Association pour le Développement
de la Méthode de Conceptualisation
Relativisée) présidée
par Mme Mioara Mugur-Schächter.
Il prépare une thèse
sur lapplication de MCR
à la construction dartefacts.
Il est actuellement ingénieur
en modélisation au sein
de la direction électricité
électronique du groupe
PSA (Peugeot Citroën Automobiles).
|
JPB pour Jean-Paul Baquiast (AI)
Henri
Boulouet, vous êtes un des membres
actifs de l'Association pour la promotion
de la Méthode de conceptualisation
relativisée (MCR) de Mme Mioara
Mugur-Schächter. Nous avons nous
mêmes dans cette revue mis en
valeur cette approche tout à
fait originale de l'épistémologie
scientifique. Pouvez vous nous préciser
comment vous avez vous-même
découvert cette méthode
et l'intérêt que vous
y avez trouvé.
HB
pour Henri Boulouet. Une longue
évolution personnelle a préparé
cette rencontre. Impliqué dans
lingénierie système
depuis 1994, jai été
demblée choqué
par la prolifération de concepts
aux acceptions multiples, formellement
non définis: système,
fonction, complexité, module
.
Les modes de pensée classiques,
dans lesquels on ne peut parler concrètement
quune fois la solution conçue,
mont paru peu opératoires
face au besoin de maîtriser
linnovation. Linnovation
procède par tâtonnements,
va-et-vient entre données concrètes
et abstractions. Comment rendre compte
de lémergence de quelque
chose de nouveau, produit de multiples
regards, reflet de mises en situations
psychologiques et techniques qui sentremêlent?
En fait, les réalisations mont
toujours paru des sortes de miracles
tant me paraissent rudimentaires et
artisanaux les moyens mis en uvre
pour faire converger en une même
réalité ces différents
regards et niveaux de conceptualisation.
Pourtant, le génie humain y
supplée. Certes, cela se fait
au prix de projets non maîtrisés
en termes de coûts et de délais,
mais lhomme est capable daller
sur la lune! Vouloir, pour mieux maîtriser,
imposer un processus méthodologique
rigide, décontextualisé,
mest apparu comme une fiction
rassurante.
Par contre, définir un infra-cadre
structuré où puisse
venir se loger cette richesse humaine,
au fur et à mesure quelle
se constitue, dune façon
telle que les buts que lon se
donne, les fondements que lon
prend pour référence,
les éléments de conception
techniques et les éléments
de validation du réalisé
puissent se construire de façon
consistante ma semblé
dune urgente nécessité.
Si lon veut se positionner pragmatiquement
à un niveau tout à fait
général, limportant
est de mettre en évidence les
dépendances, les interférences
et les points à arbitrer. A
partir de là, on peut toujours
sorganiser en fonction dun
contexte spécifique.
Jai alors cherché un
domaine qui puisse se trouver dans
un tel dénuement conceptuel
face à une démarche
fondamentalement constructive. Le
cas de la physique quantique ma
interpellé : tout comme en
ingénierie système,
il ma paru que lon ne
conçoit pas ce dont on parle.
On baptise des constructions conceptuelles
réalisées à partir
de corrélations de faits élémentaires
stables, telles quon les capture
au travers dappareils de mesure,
qui fabriquent littéralement
leur objet détude pour
le qualifier à une échelle
de temps et despace inimaginable.
Même si deux mesures sont incompatibles,
on pose quelle porte sur un
même support qui nexiste
que comme produit dun processus
opératoire canonique. A partir
de là, on prévoit et
cela marche ! Décrit-on
un existant ou construit-on des artefacts
dans le but délaborer
des modèles prévisionnels
efficaces?
En ingénierie, on parle de
« systèmes »,
sans être capable de donner
à ce terme une définition
formelle générale. Les
frontières semblent mouvantes
et rebelles à tout cantonnement
tant sy superposent des points
de vue différents. Mais on
pose et on fait des systèmes
en fonction de différents enjeux.
J'ai alors rencontré en 1998,
à Bordeaux, un ouvrage de M.
Bitbol « Mécanique
Quantique, une introduction philosophique »
qui portait lempreinte des travaux
réalisés dans le cadre
du Cesef (Centre dEtudes pour
une Epistémologie Formelle),
présidé par Mme
Miora Mugur-Schächter.
Les premiers succès opérationnels
obtenus dans le domaine de la gestion
de connaissance, de la documentation
technique électronique (concurrent
engineering) sur le fondement
dune relativisation systématique
des informations mont confirmé
dans cette voie. Mais il a fallu deux
miracles supplémentaires pour
que je passe dune approche par
analogie à une approche formelle
de lingénierie système.
Le premier miracle est survenu quand
M. J-Claude Ligeron, PdG de la société
du même nom au sein de laquelle
javais été employé,
ma mis dans les mains fin 2006,
un an avant son décès, « Le
Tissage des connaissances »
de Miora Mugur-Schächter. Il
lavait lu la nuit et y voyait
une piste féconde pour fédérer
le chaos méthodologique qui
règne en matière dingénierie
système. En feuilletant louvrage,
jai su immédiatement
que javais là les fondements
que je recherchais. Le deuxième
miracle a eu lieu fin 2007, quand
jai pris la liberté décrire
à Mme Schächter pour linformer
de la fécondité de sa
méthode appliquée à
la conception de systèmes mécatroniques.
Et elle a répondu
.
JPB.
Vous en avez fait, sauf erreur, un
sujet de thèse?
HB. Oui, en me focalisant sur
le processus de construction dartefact
à partir de faits constatés
ou voulus, dispersés dans le
temps et dans lespace. Une démarche
donc applicable tant à la maîtrise
dune situation dite complexe
quà lanticipation,
innovation ou prévision. Jai
baptisé ISR « Ingénierie
Système Relativisée »
ce développement de MCR.
Je navais pas initialement didée
de me lancer dans une telle aventure.
Mais appliquer MCR à la construction
dartefact est fortement déroutant
de prime abord. Proposer de fonder
effectivement une solution dingénierie
système industrielle sur une
épistémologie formelle
issue de la mécanique quantique
a de quoi déconcerter et faire
peur. Jen ai fait lexpérience !
Jai obtenu il y a trois ans
un financement public pour prouver
un des apports qualitatifs et financiers
de la méthode : la génération
automatique de vecteurs de tests,
de différents points de vue,
à partir de spécifications
formelles. Le projet a été
refusé par mon employeur actuel
à ma très grande surprise
.
Et je nai toujours pas dexplications.
Afin de dépasser les résistances
psychologiques du management, il ma
dès alors paru incontournable
dexposer publiquement, et avec
toutes les garanties scientifiques
nécessaires, le cur de
la construction réalisée
sur le fondement de MCR pour favoriser
la diffusion de la méthode
et démontrer à quel
point elle constitue un infra-cadre
pragmatique. Cette thèse est
conduite sous la co-direction de Mme
Mioara Mugur Schächter et de
Mme Sylvie Leleu-Merviel.
Lexercice nest pas aisé.
MCR est une construction rigoureuse
dont la maîtrise demande une
forte implication. MCR interpelle
au plus profond, bouleverse les pseudo-évidences
que lon croyait acquises, désigne
la frontière au-delà
de laquelle aucune connaissance nest
possible. Or la méthode reste
à ce jour méconnue,
même si elle suscite un intérêt
croissant. Exposer les développements
formels réalisés sur
des fondements quasiment inconnus
expose au risque de non communicabilité.
Pourtant, pour permettre dagir
et non pas seulement de parler, il
est nécessaire de développer
formellement.
Pour contourner la difficulté,
il me semble préférable
daborder ISR sous langle
de son insertion dans la systémique.
En synthétisant lapport
de MCR et en montrant comment les
concepts du modèle canonique
sont revisités (système,
complexité qui ici se calcule,
), on permet de saventurer
plus avant, si on le souhaite, dans
la construction formelle réalisée,
sans faire de sa connaissance un préalable.
Il est alors possible de mettre en
avant le prototype datelier
ISR développé qui démontre
la faisabilité humaine et technique :
cela rassure. Car appliquer une méthode
ne requiert heureusement pas de maîtriser
ses fondements scientifiques !
Ce qui importe, cest ladéquation
du cadre proposé aux modes
de pensée des métiers.
Une
thèse ne permet pas dexposer
lensemble des travaux réalisés,
par exemple en matière de dangers
et détude de sûreté
de fonctionnement. Cela est un peu
frustrant. Mais ces développements
théoriques et appliqués
nauraient pas été
possibles sans une équipe de
personnes convaincues qui se sont
volontairement impliqués dans
laventure et ont maintenant
rejoint, pour la plupart, lassociation
adMCR (Association pour le Développement
de la Méthode de Conceptualisation
Relativisée) présidée
par Mme Mioara-Mugur-Schächter.
Je souhaiterais citer M. Vincent Brindejonc,
physicien théoricien, expert
en sûreté de fonctionnement
qui sest joint à mon
initiative dès 2002, puis M.
Fabrice Fleuchey, ingénieur
électronicien, passionné
de neuroscience en 2005. En 2006 M
Eric Campo, ingénieur en informatique
industrielle et système électronique,
M Guanrui Hou, ingénieur en
informatique industrielle, qui se
sont investis dans les développements
informatiques, la même année
M. Bruno Massy de la Chesneraye, ingénieur,
interpellé par la définition
du concept dexigence, et, enfin,
en 2008, Mme Nathalie Gollentz, ingénieur
qui sest beaucoup impliquée
dans la construction de modèles
dusage, la formation et la mise
en uvre de latelier de
développement. Toutes ses personnes
se sont investies de façon
désintéressée,
par conviction, et au détriment
se leur évolution professionnelle,
car ISR nest pas reconnu. Je
tiens à leur exprimer toute
ma gratitude et ma confiance en lavenir.
JPB.
Vous pensez, comme nous d'ailleurs
ici, que MCR peut être appliquée
dans un nombre considérable
de domaines scientifiques et technologies,
autrement dit ne doit pas être
limitée à la physique
quantique. Pourriez-vous préciser
certains de ces domaines?
HB.
Cest en effet une conviction
très forte. De façon
tout à fait fondamentale, MCR
fournit un cadre méthodologique
rigoureux à la construction
de toute connaissance intersubjective,
et, ce faisant définit aussi
la structure daccueil de tout
processus innovant doù
émerge une nouvelle réalité.
Et ce cadre ne se substitue pas à
des techniques existantes : MCR
définit les règles de
construction des structures daccueil
conceptuelles, adaptées à
chaque projet, dans laquelle toute
description ou tout but, fussent-ils
embryonnaires, peuvent venir se loger.
MCR élimine les faux problèmes,
la superposition anarchique des points
de vue et met en évidence les
points de décision irréductibles
à un mécanisme déductif.
Le
domaine dapplication de MCR
est donc quasiment illimité.
La physique quantique nintervient
que de façon historique, comme
un élément générateur
de la méthode, car elle met
lesprit humain dans des conditions
extrêmes, aux limites de lentendement.
Mais les leçons tout à
fait générales quen
tire MCR ne sont en rien propres à
ce domaine et aucun élément
nen est cité dans lépistémologie
formalisée qui en découle.
MCR se situe à un niveau infra.
Son application à la physique
quantique constitue aussi une application
particulière de la méthode,
au même titre que son application
à tout autre domaine, tel que
linnovation en matière
industrielle, létude
et la conception des organisations,
les études de risques environnementaux,
la définition et lévaluation
de cadres réglementaires, en
matière économique par
exemple, etc.
Pour chaque domaine, à partir
du moment où l'on peut définir
les faits élémentaires
intersubjectifs sur le fondement desquels
il est possible de conceptualiser,
de décrire ou dimaginer
(concept de descriptions transférées
ou de base), MCR est applicable.
JPB.
Prenons l'exemple d'une entreprise
industrielle? En quoi pourrait-elle
tirer bénéfice de l'utilisation
de MCR?
HB. Pour rationaliser leur
processus de développement,
les industriels sappuient sur
des propositions méthodologiques
qui agrègent anarchiquement
des concepts mal ou non définis,
tel typiquement le concept dexigence,
le concept de système, le concept
de module,.... Les propositions discutables
construites sur ces bases mouvantes
proposent généralement
un processus hiérarchisé
qui va du plus abstrait -typiquement
la « fonction »
qui flotte dans lespace- au
plus concret. Ces propositions mélangent
généralement le concept
de besoin et dusage (qui peuvent
être très concret) et
le concept dabstraction (un
besoin, un usage sont réputés
« abstrait »).
Elles assimilent le concret à
ce qui peut être mesuré
par un appareil de mesure sur un équipement.
Cette
vision réductrice va de pair
avec une approche ontologique qui
aboutit à superposer anarchiquement
sur les équipements les différents
points de vue à lorigine
de leur genèse. Il devient
très difficile de les reconstituer
à posteriori. Le mélange
de concepts hétéroclites,
la rigidité des processus proposés
et leur déphasage avec la réalité
du travail, labsence de maîtrise
des différents niveaux de conceptualisation,
le mélange anarchique des points
de vue se traduisent par des systèmes
dinformation coûteux à
faible valeur ajoutée. Cette
inconsistance rend très difficile
la capitalisation des connaissances
et leur exploitation dans le cadre
de processus de développement
dont la réalité nest
pas en phase avec la vision que lon
en donne, que soit en termes de structure
de linformation ou de logique
de déroulement.
Face
à cela, au-delà dune
conviction, lapport de MCR en
ce domaine est déjà
un constat. Les applications que notre
petite équipe a pu faire, sur
des sujets complexes, dans le domaine
de lingénierie des systèmes
mécatroniques automobiles,
en allant des modèles dusage
pressentis jusquà létude
de faisabilité de pilotage
des bancs de test du réalisé,
en passant par la gestion de configuration,
ont montré tout lapport
de la méthode en terme de maîtrise
des projets, de prise en compte des
points de vue relatifs, de souplesse
dans le déroulement, délimination
des confusion et de mise en évidence
des périmètres de responsabilité.
Forcement, cela se traduit en termes
de coûts, de délais,
de souplesse dadaptation et
de réutilisation.
Cest,
je le pense, dans le lien formel construit
entre spécification, conception
et tests que lapport de MCR
est sinon le plus important, du moins
le plus facilement quantitativement
démontrable dans lindustrie.
Car autant prouver linfluence
sur les coûts de développement,
les économies réalisées
en garantie, la satisfaction des utilisateurs,
des clients, demande du temps, autant
léconomie immédiate
réalisée dans lélaboration
et la pertinence du processus dintégration
et la réalisation des procédures
de tests est immédiatement
constatable. Les apports qualitatifs
nont traditionnellement pas
la même puissance démonstratrice
du point de vue dun manager.
On revient là au principe MCR
de descriptions transférées :
il faut se mettre daccord sur
les faits élémentaires
intersubjectifs à partir desquels
on raisonne.
Cest
pour cette raison que javais
proposé un projet de recherche
en ce sens en allant jusquau
test de faisabilité. Mais,
comme je viens de lévoquer,
bien que ce projet ait été
financé dans le cadre dun
projet FUI, il fut rejeté par
mon employeur actuel. Car il ne faut
pas se leurrer, ladoption dune
méthode telle quMCR remet
profondément en cause les organisations,
les lieux de pouvoir, les modes de
pensée jugés les plus
pérennes et donc aussi les
personnes. A posteriori, je ne suis
pas étonné par les réticences
rencontrées, surtout quand
les résultats pressentis sont
prometteurs. Que faire en effet en
cas de succès officiellement
démontré ? Si les
utilisateurs de terrain sont très
réceptifs, il faut une volonté
politique forte au plus haut niveau.
Cela ne se décrète pas
ni ne se réduit aux buts officiellement
affichés : ces buts ne
reflètent quimparfaitement
les ressorts des mécanismes
décisionnels.
Parmi
les perspectives ouvertes, je voudrais
citer en particulier le concept de
loi de probabilité factuelle,
radicalement nouveau, qui est très
prometteur. Chose nouvelle, une loi
de probabilité se construit
à partir dun modèle
et ceci doit permettre dévaluer
le degré de confiance que lon
peut accorder à un modèle
relativisé dune certaine
réalité que lon
se donne face aux faits que lon
constate. Cette
avancée majeure est potentiellement
applicable bien au delà du
domaine du test industriel, quil
sagisse de valider une hypothèse
ou de superviser lévolution
dun certain champ de réalité
selon différents points de
vue.
En 2004, javais pensé
appliquer ce principe à la
supervision avec « apprentissage »
dinstallations distantes, quil
sagisse dune centrale
thermique automatisée, du groupe
motopropulseur dun pétrolier
en mer ou dun barrage hydroélectrique.
Malheureusement ce projet soumis dans
le cadre dun appel doffre
européen, dans le cadre de
la société Ligeron,
en coopération avec la société
Technilog, sur le fondement de leur
outil Remote Data Sentinel
(RDS) na pas été
retenu.
JPB. Au delà de l'industrie,
l'approche MCR reste, pour diverses
raisons, peu connue voire refusée
par la communauté scientifique.
Pouvez vous préciser pourquoi
selon vous?
HB. Je suis très mal placé
pour évoquer la communauté
scientifique que je ne connais pas.
Mais je ne vois pas à priori
de raison, pour que les mêmes
causes que jai pu constater
dans le domaine industriel ne produisent
pas les mêmes effets.
Tout dabord, la maîtrise
de MCR, pour ceux qui veulent en développer
les applications -à distinguer
de ceux qui utilisent ces applications-
demande un très fort investissement
personnel qui conduit aux limites
de la métaphysique. Il faut
être motivé, patient
et obstiné !
Ensuite, MCR induit une remise en
cause fondamentale de ce que lon
croyait acquis, restructure la façon
de penser avec des conséquences
organisationnelles et humaines. Certes
les scientifiques sont normalement
plus enclins à se remettre
en cause que les industriels, mais
cela ne signifie pas quils soient
prêts à réévaluer
des paradigmes éprouvés
qui se sont révélés
fructueux et autour desquels ils ont
bâti leur carrière.
Il faut donc un véritable intérêt
et une vraie motivation. Cela est
sans doute plus facile à susciter
dans des situations de blocage ou
de stagnation avérées,
typiquement dans les études
interdisciplinaires, quand la conjonction
de différents paradigmes aboutit
à des constructions logiquement
inconsistantes
. Mais les domaines
scientifiques sont très spécialisés :
jen ai pris conscience lorsque
nous avons recherché une discipline
dans laquelle loger ma thèse
.
JPB:
Beaucoup de nos lecteurs ne veulent
pas faire l'effort d'entrer dans le
vocabulaire très spécial
de Mme Schächter. Que faire selon
vous pour dépasser cet obstacle?
HB.
Tout dépend de la finalité
poursuivie. Si on souhaite maîtriser
pour appliquer, alors il nest
pas possible de faire abstraction
de ce formalisme. Je nai pas
trouvé moi-même déchappatoire
tout en étant parfaitement
conscient des difficultés que
cela suscite.
Ce formalisme est lexpression
dune construction formelle,
quasiment mathématique bien
quexprimée dans le cadre
de la logique classique. Cet aspect
est encore renforcé quand il
sagit de développer des
applications outillées de MCR.
Bien sûr, pour favoriser une
diffusion large, sensibiliser les
décideurs, sans aucun doute
est-il nécessaire de vulgariser
pour susciter une première
adhésion. La démonstration
de lapport effectif doit provoquer,
dans un second temps, le passage à
laction. Cela est tout un art
et reste à faire quoique « linfra
mécanique quantique »
permette daborder de façon
moins abrupte ce qui est en cause.
Nous sommes à la fin dune
première phase de construction
tout à fait fondamentale qui
va se conclure par le travail réalisé
en matière de probabilité.
Cette phase amorce le processus de
développements scientifiques
et pragmatiques fondés sur
MCR. Notre préoccupation reste
encore de rendre robuste, irréprochable
cette construction, et déprouver
ses applications pragmatiques face
aux premiers buts que nous nous donnons,
par exemple au travers dISR.
Les personnes activement impliquées
dans cette construction sont en très
petit nombre même si les sympathisants
actifs sont plus nombreux : toutes
les actions nécessaires ne
peuvent être conduites simultanément.
Létat davancement
des travaux va prochainement rendre
possible de libérer du temps
pour organiser des séances
de sensibilisation au sein de lassociation
adMCR et conduire un travail éditorial
qui permette une meilleure diffusion
en des termes moins déconcertants
et mieux illustrés.
JPB: Précisemment, comment
voyez vous le rôle de l'association
mise en place pour mieux faire connaître
MCR?
HB.
Lassociation adMCR est linstrument
de développement et de diffusion
de la méthode. Elle est la
structure de travail scientifique,
même si les membres actifs en
ce domaine sont peu nombreux. Elle
est le lieu de rencontre des personnes
de tous horizons qui pressentent ou
sont déjà convaincus
par lintérêt de
la méthode et désirent
accéder à sa maîtrise.
De là peuvent naître
des projets, des collaborations interdisciplinaires.
Elle est linterlocuteur des
personnes ou organismes qui souhaiteraient
sappuyer sur MCR pour développer
des applications opérationnelles
répondant à leurs besoins.
Elle a vocation à être
une structure dinitiation, de
formation, de diffusion au travers
notamment du travail éditorial
mais aussi de la création dun
site dédié en préparation.
Elle a vocation à sadosser
au monde académique, en organisant
par exemple des formations dans les
universités pour former de
nouvelles compétences, à
gérer cette interface porteuse
davenir entre industrie et recherche.
Ce ne sont pas les projets qui manquent,
mais tout cela repose exclusivement
sur le bénévolat des
personnes impliquées. Il faut
donc laisser du temps au temps et
faire en sorte de transformer les
intérêts suscités
en soutiens actifs, notamment sur
le plan financier, de façon
à dégager un minimum
de ressources, ne serait-ce que pour
traduire les ouvrages déjà
publiés !