Sciences,
technologies et politique
Les matières premières critiques
Jean-Paul Baquiast- 20/06//2011
On
peut aussi les appeler du nom devenu courant de Terres
rares, encore que ce terme désigne le minerai
au sein duquel on trouve ces matériaux dans la
nature. L'attention a été attirée
récemment sur leur importance dans toutes les
industries modernes, notamment dans celles destinées
à produire des énergies renouvelables.
Les
menaces d'embargo qu'avait fait planer la Chine sur
l'exportation de certaines d'entre elles avaient semé
l'inquiétude. L'industrie occidentale avait découvert
sa dépendance à l'égard de productions
sur lesquelles la Chine exerce un quasi monopole de
fait. Elle dispose en effet de 50% des réserves
mondiales reconnues, mais, par une politique industrielle
judicieuse, elle produit environ 90% des ressources
globalement consommées.
Les
autres pays industriels ont donc décidé
de réagir. Les premiers concernés sont
les Etats-Unis. Le Département de l'énergie
a publié fin 2010 un premier rapport proposant
des politiques de sauvegarde, sous le titre de Critical
Materials Strategy. Ce rapport sera mis à jour
fin 2011. Voir pour accès au rapport http://blog.energy.gov/blog/2010/12/15/department-energy-releases-new-critical-materials-strategy
Les
autres pays détenteurs de réserves sont
aussi alertés, afin de mieux exploiter celles-ci.
Il s'agit en premier lieu de la Russie, mais aussi de
l'Australie et de divers pays disposant de zones désertiques
non encore convenablement explorés, en Afrique
et en Asie notamment. L'Europe est grande utilisatrice
de terres rares, mais ne disposant pas de réserves
en propre elle est obligée de les importer, ce
qui accroît sa dépendance dans un certain
nombre de secteurs stratégiques, l'aéronautique,
l'espace, l'électricité, le nucléaire.
Les
scientifiques considèrent généralement
que la solution consistant à remplacer les terres
rares existantes par des produits de synthèse
à inventer n'est pas à exclure mais sera
généralement trop longue et coûteuse
pour devenir crédible. Les pays sans ressources
abondantes sont donc confrontés à deux
perspectives: récupérer les matières
premières critiques dans les déchets industriels
ou les résidus miniers, ce qui n'a jamais encore
été entrepris sérieusement, ou
multiplier les recherches dans de nouvelles couches
géologiques non encore sérieusement prospectées
à ce jour. On devra aussi dans certains cas apprendre
à se passer de certains éléments,
en concevant tout autrement les solutions technologiques
dans lesquelles ils s'intègrent.
On
voit que de toutes façons il devra s'agir pour
les industries européennes d'une priorité,
vu qu'il serait irréaliste de compter sur les
importations, notamment dans la perspective d'un renforcement
des politiques de protectionnisme compétitif.
Les
principaux éléments rares sont le Neodymium,
l'Erbium, le Tellurium, l'Hafnium, le Tantalum, le Technetium,
l'Indium, le Dysprosium, le Lanthanum, le Cerium, l'Europium,
le Terbium et l' Ytrium. On trouve sur le web toutes
indications utiles concernant leurs caractéristiques
et leurs usages. Le rapport du DOE précité
est plus explicite. On pourra se référer
aussi à un article du NewScientist en date du
18 juin 2011, p. 37.
PS
au 08/07/2011. Voir aussi notre
article sur les ressources océaniques