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Sciences,
technologies et politique
Nouveaux matériels militaires
robotisés
Jean-Paul Baquiast - 02/12/2010
Comme
ce fut toujours le cas, seule la mise au point de nouvelles
armes fait vraiment avancer les technologies. Nous en avons
un nouvel exemple avec les annonces récentes de l'US
Army.
Le
XM25
Il
s'agit d'abord d'un lanceur de grenade «intelligent».
L'objet réinvente le fameux fusil à tirer dans
les coins, rêve de tous les combattants confrontés
à des ennemis qui se cachent derrière des murs
ou dans des fossés pour tirer sur eux sans risques. Il
a été baptisé XM25 Counter Defilade
Target Engagement System, ou Système capable d'atteindre
une cible cachée.
Des
années de recherche/développement auraient été
nécessaires pour aboutir au produit final, d'un coût
individuel de 25 à 30.000 dollars. L'armée compte
en commander au moins 12.000 en 2011 afin d'équiper les
forces d'infanterie et les forces spéciales engagées
en Afghanistan. Selon les experts, cette nouvelle arme "devrait
changer sensiblement le rapport des forces dans la lutte de
proximité contre les Talibans". Ceux-ci y ont
généralement l'avantage vu leur bonne connaissance
du terrain.
Le
militaire au prise dans un combat de rue ou sur un terrain accidenté
avec un adversaire qui se dissimule derrière un mur,
dans un fossé ou à l'intérieur d'un bâtiment
ouvert, n'aura que quatre opérations à faire si
la cible se trouve à moins de 700 mètres : ajuster
au dessus de l'endroit où se cache l'adversaire un viseur
à laser doté de différents capteurs sophistiqués,
recueillir les données de tirs rassemblées par
le système, introduire ces données dans la micro-puce
incluse dans la grenade du lance-grenade et faire feu.
La
grenade explosera exactement au dessus ou à côté
de la cible de façon à l'atteindre par des éclats
meurtriers. L'opération ainsi décrite semble complexe,
mais les automatismes sont tels qu'un soldat de seconde classe
peut s'en acquitter après un court entraînement.
Les dégâts collatéraux (touchant des civils)
seraient ainsi considérablement diminués. Sans
ce dispositif en effet, les militaires visés font généralement
usage en riposte à des armes beaucoup plus lourdes et
imprécises.
Inutile
de préciser que l'arme, que l'on prévoit d'utiliser
aujourd'hui en Afghanistan et au Pakistan, pourra servir dans
d'éventuels combats de rue menés sur le territoire
national lui-même. On sera il est vrai loin alors du Taser.
Les
systèmes de type MAARS ((Modular Advanced Armed Robotic
System)
Dans les combats urbains, en dehors du XM25 que nous venons
de présenter, l'US Army et les compagnies privées
engagées à son côté sont de plus
en plus intéressées par l'emploi de robots capables
de se substituer momentanément ou durablement aux personnels
humains. Mais que l'on n'imagine pas des robots humanoïdes
sur le modèle de RobotCop. Il suffit de faire appel à
de petits engins robotisés: mini-chars d'assaut de la
taille d'une voiture d'enfant ou drones de 1 à 2 mètres
d'envergure.
Les
modèles en cours de développement, du type MAARS,
sont équipés d'un grand nombre de capteurs et
d'effecteurs les rendant aussi autonomes que possible dans des
tâches délicates telles que l'exploration d'un
immeuble miné ou la recherche d'un sniper embusqué.
Ils peuvent aussi servir de sentinelles infatigables pour garder
des enceintes protégées ou des frontières.
Selon les missions, ils peuvent faire appel aux différents
modèles d'armes dont ils sont équipés,
ou servir d'observateurs rapprochés pour guider des tirs
de missiles sol-sol ou air-sol.
Dans
la plupart des cas, ils sont suivis par des techniciens se trouvant
loin de la ligne de tirs, capables de relayer le robot en cas
de problèmes non prévus. Mais ils disposent cependant
d'une large autonomie, afin de pouvoir faire face seuls aux
difficultés.
Pour
tester ces machines, l'US Army a organisé récemment
des «Robotics Rodeo» se déroulant
dans des décors urbains réels. L'une de leur qualité,
très appréciée, est outre la capacité
à détecter le moindre événement
suspect pouvant échapper à un observateur humain
- leur indifférence à la peur. Selon l'expression
d'un des experts, qu'il ne sera pas nécessaire de traduire:
«they do'nt panic under fire». Ce serait
au contraire les insurgés qui paniqueraient lorsqu'ils
se trouveraient confrontés à un engin de la taille
d'une tondeuse à gazon qui leur enverrait sans prévenir
des rafales de tirs mortels
La
firme iRobot fondée par Rodney Brooks est très
engagée dans le développement de telles armes.
Mais le marché est vaste et attire bien d'autres brillants
roboticiens. Pour être "juste", quelques débats
se font jour sur le caractère éthique s'attachant
à l'emploi de robots dans des opérations militaires
ou de maintien de l'ordre.
De
tels débats sont organisés par exemple à
l'initiative du Yale Interdisciplinary Center for Bioethics.
Nous y avons déjà fait allusion. Le robot, ou
même le technicien distant censé dans certains
cas le contrôler, sauront-ils clairement distinguer un
ennemi d'un ami ? Loin d'être diminués, les risques
de dégâts collatéraux aux dépens
des civils pourront en être augmentés. Plus généralement,
l'utilisation de ces armes, ayant pour résultat de minimiser
les pertes humaines, ne va-t-elle pas produire des armées
ou des nations dites «trigger-happy», autrement
dit portées sur la gâchette. Cela pourrait, à
une certaine échelle, non seulement favoriser une course
aux armements de haute technologie, mais même de nouveaux
conflits.
Les
experts en stratégie militaire, les industriels de l'armement
et même certains défenseurs des droits civils plaident
l'argument contraire. Les futurs combattants, étroitement
«mariés» à des systèmes d'intelligence
artificielle selon le modèle de l'anthropotechnique que
nous utilisons dorénavant couramment pour notre part
(voir notre essai "Le
paradoxe du Sapiens") seront infiniment plus prudents,
avertis et respectueux des lois de la guerre que des militaires
livrés à leurs seuls réflexes.
De
toutes façons, disent-ils, la question ne se pose déjà
plus. Ils rappellent qu'en Irak et en Afghanistan, l'utilisation
de drones plus ou moins robotisés (Predator, Reaper,
Raven et Global Hawk ) a permis d'éviter aux militaires
des milliers de sorties qui auraient été meurtrières.
Actuellement, par ailleurs, l'armée emploie plus de 6.000
robots télécommandés pour détruire
divers armes létales telles que les IED (improvised explosive
device) ou mines improvisées.
Ceux
qui voient loin, parmi ces stratèges, font valoir dans
certains échanges privés que ces armes insensibles
aux sentiments seront bien utiles lors des futures guerres civiles
qu'ils prévoient sur le territoire américain lui-même,
opposant par exemple l'Etat fédéral à des
gangs armés d'immigrants, sinon à des Etats ou
des villes sécessionnistes, Alors l'US National Guard
ou l'US Army ne devront pas faire comme le firent certains (rares)
soldats français durant la Commune, refuser de tirer
sur les insurgés.